Montenegro J4 : Maglic, en circuit par le vallon de Verusha

Malgré son altitude modeste, le Maglic est un exceptionnel belvédère panoramique permettant d'embrasser du regard la quasi totalité des chaines de montagnes monténégrines : Durmitor aux confins de la Bosnie, Komovi, Prokletje vers l'Albanie...60% du pays est à plus de 1000m d'altitude ! C'est aussi un sommet skiable de 1er ordre avec une pente NW soutenue exigeant des conditions sures. La remontée au Pt 1984m et la descente qui suit, par un vallon de plus en plus étroit et à la sortie aventureuse nous ont permis d'exploiter à fond ce qui aura été la seule journée de grand beau de la semaine !

2 belles balades d'affilée (après le Starac la veille), un peu trop demander à notre bonne étoile qui se mettra en grève le soir même...Gros anti-climax dès le lendemain avec un enchainement de plans losers : tôt le matin, incursion dans le beau vallon de Lipovo, 50mn de portage dans la caillasse et sous le grésil pour se rendre compte que la neige skiable commençait encore bien plus haut et que les sommets convoités étaient de toutes façons déjà bâchés dans le blizzard. Portage en sens inverse, et cap sur la petite station de ski de Kolashin.

4€ la montée simple en haut du télé, d'où nous tentons de gravir un petit sommet (Kljuc, 1973m) à moins d'une heure de peautage. 1/2 tour dans le brouillard et les rafales 15mn plus loin, retour à l'aveugle jusqu'à la piste de ski, descente sous la pluie (!) et installation-séchage au resto du bas : la seule décision sensée de la journée autour d'une grosse cheminée ! 2 heures de route plus tard nous installons notre dernier camp de la semaine à Zabljiak (1440m), capitale (sic) du spectaculaire massif du Durmitor tout proche de la Bosnie. Sous un blizzard de neige fondue, pour changer. Car il restait (hélas ?) encore une journée à occuper !

Itinéraire détaillé : Kolashin --> vallon de Verusha, route non dégagée, aller le plus loin possible sur la route du col 1512m(4x4 recommandé). Montée : suivre la route/piste jusqu'au col, descendre 60m de l'autre coté (chalets de Brskutski Katun), traverser le pont et prendre la piste d'alpage à G jusqu'aux chalets de Katun Gornji Bushat (1650m). Remonter la combe NW menant au col au S du Maglic, de plus en plus raide (35° en haut - conditions sures de rigueur) puis gagner le sommet par sa croupe sud. Descente idem ou en circuit : repeauter aux chalets pour gravir le Pt 1984m par la rive G du torrent, puis descendre le magnifique vallon W qui s'achève dans un goulet forestier de plus en plus encaissé (100m raides et pénibles, quitter le ravin à G, portage) avant de déboucher sur le replat de Crna Rupa. Repeauter pour passer un petit col, de l'autre coté duquel on retrouve le pont, fin identique. La descente par le ravin exige un gros enneigement...

Conditions du jour : vallon plus enneigé que prévu, neige dès 1200m, skiable avec sous-couche vers 1350m (paralysie des véhicules...). Neige dure avec peu de dégel jusqu'aux chalets de Gornji Bushat, au delà - et pour la seule fois du séjour - une nivologie plus critique dans la grande combe raide menant au col sous le sommet : grosses accumulations en mode mille-feuille, difficile à analyser (c'est là qu'on regrette, à tort ou à raison, la sécurité psychologique d'un bulletin d'avalanche évidemment inexistant ici...). On a bien délesté, Manu est resté plutôt serein, moi un peu moins, Vanja (jeune père de famille) pas du tout...une bonne leçon de conjugaison serbe quand j'ai cherché à lui dire "je n'y serais pas allé avec les enfants"...Enfin cela dit aucun signe alarmant non plus, ni woumm, ni coulées spontanées. Neige du coup pas si facile à skier. Remontée au Pt 1984m plus sereine (fond dur), de même que la descente à vue dans le grand vallon opposé, neige molle et mouillée mais agréable en S, croutée en N.

Le ravin boisé qui suivait a tenu ses promesses, étonnamment commode et ouvert sur le haut...puis soudainement interrompu par des ressauts rocheux bien sûr absents des cartes (la piste d'alpage qui semblait si commode n'existe à l'inverse que sur le papier...)  : 120m de portage des skis parfois acrobatique dans une forêt raide, dense et glissante avant de rejoindre avec soulagement le plat de Crna Rupa, d'ou 20mn de repeautage facile permettaient de revenir au petit pont traversé le matin

Météo : la (seule...) vraiment belle journée de la semaine ! Grand beau très frais, vent faible mais bien froid en bas le matin, -3° à 2000m. De manière générale, bien comprendre que les chaines balkaniques sont les plus arrosées de Méditerranée (devant les Abruzzes puis la Corse), avec jusqu'à 5m d'eau sur les sommets dominant le fameux fjord de Kotor (!). Bref ne surtout pas imaginer le climat des Alpes du sud, les dépressions d'ouest se déversent ici avec la même ardeur que sur le Jura ou la Savoie...

Accès : 40km de Kolashin qui nous auront pris plus d'1h, la route étant dévastée par les engins de chantier chinois qui construisent la nouvelle autoroute Podgorica - Kolashin. A la mode chinoise bien sûr : à grand renforts de viaducs et tunnels, à toute vitesse, à coups de moyens colossaux (village chinois pour les ouvriers - tous masqués évidemment, usine d'enrobage, des dizaines et des dizaines de machines lourdes éparpillées sur des dizaines de km...). Achèvement prévu en fin 2020, nos heureux successeurs auront donc la plaisir de pouvoir skier ici à la journée depuis la capitale. L'enneigement de la piste finale, non dégagée, conditionne la longueur de la journée...

Hébergement : merveilleux accueil à l'Hotel Brile de Kolashin. Tout comme à Plav un personnel aux petits soins (bon on était encore les seuls clients !), des chambres vastes et douillettes, un petit sauna, des repas XXL qu'on n'a jamais réussi à finir, des P-dèj à l'aube si on le souhaite, un (trop) large choix de vins locaux bons et pas chers...comme partout au Montenegro, faut juste pas être végétarien, ici c'est viande matin, midi et soir !

Horaire : la grosse journée du séjour, 9h à 17h sans trop trainer.

Participants : Agnès & moi, Valérie, Odette, Jérôme + le contingent corse (Pierre, Beno et Manu le guidos) + Vanja Pejovic (guide local à recommander sans restriction !)

Suite et fin ici