Traversella : rocher tiède, cheat-stick et antipasti

3 jours à retoucher enfin du rocher tiède (enfin brûlant parfois !) en compagnie de notre toujours souriante camarade octodurienne. Plus envie de porter les skis sous le cagnard, trop ramollis pour aller s'époumonner sur les pentes du Mont-Blanc, forte envie commune d'exotisme italien pour profiter des 3 jours --> unanimité pour mettre le cap sur le Val d'Aoste (là c'est même le Piémont) avec 2 jours à la découverte de Traversella et le dernier jour au dessus de Courtil/Oriana (Valle di Champorcher). La Pentecôte n'est pas fériée en Italie, on y a donc été relativement tranquilles et la canicule était somme toute gérable même si les pieds ont un peu gonflé dans les chaussons...

Le WE a commencé par voyage riche en rebondissements pour Agnès et moi : le tunnel du Lötschberg ayant dû être fermé pour cause de "personnes marchant au bord de la voie" (!), confusion absolue à la gare de Spiez avec toute la foule du départ de Pentecote en carafe sans trop savoir s'il valait mieux refaire le tour par Lausanne, temter de gagner Montreux par le MOB, ou prendre d'assaut le train régional passant par le vieux tunnel afin de rejoindre le Valais. Au final nous nous sommes entassés dans un train spécial scouts (!!) pour se faire déposer à Brig au bout d'une heure de vacarme et de chants plus ou moins grivois (y'z'apprennent vite ces jeunes...) avant de courir ventre à terre pour récupérer la correspondance vers Martigny. Ou notre copine nous récupère avec plus d'1h30 de retard.

Le temps de casse-crouter à Etroubles et de se perdre évidemment sur les petites routes entre Ivrea et Traversella (benvenuto in Italia...) et nous attaquons les 45mn de montée au Rifugio à 15h30 seulement, et l'escalade à 17h. Bon l'avantage c'est qu'on a moins transpiré, on a juste raté l'apéro mais aucun souci pour se faire servir à manger à 20h avec le sourire, c'est aussi pour ça qu'on file vers le sud à la 1ère occasion...

Quant à l'escalade proprement dite, quelques remarques générales sur les voies de plusieurs longueurs du lieu :

• balisage irréprochable, l'accès aux secteurs est fléché de partout dès le départ du Rifugio, le nom des voies écrit au pied, impossible de se perdre
• l'équipement est bon mais pas toujours aussi rapproché que ce que le statut de Traversella comme "temple de la grimpe plaisir" le laisserait croire, à l'exception des voies pour enfants qui sont vraiment criblées de protections.
• les cotations sont celles de Schweiz Plaisir, elle sont déjà un chouia sévères. Le topo de Traversella cote 1 à 2 lettres plus bas, ce qui est quasi absurde par endroits (on a failli sortir le cheat-stick dans le 4a, on n'est certes pas des pros mais quand même...)
• rocher magnifique style dalle gratonnantes avec une adhérence exceptionnelle et très peu de patine. Pour ceux qui connaissent, cela évoque de près la grimpe à Rio (avec plus de clous quand même !)

Samedi après-midi, nous avons enchaîné les Placche Nere (4b - 5a - 4b) et du Spigolo Biletta (5a - 5c) ce qui permet de faire une mini GV avec une descente à pied facile (suivre le balisage jaune à gauche en sortant). Combinaison est vraiment sympa à l'exception de la dernière longueur sur un rocher poussiéreux qui plus est encombré d'une mystérieuse corde fixe au beau milieu (qu'on n'était cela dit pas fâchés d'avoir pour finir...). La variante en 6a juste à droite est sans doute plus jolie (mais on n'était déjà en retard pour la "cena" de 19h30...).

Dimanche matin je me suis offert une petite balade matinale pour éliminer les excès de la veille au soir en parcourant à l'aube la boucle Sentiero delle Anime - Sentiero della transhumanza en mode trail (enfin façon de parler, le sentier est tellement cabossé qu'il est quasiment impossible de courir...), la jolie rando du coin qui occupera facilement 1/2 journée de break (3h15 selon les panneaux, 1h30 en trail, détails ici.

Nous avons poursuivi le dimanche matin sur le Primo Salto, la plus haute paroi de Traversella (120m, 5 lg max). Enchainement de la Via Centrale à gauche (4a - 4a - 5b - 4b - 4a) et de la Via Normale attaquée par sa variante de droite (4a - 4a - 4a - 4b - 4a), deux mini GV avec une descente à pied facile (suivre le balisage jaune à gauche en sortant). Les 2 voies sont sinon très chouettes, attention simplement à bien revenir à gauche dans la L2 de la variante faute de se retrouver dans un mur vertical d'allure revêche. On peut grouper les 2 dernières longueurs très courtes. La sortie originale de la Centrale nous a paru bien dure pour un 5a, on est donc sortis une 1ère fois par les 2 dernières lg de la Normale.

Après-midi au secteur de couennes de la Paretina, de l'autre coté par rapport au refuge. Rocher plus vertical, plus prisu, spits plus rapprochés...du coup plus de monde mais de la belle grimpe quand même. Et bien sûr en fort belle compagnie...heureux le Bertrand. Nous avons ensuite mis le cap le soir même sur la Vallée de Champorcher pour grimper le lendemain sur le site d'Oriana.

Moralité : attention à bien modérer ses ambitions si on se munit du topo local qui donne une bonne claque à l'ego - le 3c grimpe déjà vraiment et le 4c peut parfois exiger un bon moral (ou dans notre cas un recours au cheat-stick). Mais pour le reste c'est quand même un petit coin de paradis avec 500 voies dans un rayon de 20mn autour d'un Rifugio bien sympathique sur un rocher magnifique en général, et dans un cadre quasi tropical avec la canopée du Valchiusella juste sous nos pieds - il doit sans doute pleuvoir autant qu'à Rio avec lequel le caillou local présente d'étonanntes similitudes.

Nous avons dormi au Rifugio Piazza : accueil adorable, le refuge n'était qu'à moitié plein (???) en ce beau WE, en tous cas pour y passer la nuit. Dimanche midi par contre c'était le RV de toutes les familles de la région. Vraiment une adresse à recommander ! Ouvert du vendredi au dimanche soir de mars à novembre, tous les jours en été.

Météo : grand beau chaud les 2 jours, mais un peu moins qu'au nord

Participants : Pauline, Agnès et moi.