Sur le Pembrokeshire Coast Path : Onzième étape, d’Abercastle à Fishguard


Publiziert von stephen , 13. Juli 2013 um 18:29.

Region: Welt » United Kindom » Wales
Tour Datum:21 Mai 2013
Wandern Schwierigkeit: T2 - Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: GB 
Zeitbedarf: 8:30
Aufstieg: 750 m
Abstieg: 750 m
Strecke:Abercastle – Pwll Deri – Strumble Head - Fishguard
Kartennummer:OS 1:25,000 "North Pembrokeshire"

English version here

Cette onzième étape, qui me mènera d’Abercastle au cap rocheux de Strumble Head, puis au port de Fishguard, est la plus longue de tout le sentier côtier du Pembrokeshire. Même si je me sens parfaitement en forme, sans douleurs ni petits bobos depuis quelques jours maintenant, je sais que cette journée constituera un défi physique et que si j’arrive entier à ma destination, je pourrai être certain d’aller au bout de l’itinéraire. S’il y a un jour où vraiment ça passe ou ça casse, c’est aujourd’hui.

Au petit déjeuner, autour d’une grande table carrée en bois massif, je discute avec le couple que j’ai brièvement rencontré hier soir. Ils sont médecins, jeunes retraités, Ecossais (bien que leur accent n’a rien d’écossais). Ils font beaucoup de randonnée et le monsieur, David, est également peintre amateur, ce qui nous donne beaucoup de sujets de conversation en commun. Alors que je devais vraiment partir tôt ce matin, je me trouve pris dans la conversation. Nous parlons de la côte ouest d’Ecosse, des Alpes, de la peinture, de la musique d’ambiance que la patronne a mise et dont nous exigeons l’arrêt immédiat ! Ils sont partis il y a deux jours de Newport, un peu plus au nord, où ils ont laissé leur voiture. Ils pensent continuer jusqu’à Solva, d’où des amis les ramèneront vers leur point de départ. Ce soir ils dorment à St. David’s, alors je leur recommande le pub dans lequel j’ai dîné avant-hier. Je leur dis qu’ils croiseront probablement le couple de Hollandais que j’ai vus plusieurs fois, et leur demande de leur dire bonjour de ma part. Deux semaines plus tard, je reçois une carte postale des Hollandais, tout surpris d’avoir été immédiatement reconnus par un parfait inconnu qui les a abordés sur le sentier en leur disant bonjour et e leur demandant des nouvelles d’Eindhoven ! J’aime bien cette manière dont une communauté virtuelle se crée pendant les longues randonnées : on voit et revoit les mêmes personnes, on entend régulièrement parler d’autres personnes qu’on ne voit jamais, mais qu’on finit par connaître à force d’entendre parler d’eux. Cela fait sans doute partie des raisons pour lesquelles je ne me sens jamais vraiment seul pendant une longue randonne en solitaire, alors qu’au bout de deux jours seul en ville ou chez moi, je m’ennuie terriblement.

Le petit déjeuner est excellent, à l’image de tout le B&B, avec un délicieux boudin noir en plus de tous les ingrédients habituels. La propriétaire me rend mon linge des deux derniers jours, toujours pas complètement sec… j’espère qu’au moins un jeu de vêtements sèchera au cours de la journée, faute de quoi c’est dans un T-shirt sale et puant que j’irai manger ce soir… pas idéal vu que je serai en ville. A neuf heures et demie (après voir commencé le petit déjeuner à huit heures…) je me résigne au fait qu’il faut me mettre en route. Je dis au revoir aux Ecossais, redescends au petit village d’Abercastle et reprends mon chemin vers le nord.

Comme hier, le ciel est nuageux et l’ambiance grise ; mais, contrairement à hier, un vent assez fort déplace vite les nuages dans le ciel, donnant une lumière plus intéressante que le gris uniforme d’hier. Dans le port d’Abercastle, un bateau de pêche solitaire attend la marée montante face à l’île qui surveille le passage vers le large, sinon l’estuaire est vide. Il y a de l’écume blanche aujourd’hui, la mer a l’air plutôt agité, alors que vers le nord, quelques rayons de soleil percent le bleu-gris des nuages et illuminent le bleu-noir de l’eau.

