Mera Peak , en circuit par l'Amphu Lapsha : semaine 2, du CB nord de l'Amphu Lapsha au CB du Mera Pe


Publiziert von Bertrand , 23. Februar 2012 um 15:29.

Region: Welt » Nepal » Khumbu
Tour Datum:25 Oktober 2001
Hochtouren Schwierigkeit: WS
Wegpunkte:
Geo-Tags: NEP 

La 1ère semaine depuis Lukla est racontée ici

Amphu Base Camp (5350m), 21/10 

Eh oui, c’est dimanche ! Drôle de façon de passer un dimanche, penseront certains. Pour l’occasion, le réveil est quand même repoussé de 6h00 à 6h30 (n’oublions pas qu’on est au lit avant 20h00…). La météo suit toujours son régime immuable, nuits claires et glaciales (-5° dans la tente cette fois-ci) , les matinées sont étincelantes, les cumulus apparaissent vers 12h00 et occupent une large partie du ciel l’après-midi, sans autre conséquence que de rendre l’atmosphère instantanément pinçante et de laisser échapper occasionnellement 3 flocons de neige. Les contrastes de température confinent à l’invraisemblable et il n’est pas rare d’attaquer une pause de midi en T-shirt accablé de chaleur pour la terminer en frissonnant avec 4 couches de vêtements pour peu qu’un nuage ait caché le soleil et qu’une simple brise ait eu la mauvaise idée de se lever en même temps…
 
Comme prévu, paysage de plus en plus minéral, la neige fait son apparition vers 5000m sur un flanc de moraine à l’ombre. Cela ne semble guère incommoder Lakhpa et ses baskets alors que la majorité du groupe a déjà sorti l’artillerie lourde  et les coques plastiques. Le même Lakhpa, en sa responsabilité de “ sirdar ”, m’explique tranquillement que 2 porteurs (dont notre unique porteuse – sniff !) se sont avérés trop “ faibles ” pour passer le col et ont donc abandonné le groupe, “ mais il n’y a pas de problème ”. Quand je lui rétorque que cela fera plus de poids à répartir  sur le dos des autres il me répond avec beaucoup d’aplomb “ pas du tout ”. La logique orientale gardera toujours ses mystères pour un esprit européen…
 
Quant au fameux col en question qui monopolisait discussions (et inquiétudes) ces derniers jours, il finit enfin par dévoiler ses 5800m au détour d’une moraine. Gloups ! De loin, on ne distingue qu’un immense couloir neigeux d’allure verticale bordé par une paroi rocheuse striée de terrasses blanches. Heureusement que Martin, scrutant le tout attentivement avec ses énormes jumelles de biologiste tout-terrain, tente immédiatement de nous rassurer : “ je vois la trace, il y a même des gens dedans, cela passe sûrement tout seul… ” ce à quoi Lakhpa et Pertemba rétorquent en chœur pour la Xième fois : “ NO PROBLEM ” ! ! !
 
5350M , un camp minéral à souhait au fond d’un cirque glaciaire où le soleil doit être rare. Il faut renoncer à la tente-mess reconvertie en abri de fortune pour les porteurs, qui même vaguement équipés pour le col nous font un peu pitié. Promesse est faite aux aides cuisiniers de leur céder nos polaires pour la nuit alors que le petit Dawa me racontait, avec son sourire candide et désarmant, avoir eu vraiment froid la nuit dernière…
 
Quant à l’altitude, 1000m de progression en 2 jours rendent le camp un peu “ limite ” au niveau acclimatation…croisons les doigts pour que personne ne déclenche un début d’œdème au milieu des raides pentes du col le lendemain. Notre pharmacopée de choc anti œdème pulmonaire, cérébral et tutti quanti est mise de côté sur le haut du sac ; même un puriste comme Martin consent à se doper au Diamox, un diurétique réputé combattre l’hydre sournoise du Mal Aigu des Montagnes, le fameux MAM dont la seule évocation trouble les nuits des montagnards anxieux…
 

Panch Pokhari (5500m), 22/10 

Et d’une ! Le dragon est terrassé, l’Amphu Lapsha qui minait notre sérénité de façade est franchi ;  nous sommes désormais livrés à notre destin dans cette sauvage vallée de Hongku dont on ne peut ressortir que par le col glaciaire du Mera La (5400m et au programme dans 3 jours) ou…par l’Amphu Lapsha en sens opposé. Un endroit mal choisi pour tomber malade ou se casser une cheville. 80% de la montée du col, si impressionnant vu du bas, se déroulent en fait dans une caillasse mêlée de neige fastidieuse mais guère problématique.
 
