GTJ / Grande Traversée du Jura : section sud, de Giron sur Bellegarde à la Vallée de Joux (76km)

La GTJ est un itinéraire de ski de fond traversant une large partie du Jura français, de Giron (au dessus de Bellegarde, vallée du Rhone) au Val de Morteau près de Besançon, sur 180 km. C'est sans doute la plus belle itinérance nordique sous nos latitudes (bon soyons chauvins, à égalité avec son pendant helvétique la TJS, qui n'est  néanmoins pas aussi bien  balisée et tracée !), pour trouver mieux il faut sans doute se rendre en Laponie...Elle est décrite en détails ici. La section sud que j'ai parcourue est résumée là

Il s'agissait ici d'un mini-raid totalement spontané à l'issue d'un dimanche d'initiation familiale au skating sur le domaine de Giron (au dessus de Bellegarde). Après un hiver passé à regarder la pluie lessiver le Jura avec persévérance, les conditions sont vraiment trop bonnes..."vous rentrez en voiture, je rentre à ski de fond", tel est en gros le message passé en fin d'après-midi au reste de la famille un peu incrédule sur ce coup-là...Mail au bureau pour annoncer que je ne viendrai pas bosser le lundi, coup de fil pour réserver une chambre à la Pesse le soir même, calcul approximatif du kilométrage (explosif !) jusqu'au prochain accès TC pour rentrer au bercail lundi soir...hum, plus de 60km bien ondulants avec un vrai sac à dos et de vieux skis à écailles, ça sent la longue journée...

Je retrace en plein blizzard la section de GTJ entre Giron et la Pesse en fin d'aprés-midi du dimanche, 2h20 pour 13km, va falloir aller un peu plus vite le lendemain mon gars. Arrivée à la Pesse dans une ambiance digne de Jack London : neige drue +++ recouvrant instantanément les lunettes, visi < 100m, on ne voit pas plus les skis que les maisons au loin, un rassemblement de huskies donne lieu à un concert d'aboiements perçant le brouillard de tous les cotés. Bref je ne suis pas fâché de ne pas devoir dormir dehors comme certains non loin de là la veille !

Changement complet de décor lundi matin : grand ciel bleu, -10°, une GTJ fraîchement tracée du matin avec une glisse parfaite (enfin vu avec des skis à écailles, hein, 7-8 kmh...) dans des paysages de rêve et une solitude absolue. J'avance en transe de combe en village pour parvenir à Bois d'Amont (km 53) vers 15h. J'en viens presque à me demander s'il je ne pourrais pas continuer au delà du Brassus...autant dire que je ne me poserai pas longtemps la question. La piste en direction de la frontière suisse donne un petit avant-goût de la suite, elle est déjà bien plus chaotique, non redamée du matin, et défoncée par les piétons. Arrivé à la jonction avec les pistes suisses (et leurs fameux petits panneaux verts), il faut se rendre à l'évidence : rien n'a été tracé depuis des semaines, seule une vieille tranchée ouverte par des raquetteurs curieux et à moitié recouverte par la neige du WE indique la suite du chemin. Le Brassus est indiqué à 7km, un peu plus qu'escompté, bien sûr. La neige recommence comme par hasard à tomber à ce moment là. C'est bien un complot.

J'avance d'abord laborieusement dans la trace de raquettes. Bien sûr ils ne sont pas fous, celle-ci s'arrête au bout de 500m. Il faut donc en plus s'orienter. La piste est balisée de piquets tous les 100m, à priori bien visible de l'un à l'autre. J'enfonce jusqu'aux mollets, mais le terrain est quasi plat et il suffit à priori de mettre un ski devant l'autre avec suffisamment d'obstination pour parvenir un jour à ce maudit village. Sauf que le blizzard redouble et que la visi passe sous les 100mètres. Bien sûr ça ne rate pas et je perds les piquets. A gauche la rivière, au centre un marécage juste masqué par la neige avec de gros trous acqueux s'ouvrant de temps à autre sous les skis. A droite au loin la grande route toute droite parcourue à cette heure par un flux ininterrompu de frontaliers de l'horlogerie rentrant chez eux à 100kmh malgré le blizzard - l'idée d'aller y faire du stop est donc vite écartée. Bref comment se faire (un peu) peur à ski de fond...why me ?

Bon pas la peine d'en rajouter, j'ai fini par retrouver la suite des piquets et arriver au Brassus avant la nuit, comme la veille en découvrant le patelin une fois le nez dessus sous une véritable tempête de neige. Assez rétamé physiquement et moralement, avouons-le, je me serai bien passé de cette petite épopée finale. Pas sûr que je sois mûr pour un raid en autonomie à travers la Laponie, pour finir ! Carton rouge à la Vallée de Joux, je ne suis pas prêt d'y retrainer mes lattes.

Conditions du jour : Conditions exceptionnelles pour le ski nordique, de loin les meilleures de la saison. 1m10 de neige à la jauge de Giron à 1200m. Tout est ouvert et tracé avec une glisse parfaite...sauf la jonction Bois d'Amont - Le Brassus (grosse galère, lire les commentaires...). Enneigement moindre à partir des Rousses, cette partie là ne résistera pas longtemps au prochain redoux.

Météo : Dimanche fin d'après-midi : blizzard. Lundi : grand beau froid le matin. se voilant l'après-midi, retour du blizzard à 15h30, visibilité < 100m

Hébergement : Passé la nuit à l'Hotel-Gite Burdet de la Pesse, 60 EUR en 1/2 pension (il y aussi des dortoirs), accueil très sympa, cuisine abondante et raffinée. La propriétaire a eu la gentillesse de me laisser un petit-déjeûner prêt d'avance pour me permettre de partir tôt.

Horaire : dimanche : 15h30 - 17h45. Lundi : 7h30 - 17h30. Détails GPS ici.

Accès : Pas de TC pour aller à Giron bien sûr, on est en France...en taxi 40 EUR depuis la gare de Bellegarde. Au Brassus, train horaire pour revenir en direction de Lausanne via Vallorbe (le dernier à 19h36)