Ski de rando dans les Carpates de Roumanie (II) : chaine des Fagaras


Publiziert von Bertrand , 3. März 2023 um 15:22.

Region: Welt » Romania » Carpati » Masivul Fagaras
Tour Datum:23 Februar 2023
Ski Schwierigkeit: ZS-
Wegpunkte:
Geo-Tags: RO 
Zeitbedarf: 2 Tage
Aufstieg: 700 m
Abstieg: 1500 m
Strecke:J1 : Epaule du Netedu depuis le parking du téléphérique (but à 1760m), J2 : Curmatura Balei depuis le Lac Balea et retour en vallée

Le ski en Roumanie - présentation générale

Les Carpathes de Roumanie disposent d'un certain nombre de stations de ski mais on peut aussi y pratiquer le ski de randonnée. L'enneigement est souvent abondant (bien plus que dans les Alpes en cet hiver 2023 par exemple !) et le climat continental protège plutôt bien la neige tombée. Les deux massifs les plus intéressants pour la rando à skis sont de types bien différents : 

- le massif de Bucegi ou plus généralement les montagnes autour de la vallée Sinaia - Busteni - Predeal (axe routier et ferroviaire majeur reliant Bucarest à Brashov). Bucarest n'est qu'à 1h30 de voiture ou de train. Le relief est souvent doux, il s'agit d'un vaste plateau avec dômes et combes permettant de skier à l'infini (altitude maxi 2500m) même par nivologie douteuse, par contre l'ampleur est limitée, les descentes dépassent rarement les 500m et les enragés du dénivelé se verront donc forcés de repeauter un certain nombre de fois...On y accède soit depuis Busteni (montagnes à l'est de la vallée, maxi 1900m), soit depuis le haut des remontées de Sinaia ou Busteni (mais on part alors à 2150m, donc il ne reste plus grand chose...), soit enfin depuis le Lac Bolboci (terrain de jeu plus vaste).

- un peu plus à l'ouest, la chaine des Fagaras comprenant le point culminant du pays (Moldoveanu, 2548m, rarement skié...). C'est peu l'autre opposé, il s'agit d'une chaine cristalline effilée au relief résolument alpin. L'accès usuel est celui du Lac Balea (2030), accessible en téléphérique et disposant d'un ou deux refuge-hôtels au confort ***. L'ampleur des ascensions est donc restreint, par contre tout est assez escarpé, même le col le plus évident au dessus du lac comporte des pentes à 30° - et les autres itinéraires sont vite franchement raides...S'il y a de la fraiche et des conditions sures, on peut enchainer les couloirs et faire voler la poudre jusqu'à plus soif - par contre si c'est risque 3 ou plus on risque vite de tourner en rond et d'abuser des apéros de l'auberge. C'est le seul endroit ou on est presque sûr de croiser d'autres randonneurs à ski !

- les autres massifs (au sud de Sibiu ou dans les Maramures) sont de moindre ampleur mais par bon enneigement on peut aussi y trouver quelques jolies balades - très peu d'infos en ligne par contre.

- la rudesse du climat empêche la forêt de monter au delà de 1600/1700m (parfois moins), elle est de surcroit peu dense et se traverse donc souvent pas trop mal à skis en tous cas par bon enneigement.

Bref pour être honnête le pays présente moins d'intérêt pour le ski sauvage que d'autres massifs méditerranéens exotiques comme les Abruzzes, le Pinde grec ou les Balkans (Bulgarie, Montenegro...), mais cela est compensé par le patrimoine architectural et culturel permettant facilement d'occuper les journées de mauvais temps (Sinaia, Brashov, Sibiu...), et par la facilité d'accès avec un excellent réseau routier et une relative proximité de la capitale.


Mercredi 22/02 : Epaule du Netedu, depuis le pied du téléphérique de Balea (+500m, AD-, 8km, 3h)

Topo détaillé ici, trace GPX ici.


Après s'être fait bastonner par le vent la veille dans le massif du Bucegi, on profite des 2 seuls jours de la semaine ou la soufflerie est éteinte pour tenter notre chance dans le massif escarpé des Fagaras. Nous sommes désormais en Transsylvanie, un nom qui fait souvent trembler...mais cet itinéraire, décrit dans un numéro récent de la sympathique revue Skirando Mag, semble idéal pour meubler 1/2 journée avant de monter au Lac Balea en téléphérique. La carte Opentopomap semblait confirmer la skiabilité aisée (2.1 selon la revue) de cette jolie croupe (courbes de niveau larges et espacées).

