Patit Bargy, voie des trous

Visible de Genève et dominant l'idyllique Lac Bénit, la face nord du Petit Bargy présente un bouclier calcaire de 300 à 400 m de haut qui n'est pas sans rappeler le Miroir d'Argentine dans les Alpes vaudoises. On y trouve plusieurs voies de 10 à 15 longueurs, la voie des Trous est l'une des classiques les plus simples - mais on peut la corser en empruntant sur le haut la variante dite de "Petiole" du nom d'un célèbre guide local...c'est un très bon plan par temps de canicule car l'absence de soleil est garantie du matin au soir ! Le rocher est un peu "montagne" dans les parties faciles mais de bonne qualité là ou ça grimpe - l'équipement parcimonieux des voies exige par contre une bonne marge pour le 1er de cordée...

Topo détaillé ici

1ère journée de notre séjour de 5 jours avec notre guide Matthias, au vu des conditions calamiteuses en altitude 2022 se présente résolument comme une année "rocher" - ça tombe bien, après avoir fait la chasse à tous les 4000m c'est désormais ce que l'on préfère...Il fait une nouvelle fois une chaleur bestiale à presque toutes les altitudes, une journée idéale pour grimper au Bargy en T-shirt avant de prendre la route vers les parois d'altitude de Haute-Maurienne.

J'avais gravi en réversible les 15 longueurs de la mythique Voie des Dalles (V+) dans mes jeunes années, je n'étais plus retourné au Bargy depuis...et là j'avoue que je n'étais pas fâché de la corde bien tendue de Matthias. Bah il faut sans doute accepter le temps qui passe. J'essaie depuis longtemps sans vraiment y arriver, ça viendra bien un jour. En attendant les petits jeunes qui galopaient devant nous dans l'infâme pierrier de l'Encrenaz m'ont quand-même un peu sapé le moral. Ca passera.

Les genoux encore tremblants nous avons repris la route pour la Haute-Maurienne et le refuge du Suffet afin de gravir le Pilier nord du Grand Bec d'Etache le lendemain.

Conditions du jour : l'accès depuis  le lac est tout sauf évident, nous avons un peu erré dans une forêt raide et chaotique avant de découvrir le seul passage (2 points rouges) permettant de franchir le ressaut inférieur. C'est du T6 assez gazeux, Matthias nous a donc sagement encordé pour tirer 3 petites longueurs : le départ de la voie est alors évident sur un pilier séparant 2 immenses cavités.

Au bout de 3 longueurs, plutôt que de poursuivre à gauche dans un couloir facile mais délité, nous avons emprunté à droite la variante directe de Petiole : si la première longueur en 5b passe bien la suivante en puis 5c+ nous a paru longue (47m) et soutenue avec bien des zigzags que les seconds de cordées émotifs comme nous apprécient de moins en moins...les cris d'Agnès ont dû faire fuir quelques chamois...bon la traversée clé est quand même bien spittée.

Bref retour dans la voie originale de gauche (plus facile, IV+ maxi), mais le sommet est encore loin avec un itinéraire pas toujours évident à suivre et un rocher qui se dégrade sur le haut...moralité on n'était pas fâchés de sortir au soleil non loin de la croix du sommet ! En assurant tout du long on a quand même dû tirer une douzaine de longueurs, la voie est donc un peu plus longue que ce que le topo laisse penser. Nous y étions seuls, une autre cordée dans la Voie des Dalles.

Le début de la descente est simple mais le couloir sous le col de l'Encrenaz se dégrade au fur et à mesure qu'on avance, une vague sente très raide avec des gravillons qui roulent sous les pieds, quelques passages un peu exposés, des pierres qui volent...bref pas un cadeau. J'y étais passé il y a 35 ans sans trop de souci, soit ça c'est bien dégradé, soit il faut admettre que j'ai 35 ans de plus...sans doute un peu des 2 ! Je crois que la prochaine fois on descendra de l'autre coté sur le Reposoir et on retournera chercher la voiture en stop...

Météo : grand beau caniculaire pour changer, 35° à Genève, 0° à 4400m, pas de vent.

Accès : Genève - Cluses - route du col de la Colombière - les Bottes (petite route raide et étroite aux croisements délicats) : petit parking au terminus.

Restauration : petite buvette au Lac Bénit, mais on n'a pas eu le temps de s'y arrêter.

Horaire : départ 8h, attaque 9h45, sommet 13h45/14h10, retour 16h15.

Participants : Agnès & moi, Matthias Dunand (guide du Val Montjoie)