Bousculé par le vent, je grimpe sur le premier promontoire au nord d’Abercastle. La vue devant, vers le nord, me montre un littoral sauvage et rugueux, qui s’étend en une série de caps et d’anses jusqu’au cap de Strumble Head, au-delà duquel mon itinéraire tournera provisoirement vers l’est jusqu’à Fishguard. A mes pieds, de nombreuses tours rocheuses pointues et déchiquetées se dressent dans la mer à la base de la falaise. A l’intérieur des terres, le paysage est aussi plus rugueux qu’hier, avec des collines qui montent petit à petit vers le sommet rocheux Garn Fawr, une véritable montagne avec ses 213 mètres d’altitude.

Après avoir grimpé jusqu’à 50 mètres, le sentier ne tarde pas à retrouver le bord de mer à Pwllstrodur, où il traverse un petit ruisseau sur une passerelle de bois juste au-dessus de la plage. L’endroit est magnifique, parfait dans son isolement… j’imagine que même en plein mois d’août, on ne voit pas trop de pelles, seaux et transats ici. Cette partie de la côte possède une vraie ambiance de « milieu de nulle part », un peu comme la section d’hier matin autour de St David’s Head. La prochaine anse, Aber Mawr, est très différente mais toujours aussi isolée ; une grande étendue de sable bordée d’un banc de galets, où de grosses vagues avancent les unes après les autres pour se fracasser contre la terre. En descendant vers cette plage, je croise à nouveau le jeune couple déjà vu hier, la jeune femme plus jolie que jamais avec ses cheveux tout ébouriffés par le vent. Ils me disent qu’ils ont passé la nuit à Trefin puis, ce matin, ont pris le bus jusqu’à Pwll Deri et reviennent maintenant vers le sud pour retrouver leur point de départ. Tout le sentier du littoral est bien desservi par un service de minibus – un le matin, un le midi et un en fin d’après-midi – qui rend tout à fait envisageable de faire l’intégralité de l’itinéraire en une série de randonnées en étoile, avec une base dans le sud puis une autre plus au nord. Aber Mawr est suivi de près par Aber Bach, une plage du même style mais plus petite et orientée différemment, de sorte que la mer y est presque calme. Un panneau ici indique que la traversée du ruisseau à l’extrémité nord de la plage peut être problématique et indique une déviation de deux kilomètres à suivre en cas de crue… mais aujourd’hui le ruisseau n’est qu’un filet d’eau qui se traverse à gué sans aucun problème. Plusieurs personnes sont assis sur cette plage en train de faire des croquis, sans doute un club de peinture du coin.

Le sentier remonte péniblement vers le haut des falaises, redescend, remonte encore, chaque montée un peu plus longue que la précédente à mesure que la hauteur des falaises augmente. La prochaine plage, Pwllcrochan, est une jolie étendue de sable blottie au pied de falaises noires et intimidantes. Le sentier qui descend vers la plage a un caractère presque alpin, serpentant en lacets raides et serrés tout près du bord. Les deux ou trois derniers mètres jusqu’au sable sont même équipés d’une chaine, tellement c’est raide.. A marée basse j’y serais certainement descendu, mais à l’heure où j’y passe la plage est presque entièrement couverte et la chaîne aboutit quasiment dans l’eau. C’est un bel endroit, mais l’ambiance est claustrophobe au pied de ces sombres falaises. Alors je résiste à la tentation de me mesurer à la chaîne et continue, remontant en lacets encore plus raides de l’autre côté de la baie.

La suite de l’itinéraire me fait monter sur une crête panoramique où de grandes pentes descendent des deux côtés – c’est le seul endroit de tout le sentier du littoral où on fait une « course de crête » pendant quelques moments. A gauche, les falaises plongent plus hautes que jamais vers la mer. A droite, un patchwork de champs, de haies et de bosquets remonte plus doucement vers le pied de la crête. Le contraste entre ces deux panoramas juxtaposés est frappant et un peu surréaliste. Le sentier lui-même devient rocheux, montant petit à petit par une suite d’antécimes vers le point culminant de la crête à 120 mètres au-dessus de la mer. Il y a même un endroit où je dois me servir très brièvement des mains pour surmonter une petite marche rocheuse. Devant moi maintenant se trouve Pwll Deri, une anse inaccessible au pied de ce qui doit être la paroi verticale la plus haute de cette côte, plus de cent mètres depuis le haut de la falaise jusqu’à la mer. Au-dessus des falaises, dominée par Garn Fawr, la maison blanche qui abrite l’auberge de jeunesse de Pwll Deri. Le sentier rejoint brièvement la route minuscule qui continue vers Strumble Head. Vers le sud, les falaises bordant la crête que je viens de longer sont très impressionnantes.

