Talijanka : traversée de Lepushë sur la vallée de Grbaja

Traversée introductive au trek des Peaks of the Balkans, magnifique chevauchée de près de 200km dans le massif des Prokletje, à cheval sur Albanie, Kosovo et Montenegro. Nous avions découvert le coin en ski de rando il y a 2 ans, notre guide Vanja nous avait facilement vendu l'idée de revenir en mode rando en début d'été pour profiter de la floraison exceptionnelle des montagnes balkaniques.

Y'a pas que la floraison qui est exceptionnelle d'ailleurs, l'accueil des locaux, la beauté des sommets, la variété des paysages (on passe en quelques jours des Dolomites aux Vosges avec toutes les nuances possibles)...sans parler de la tranquillité, même si le circuit commence à être un peu connu des randonneurs d'Europe du nord.

La vallée de Grbaja est l'une des plus spectaculaires, Vanja ne comprend d'ailleurs pas pourquoi elle ne fait pas partie stricto sensu du PoBt. Ca vaut vraiment le coup de rajouter une journée pour cette traversée transfrontalière de l'Albanie sur le Montenegro - le point de départ officiel du PoBt à Plav est tout proche de l'arrivée de la randonnée à Gusinje.

Quelques caractéristiques d'ensemble du PoBt :
 

- les sentiers sont bien marqués et souvent agréables, un mix équitable de chemins moelleux, pistes faciles et portions plus tord-pattes. Au total un peu moins roulant que le TMB, le GR5 ou les bons sentiers valaisans, mais bien plus que la GTA piémontaise ou j'étais allé collectionner les tiques et faire fumer le GPS quelques semaines plus tôt !

- le balisage est souvent étonnamment bon même si une appli carto-GPS reste de rigueur.on trouve plus d'eau que ce qu'on pourrait croire à l'exception d'une ou 2 étapes. Bon il faut savoir que les massifs du Montenegro sont les plus arrosés d'Europe, 4m80 d'eau à l'Orjen, au dessus des Bouches de Kotor...Sans que ce ne soit jamais un problème, on y a d'ailleurs rencontré bien plus de névés que 2 semaines plus tôt dans les Alpes à iso-altitude.

- on trouve chaque soir de quoi se loger et manger (village ou alpage), parfois de manière toute simple mais presque toujours avec douche et électricité, voire souvent Wifi. Quasiment aucun ravitaillement mais les gens des refuges préparent toujours des lunch-packs pour le midi, le tout inclu dans la pension complète (25 à 35 € pp). Bon au bout de 2 semaines de sandwichs aux oeufs dur, feta et concombres on n'était pas fâchés de se goinfrer de poissons et calamars dans les tavernes bondées de Kotor.

- vu la présence d'ours et de loups on craignait les chiens de protection mais il y a bien moins de troupeaux divagants que chez nous et ils sont tous de petite taille et avec berger - donc au final on était largement plus sereins que dans pas mal de coins des Alpes françaises...

- en temps qu'amoureux des langues j'avais bien évidemment tenu non seulement à rafraichir ma pratique rouillée du serbo-croate (le monténégrin est en gros au milieu) mais aussi à attaquer l'albanais - qui n'a bien sûr rien à voir. C'est cela dit tout à fait facultatif, on trouve presque toujours un vieux baragouinant l'allemand après ses années de Gastarbeiter - ou un jeune possédant des rudiments d'anglais.

Concernant cette 1ère étape cross-border par le Taljanka :

- l'itinéraire d'ensemble est assez évident : de Lepushë emprunter le sentier jusqu'au col à G du Talijanka puis rejoindre le sommet par son épaule ouest. Descendre sur la crête à droite, remonter au Valushnica (1879m) puis descendre dans la vallée de Grbaja jusqu'au terminus de la route goudronnée (2 guest-houses). Rejoindre Gusinje en taxi ou à pied (5km de plus).

- la traversée du Talijanka commence par un combiné apaisant de beaux paturages et de hetraies rafraichissantes avant de déboucher subitement sur le panorama impressionnant du massif du Karanfil. Pour les amateurs de grandes premières rocheuses, pas besoin d'aller au Groenland ou au Pakistan, il y a encore de quoi faire ici ! Bon le rocher est parfois un peu interactif des dires même de Vanja qui a longtemps travaillé dans le secours en montagne monténégrin...

- la descente finale par une très belle forêt nous a déposé dans une grande prairie juste occupée par 2 auberges, il n'y avait qu'à mettre les pieds sous la table devant une glace et une Nikšićko Pivo (la bière locale - prononcer Nikchitjko, un bon test pour déterminer vos aptitudes à l'étude du serbo-croate) en attendant la jeep d'Admir. Bref des vacances qui commençaient plutôt bien.

Conditions du jour : sentiers souvent faciles excepté le haut du Taljianka et une portion karstique tord-pattes à la descente vers 1700m. Pas un chat coté albanais mais - dimanche oblige - pas mal de locaux coté monténégrin, ainsi qu'un gros groupe anglo-belge mené par un guide du coin. Locaux assez folklos parfois d'ailleurs, on les distingue assez vite des trekkers bavarois...

Météo : grand beau, température agréable.

Accès : vol Zürich-Belgrade-Podgorica la veille samedi 25/06...méga bordel aérien tout au long de la journée, on a cru qu'on arriverait jamais : des queues infernales partout à Zurich, des retards longtemps indéterminés (finalement 2h - heureusement que le vol de connection Air Serbia de Belgrade à Podgorica avait lui aussi 2h de retard !), bref l'avion ces temps-ci c'est non seulement pas écolo mais aussi bien stressant. On avait hésité à faire les 40h de train, je crois que c'est ce qu'on fera la prochaine fois - ce qui permettra en outre d'embarquer notre fille Cécile qui, en bonne disciple de Greta T, refuse désormais de monter dans un avion. Lepushë n'est qu'à 1h45 de voiture de l'aéroport de Podgorica. Au terme de l'étape à Grbaja, Admir (notre logeur de Plav) est venu nous chercher en voiture (30mn) pour rejoindre le départ de l'étape du lendemain.

Hébergement : magnifique accueil la veille au soir à l'Hotel Alpini de Lepushë : pension complète pour 35€ avec diner extra, P-dèj servi à l'heure demandée, et pack-lunch à base de produits du terroir. L'occasion de tester mes 1ers rudiments d'albanais qui leur sont allés droit au coeur...même si je n'ai pas compris grand chose aux réponses !

Le soir, dormi sur les hauts de Plav chez Admir. Il a investi l'argent qu'il a durement gagné (en tant que restaurateur aux USA puis trafiquant de voitures allemandes au Montenegro...) dans une jolie maison tout confort. Il nous a expliqué la raison des plaques américaines si fréquentes en été dans les Balkans : les émigrés laissent une voiture sur place pour revenir l'été, autorités et assurances US ferment un oeil, et tout le monde s'y retrouve...

Horaire : départ 8h10, 5h30 de marche + pauses, arrivée 15h15.

Participants : Agnès, Patricia, Vanja et moi

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