Ben l'un comme l'autre feraient bien d'aller faire un tour sur le terrain ! Vers 1760m, l'épaule se rétrécit en une arête étroite et raide, on ouvre une tranchée à pied jusqu'aux cuisses en se disant que ce sera mieux plus haut...pour arriver in fine sur un promontoire pointu d'ou il faudrait presque un rappel pour redescendre - sauf à le contourner par des pentes boisées à > 40° des 2 cotés, d'allure vraiment peu accueillante. Bref 1/2 tour alors que la neige molle se skiait facilement dans une jolie forêt clairsemée. On se voyait déjà réussir un 1er sommet en mode relax sans se faire fracasser par les rafales - la frustration n'en sera que plus grande.

De retour au parking, on est allés se consoler en s'abattant comme des sauterelles sur la petite échoppe vendant toute une série de goûteuses spécialités locales, saucisson de cerf, crèpes, patisseries XXL, vin cuit...Avant de prendre pied dans le téléphérique plutôt folklo montant au Lac Balea. Les sacs sont lourds car on a prévu de s'installer pour 3 jours, mais il n'y a que 200m à marcher entre l'arrivée du télé et la Cabane Balea. Qui n'a rien d'une cabane d'ailleurs, c'est en fait un refuge-hotel au confort n'ayant rien à envier à un *** de plaine avec ses petites chambres / salle de bain munies de pantoufles, peignoirs, minibar et accessoires cosmétiques, télé et Wifi...La neige arrive jusqu'au rebord des fenêtres au 1er étage ! Visiblement toute la poudre refusant de tomber dans les Alpes est venue se déverser ici.

Ah oui, j'allais oublier : encore de traces d'ours bien nettes sur la route du bas. Il est vrai qu'il y en aurait près de 8000 (!) dans les Carpates de Roumanie...dont semble-t'il un bon paquet d'insomniaques...

Conditions du jour: moyennes car on a buté à 300m sous le sommet, sinon c'était quand même pas si mal : gros enneigement dans l'ensemble (50cm au départ, rapidement 1m dès 1400m, plus important que dans le massif du Bucegi), il a visiblement neigé régulièrement au cours de la semaine passée dans les Fagaras. Avec la douceur et l'épaisseur de fraiche, le risque de coulée depuis le haut sur la route d'accès n'était pas négligeable, mais elle est quand même large et assez bien protégée par la forêt. Skiabilité convenable même si c'était un peu mou et collant par endroits. Risque 3 annoncé et bien présent selon Manu - ce qui n'empêchait pas quelques locaux de tracer à la montée en rive gauche du téléphérique à travers des couloirs chargés à 40°...

Météo : ciel changeant, éclaircies en vallée et nuages sur les hauts sommets mais visi toujours très bonne. Pas de vent (pour la 1ère fois du séjour...et presque la dernière...). Gros redoux, iso 0° à 2500m.

Accès :  Le Lac Balea est accessible en téléphérique, le parking (2h de route tranquille depuis Brashov le matin, magnifique cité médiévale ou nous avions passé la nuit) se situe au terminus de la route déneigée. Bennes de 8h30 à 16h30, en tous cas sur le papier...parfois pas un chat en semaine mais grosse queue garantie les WE parait-il ! Il n'y a pourtant rien à faire d'autre que du ski de rando là-haut (et jamais vraiment facile) mais les Roumains adorent se balader en montagne en plein hiver, indépendamment des intempéries - il est vrai que les 9/10 se contentent de marcher 200m jusqu'à la prochaine auberge...

Hébergement : Cabana Balea, cf commentaires ci-dessus...au voisinage on peut aussi dormir ou boire un coup dans l'Hotel de glace, entièrement taillé...dans la glace. Pas donné, et même la visite est payante (5€) mais le proprio est adorable.