Les 100 derniers mètres beaucoup plus redressés ont par contre été à la hauteur de nos attentes : plus de 2h30 avec pose de cordes fixes pour les porteurs (mais que nous n’étions parfois pas fâchés d’utiliser !) et surtout un interminable treuillage de toutes les charges sur le dernier ressaut mixte. Sisyphe a dû passer par le Népal,  d’autant que chaque sac semblait prendre un malin plaisir à aller se coincer obstinément sous la moindre saillie rocheuse…Félicitations à Pertemba ayant tiré comme un taureau sur la corde 2 heures durant (on imagine ce que ça représente à 5800m…). Et aussi à tous nos porteurs qui profitaient de leurs hottes vides pour doubler au galop dans leurs godillots de cuir entourés de chaussettes (! ! !) tous ces alpinistes suisses hérissés de crampons-piolet dernier cri. “ Tous des fiotes ” (des lopettes, si on préfère), Martin et son slogan font vraiment mouche à ce moment là…Quelques éléments hétéroclites (hotte vide, réchaud, brûleur…) parsemés sur la pente par un quelconque prédécesseur montrent pourtant que le passage ne s’effectue pas toujours sans incident !
 
Après une longue pause au sommet dans un paysage extraordinaire, la trace de descente louvoie intelligemment entre un paquet de séracs photogéniques à souhait avant de s’achever dans une pierraille croulante menant au camp du soir. Encore bien haut à mon goût (5500m au bout d’une semaine est à la limite du recommandable) mais difficile de demander à nos porteurs exténués, dont les derniers arriveront 1h avant la nuit, d’aller beaucoup plus loin. Ces jolies pentes de neige (pour nous en crampons…) se sont évidemment révélées bien plus scabreuses pour eux, les obligeant parfois à des aller-retour pour fractionner leur paquetage et éviter une glissade aux conséquences fâcheuses malgré d’occasionnelles cordes fixes !
 
Cela dit, les porteurs d’une équipe américaine croisée à la descente ne semblaient guère mieux lotis, écrasés sous des charges encore plus lourdes, arque boutés sur des cordes fixes aussi fines que de la corde à linge pour venir à bout des ressauts neigeux ; le tout sous un soleil aveuglant…Une fois de plus nos consciences occidentales se partagent entre une admiration illimitée devant tant de force et de courage, et l’inévitable mauvaise conscience d’utiliser celles-ci pour satisfaire notre soif de grands espaces. Mais là encore, rien n’est simple : le portage est une tradition séculaire ici et un vecteur clé de la vie économique locale. Un engagement pour un trek est une situation privilégiée car les charges y sont moins lourdes ( !) et le salaire  - 5$ par jour – plus élevé ( ! !) que pour un “ portage commercial ” traditionnel…
 

Chamlang base Camp (4950m), 23/10 

Les jours d’avance s’accumulent, car après avoir “ sauté ” une journée consacrée théoriquement à équiper l’Amphu Lapsha, notre sirdar a décidé aujourd’hui de grouper 2 étapes en une. Au grand dam des porteurs qui auraient apprécié une journée plus tranquille après la rude bataille de la veille…Tout ceci fait approcher le Mera Peak bien vite à mon goût alors que le programme initial traînait volontairement pour ne pas brusquer l’acclimatation. Peut-être Lakhpa ressent-il le besoin inconscient de s’échapper au plus vite de cette vallée somptueuse mais austère dont on ne peut sortir que par des cols glaciaires infranchissables par mauvais temps.
 
Une journée de plus dans un décor grandiose rehaussé comme toujours par un soleil radieux, une journée de plus à déambuler tranquillement en descente, tantôt sur de doux sentiers de terre, tantôt à travers de vilains chaos de gros blocs dont on se demande encore comment jamais un porteur ne s’y casse une cheville avec ses 35kg sur le dos…Au 1er plan, une enfilade de lacs verts, plus loin la neige scintillante recouvrant les moraines, en toile de fond Lhotse, Baruntse, Chamlang et Cie, de 7000 à 8500m, plus vertigineux et étincelants les uns que les autres. En invité surprise dont chacun se serait bien passé, un vent de face absolument glacial donnant aux mamelons d’herbe rase tapissant le fond de la vallée un petit air de plateau tibétain. Quand le brouillard s’abat sur nous au voisinage du camp du soir, c’est plutôt sur la lande écossaise un soir de novembre qu’on se croirait plongés ! Qui a parlé d’Ibiza au mois d’août comme prochaine destination de vacances ?
 