Après le point culminant à Pwll Deri, les falaises diminuent petit à petit et le terrain devient un peu plus facile. Je commence à me dire qu’il serait temps de manger, mais je n’arrive pas à trouver un endroit vraiment sympa, à l’abri du vent qui souffle toujours assez fort. Je finis par m’installer sur un rocher plat mais bosselé juste à côté du sentier, au-dessus du promontoire de Dinas Mawr. Ce n’est pas l’endroit le plus confortable du monde et je ne m’arrête pas bien longtemps. Trente secondes après m’être remis en route, je vois un endroit qui aurait été parfait : herbeux, abrité, vue splendide…

Pendant les vingt minutes que je m’arrête pour manger, la météo s’améliore subitement et de manière dramatique depuis le nord-ouest. En très peu de temps, la couverture nuageuse totale laisse sa place à un ciel bleu presque intégral, en tout cas sur la côte et vers le large. Au-dessus des collines vers l’est, ça reste nuageux. Le soleil ramène enfin de la couleur au paysage après une journée et demie sans ; il y a subitement des fleurs partout alors que ce matin il n’y en avait pas, ou en tout cas leurs couleurs étaient tellement atténuées que je ne les voyais pas.  Au-dessus de la baie de Porth Maenmelyn, je croise une jeune femme seule qui marche vite, l’air décidé, en portant un très grand marteau. C’est quelque peu inquiétant et je me demande ce qui ferait venir quelqu’un sur le sentier avec un tel outil, mais elle me dit bonjour, me fait un grand sourire et ne m’assassine pas.

Le phare de Strumble Head semble tout proche maintenant, mais le sentier prend le chemin des écoliers pour y arriver et je mets une heure pour couvrir ce qui, en ligne droite, doit être moins d’un kilomètre. Sur toute la longueur de cette côte, Strumble est l’un des endroits où la terre s’avance le plus dans la mer d’Irlande. Il n’y a rien ici pour arrêter le vent et les vagues et, par conséquent, la mer est houleuse et bruyante sous le ciel devenu bleu. Je descends le long d’un grand mur de pierres sèche face à cette mer, pour aboutir de manière inattendue dans un petit vallon marécageux rempli de roseaux de la taille d’un homme adulte. Et voici Strumble Head proprement dit, avec son phare blanc installé fièrement sur un gros rocher face à la fureur des eaux. Après les grands caps de St. Govan's, St. Ann's et St. David's, c’est le dernier tournant vraiment important avant la fin du sentier. L’endroit est un but de promenade populaire ; il y a un parking et pas mal de monde, mais cent mètres après avoir quitté le cap je me retrouve seul une nouvelle fois.

Se dirigeant maintenant vers l’est, le sentier devient plus facile et le paysage plus doux. Cela ne veut pas dire plat – l’horizontalité est une notion inconnue ici, et je continue de monter et de descendre sans cesse. Le sentier à l’est de Strumble est peu fréquenté ; pendant les trois heures que je mets pour rejoindre Fishguard, je ne vois que quatre personnes. Quelqu’un a dû passer avec une débroussailleuse il y a peu de temps, car le sentier est jonché d’herbe fraîche et de ronces coupées.  L’après-midi est devenu tellement chaud que je me mets en short ; c’est la seule fois pendant mes treize jours de marche que j’aurai droit à ce luxe. Le littoral est une suite d’anses rocheuse d’une beauté sensationnelle, certaines complètement submergées sous la marée haute, d’autres avec un peu de sable ou de galets visibles. Porthsychan, la première anse après Strumble, est particulièrement belle ; encore un endroit dont le cadre isolé garantit l’absence de marchands de glaces et de frites même en haute saison. Au-dessus de la plage se trouve une petite maison complètement perdue dans la nature, mais visiblement habitée, vue les deux petites culottes (une blanche, une noire) qui sèchent au fil à linge. Ces deux culottes en plein vent devant le fond montagneux de Garn Fawr feraient une photo amusante, mais je n’ose pas…

Cela continue dans la même veine avec d’autres anses, des montées et des descentes plus raides les unes que les autres (mais sans culotte). Puis, en contraste total, vient la vallée surprenante de Cwm Felin. Ici, une vallée profonde, étroite et boisée a été creusée par un ruisseau jusqu’à assez loin à l’intérieur des terres. Le sentier descend son flanc ouest, traverse le ruisseau sur une passerelle sous le couvert de la forêt, puis ressort par le flanc est du vallon et poursuit son chemin le long des falaises. Il doit y avoir un sacré microclimat ici : c’est le seul endroit de la journée où je me souviens d’avoir vu un arbre. Je croise un couple venant en sens inverse ; ils me demandent combien de temps jusqu’à Strumble Head. Ils vont à l’auberge de jeunesse de Pwll Deri : il est déjà quatre heures et demie, ils vont être en retard pour le souper…  A leur tour, ils me disent que j’en ai encore pour une heure et demie jusqu’à Fishguard.