Jeudi 23/02 :  Curmatura Balei, depuis le Lac Balea, puis redescente dans la vallée (+200-&1000m, AD-, 12km, 3h)

Topo détaillé ici. Trace GPX ici

La découverte du cirque du Lac Balea aura finalement été bien rapide. On avait passablement losé la veille au Netedu sur la foi de cartes et topos fantaisistes...avouons que c'était un peu pareil aujourd'hui, mais pour des raisons différentes. Avec le risque 3 bien présent, les mètres de neige récente, et ce cirque austère ou les pentes dépassent vite les 35°, l'ambiance était un peu anxiogène - et je n'ai pas contribué à arranger les choses, tirant une gueule d'enterrement au petit-déjeuner devant la perspective d'aller déminer tout ça. Manu avait légitimement rappelé les basiques (exercice de DVA, leader nommé pour organiser la recherche, techniques de délestage pour qu'un seul ne soit coffré à la fois okazou, etc...) mais ça n'avait évidemment pas apaisé l'atmosphère - ni aidé à me redonner le sourire. C'est là que je réalise que ce genre de vacances m'apporte parfois plus de stress que de bonheur et qu'il est peut-être temps de passer à autre chose.

Bref juste au moment de peauter changement brutal de programme (alors qu'on devait rester encore une 2ème nuit) : "on monte au petit col facile et on se barre"...Le moment de stupeur passé on essaie de positiver en se disant que ça nous laisse une petite chance de revenir tenter l'Omu (point culminant des Monts Bucegi, 2500m) le lendemain avant le retour annoncé de la tempête samedi. Au final quand même un petit regret de ne même pas avoir pu faire une incursion dans le vallon parallèle qui avait l'air magnifique et plutôt safe (pour peu de se limiter à un aller-retour depuis le col). Le retour en vallée ne sera pas non plus de tout repos : Manu est visiblement toujours un peu tendu et préfère éviter l'axe du vallon plein nord, d'aspect pourtant invitant, pour skier les pentes ouest en rive droite, sans doute plus sûres...mais aussi bien plus raides et à la neige épouvantable (>35° alternant béton et croute sur 150m de dénivelé). Plus bas c'est heureusement à nouveau très bon - et les 6 kms à laisser glisser sur la route d'été permettent enfin de débrancher le cerveau et de se calmer en admirant le paysage. Pas de traces d'ours cette fois-ci mais un chamois à quelques mètres, visiblement sidéré de croiser quelqu'un ici.

Conditions du jour: gros enneigement sur tout le parcours. Neige compactée par le vent dans la pente du col, et même par endroits trafolée, pour la seule fois de la semaine...Plus bas excellente dans l'axe du vallon - pentes nord - mais dure ou croutée en versant ouest - ou Manu avait préféré descendre pour éviter les orientations critiques du bulletin d'avalanche (rique 3). Arrivé au dessus de la cascade qui ferme le vallon vers 1600m on a tenté de descendre rive gauche mais ça ne faisait vraiment pas envie : pentes bien raides (parfois 40°), couloirs boulés, arbustes...à de demander pourquoi la majorité s'emmerde à descendre là alors que la route sur la rive opposée descend en pente douce sans aucune difficulté.

La pente du col était déjà bien tracée, de même que le col juste à droite (35°) remonté par 2 Allemands. Un groupe local haut en couleur partait skis sur le dos (!) en direction du Valuga, coupant sans trop se poser de questions des couloirs nord à 40° assez chargés...Visiblement on était les seuls à avoir lu le bulletin nivologique, pourtant publié exclusivement en roumain (j'avoue humblement que mes rudiments n'ont pas suffi, on a du tricher avec Google Translate) ! Il y a d'ailleurs eu un carton d'avalanche le même jour (OK, dans un autre massif) abondamment relayé au JT du soir...

Météo : plutôt beau mais les sommets étaient parfois accrochés par les nuages ramenés par le vent du sud. Froid (-5° au départ, de quoi se cailler un peu à l'ombre avec la petite bise)

Participants : Manu le guide corse expert du ski exotique, Valérie + le clan familial Semelet-Delavy avec Agnès & moi + les 2 beaux-frères enragés Francis et Cédric.

Suite et fin ici


Tourengänger: Bertrand


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Geodaten
 59249.gpx Epaule du Netedu
 59250.gpx Curmatura Balei

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