Castellucio : presque aussi savoureux que la charcuterie corse, le granit de Bavella

Après une intro soft à vélo-rando en Balagne, une merveilleuse boucle à skis sur la Maniccia, le Cinto "by fair means" au départ de Corte et 2 jours de rêve à vélo dans le paradis de la Castaniccia, il faut bien se faire une raison : la fin du séjour approche. Difficile de quitter la Corse sans avoir goûté au moins une fois au granit légendaire de Bavella. La découverte en compagnie de Cédric, le jeune (et adorable) guide de Corte, ira d'ailleurs bien au delà de l'escalade, nous savons aujourd'hui (presque !) tout sur la flore locale, l'élevage des cochons sauvages, l'éthique grimpante locale et l'indivision des maisons dans les villages de montagne...

Nous avions passé la nuit à Solenzara, histoire d'avoir quand même vu une fois la mer de près et ne pas trop décevoir parents et amis non-grimpeurs, lesquels comprennent toujours difficilement comment préférer 10.000m de dénivelé cumulés sur des reliefs inhospitaliers à une semaine de dolce farniente sur un aussi beau littoral que celui de la Corse. Le coin est d'ailleurs plutôt sympa hors-saison. Par contre impossible pour moi de résister à la tentation de découvrir à vélo le mythique Col de Bavella, départ donc à 6h du matin du bord de mer pour 30km et 1400m de montée, juste assez tôt pour être au RV avec le guide Cédric avant 9h. Agnès nous rejoint en voiture, et le constat est rapidement partagé : en gros on est tous les trois montés pour rien, certes le ciel est bleu mais il ne fait que 12° et un vent du SE rageur commence a balayer le col. Le projet initial de l'Arête de Zonza, la classique du coin,  est donc remis à des jours meilleurs - ce serait certes tout à fait jouable mais à notre age bientôt vénérable nous avons déjà suffisamment donné pour des caillantes de ce genre, donc 1/2 tour pour aller  - sur les conseils avisés de Cédric - grimper au Castellucio, à mi chemin entre le col et la mer. Au programme la Voie Périllat, 7 longueurs accessible mais équipées en tout et pour tout de 6 spits, relais compris. Welcome to clean climbing, Corsica way...

Autant dire qu'on ne regrettera rien, le site est grandiose, le rocher vraiment magnifique, la température parfaite...et cerise sur le gâteau les cotations vraiment gentilles pour une fois (le topo officiel de JP Quilici donne même 6a/4c/5c/5c/5c/5c/5c...on se croirait à Dalmazzi !). J'aimerais bien penser qu'on a progressé cet hiver sans jamais grimper, mais j'ai plutôt peur que le retour sur les cotations chamoniardes nous ôte rapidement nos illusions. Cédric ne nous laisse pas partir sans nous dresser rapidement une short-list de toutes le belles voies de l'Ile dans ce registre de difficulté, histoire de pouvoir s'assurer que nous reviendrons souvent le voir. Pas de souci dans ce domaine, il y a de quoi remplir bien des séjours et même quelques années de retraite (ou mieux de rentier), qui sait...


Conditions : RaS, tout sec, la neige commence vers 1900m dans la zone de Bavella. Toujours 6 spits en 7 longueurs dans la voie, comme le disait notre guide Cédric les grimpeurs Corses se considèrent un peu comme les gardiens du temple ici. Approche dans le maquis facile et non griffante...si on à la chance de suivre un indigène !

Météo : Grand beau (pour la 6ème journée d'affilée) mais fort vent de SE au Col de Bavella où il ne faisait que 12°. Au Castellucio, doux et sans vent, conditions parfaites.

Participants : Agnès et moi, Cédric (guide).