A l’approche de Fishguard Bay, le paysage devient moins intéressant. Les falaises deviennent plus basses et moins verticales, couvertes d’herbe rase de couleur vert-brun. Le sentier semble avoir décidé que cette partie de la côte ne mérite pas vraiment d’être suivie et opte pour la ligne droite au lieu de suivre le bord de mer autour de chaque petit cap. A l’entrée même de la baie de Fishguard, je me trouve plus loin de la mer qu’à n’importe quel autre point Pembroke.

Le sentier entre dans la baie, loin au-dessus de la grande digue du car-ferry irlandais, avant de retrouver enfin la civilisation à Goodwick, la banlieue ouest de Fishguard. Une longue rue bordée de maisons jumelées, une descente raide en zigzags jusqu’au bord de la mer, puis un chemin qui longue le front de mer à côté de la voie ferrée et de la route d’accès au port. Le centre ville se trouve juste au-dessus, mais le sentier prend une fois de plus son temps pour y arriver, préférant contourner un dernier promontoire et offrant une belle vue sur l’ancien village de pêcheurs de Lower Fishguard, complètement séparé du centre de ville en haut de la colline. Le tout est plutôt joli ; je m’attendais à une grande ville industrielle, mais ma première impression de Fishguard est assez positive. C’est une impression qui ne durera pas…

Je trouve le B&B où je dors ce soir sans problème, il se trouve en plein centre ville, dans ce qui aurait dû être une rue commerçante. Une fois de plus j’ai de la chance au niveau de l’hébergement ; c’est une ancienne maison de ville plutôt noble, cossue, pas tout à fait au même niveau que les hébergements de Pembroke ou d’Abercastle mais pas très loin derrière. Ma chambre n’est pas très grande mais elle est confortable et bien aménagé, avec une jolie vue sur un jardin très fleuri. Vu mon arrivée assez tardive, je suis content de ne pas avoir à faire de lessive, même si cela me rappelle que la fin est maintenant tout proche : plus que deux étapes. J’ai très bien survécu à cette méga-étape ; j’ai mal aux pieds, mais qui ne l’aurait pas après huit heures et demie de marche ? Pas d’ampoules, pas de douleurs aux tendons d’Achille… au bout de onze jours de marche, je semble avoir atteint une forme physique optimale et ai l’impression que je pourrais continuer à faire de telles étapes à l’infini.

Avec la longueur de l’étape et mon départ tardif ce matin, je n’arrive à Fishguard que vers six heures et demie. Je me douche puis, vers sept heures, pars à la recherche du pub parfait et du repas parfait. Je serai déçu : Fishguard est fermé, assez définitivement au vu des magasins vides, des fenêtres poussiéreuses et des panneaux « A vendre ». Mon topo-guide suggère le magasin de fish & chips ainsi que deux pubs, le Royal Oak et le Ship and Anchor. Je vois le fish & chip shop, de toute évidence fermé depuis des lustres. Les fenêtres du Ship and Anchor sont condamnées, couvertes de planches de bois. Le Royal Oak est ouvert mais ne sert pas à manger… je ne suis pas mécontent, c’est un grand pub vide et peu accueillant, où je n’ai aucune peine à imaginer des bagarres du samedi soir. Je descends vers le vieux port Lower Fishguard, mais l’ancien port de pêche n’a pas été développé pour le tourisme – ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose, sauf quand on cherche un endroit pour dîner !

Enfin, à l’extérieur de la ville, là où les maisons font place aux champs et aux stations service, je trouve le Pendre Inn, un petit pub traditionnel avec trois ou quatre bonnes bières à déguster et une carte copieuse. Il y a quelques gens du coin dans le pub, mais aussi quelques touristes qui, comme moi, y ont probablement atterri par défaut, ‘ayant rien trouvé d’ouvert en ville. Le repas et la bière sont bonnes, j’y passe deux heures tout à fait plaisantes avant de regagner les rues désertes du centre et mon hôtel.

Plus que deux jours : une étape courte et facile demain, avant la pièce de résistance du dernier jour.
 
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Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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