Replat anonyme sous le Mera La (4800m), 24/10 

Notre Karma +++ ne pouvait éternellement durer ; pour la 1ère fois depuis le début du séjour la météo commence à faire des siennes, comme par hasard à l’approche du sommet…Oh encore rien de bien méchant, juste une après-midi occupée par d’irrégulières giboulées de grésil peinant à blanchir le toit des tentes. Ce qui est vexant, c’est justement que ces 2 jours ont été réduits à des ½ étapes pour griller un peu l’avance acquise et améliorer l’acclimatation. En accordant accessoirement un peu de repos à nos porteurs éprouvés par les jours passés et la rudesse des conditions.
 
Mais pour ceux qui rêvaient de longues siestes au soleil sur l’herbe chaude, c’est raté – l’après-midi ressemble plutôt à ces récits d’expés où les alpinistes frustrés laissent passer les journées cloîtrés dans leur tente à lire (en moufles) dans l’attente d’un hypothétique retour du beau temps…On est encore loin de tout cela et nos sherpas continuent de rire et chanter au son nasillard de leur petit transistor – Radio Népal traverse les montagnes et aux dernières nouvelles Ben Laden n’est toujours pas capturé !
 

Mera Peak Base Camp (5300m), 25/10 

Une fois n’est pas coutume, un petit déjeuner au soleil alors que la température n’est même pas descendue au dessous de –5° dans la tente cette nuit. On se croirait presque aux Baléares dont la popularité, comme prochaine destination estivale, semble grandir dans le groupe en proportion avec la rudesse des conditions présentes…mais on ne dénoncera personne ! Évidemment ces bons moments ne durent pas et sitôt partis une nappe de brouillard (glacé, bien sûr) remontée comme par enchantement des basses vallées vient recouvrir notre chemin. L’ambiance replonge vers le frigo mais la purée de poix permet quelques belles ambiances photogéniques – c’est ce qu’on doit appeler la pensée positive ! Comme la brume s’élève sournoisement à peu près au même rythme que nous, inutile d’espérer grand chose ; et pourtant oh surprise l’obstination finit par payer et les alentours du col où nous installons notre camp sont miraculeusement baignés de soleil, juste au dessus des derniers nuages.
 
Ombres et lumières : la popularité du facile (en tous cas techniquement) Mera Peak rend l’endroit passablement sali par le passage des expés mais le sommet en question scintille magnifiquement dans l’azur du haut de ses 6460m. “ Pureté des cimes et bassesse de l’humain ” pour résumer la pensée de notre ami Yves le “ Yeti loco ”…
 
Rien ne vaut un bon partage des tâches : pour la saleté, Yves et Martin effectuent avec un zèle tout helvétique une collecte de tous les déchets avoisinants afin d’en brûler l’essentiel. Pasang les regarde faire avec sérénité tout en nous expliquant que que si les “ autres ” agences de trek se comportent porcivement (bouh !), Mountain Travel se fait un point d’honneur de consumer ou d’enterrer toutes ses ordures. On aimerait tant le croire…
 
Quant au Mera Peak et à ses glaciers scintillants au dessus de nos têtes, la stratégie initiale envisagée était bien sûr de “ faire comme tout le monde ” c’est à dire de couper l’effort en deux en installant un camp d’altitude à 5800m. Mais cette tactique n’est pas sans inconvénient : d’abord la place là haut est très limitée, très convoitée, et bien sûr pas réservable ; ensuite, chacun vous le dira, on ne dort guère confortablement sur la neige à 5800m, ici comme ailleurs. Enfin demander à nos cuisiniers et à quelques porteurs de nous accompagner y passer une nuit dans leur équipement primitif est vraiment à la limite de la correction humaine…
 
Au terme d’une âpre discussion, décision est finalement prise de tenter le sommet en une journée du bas ; au grand dam de Yves qui se voyait déjà rester 2 jours là haut pour nettoyer tous les mamelons glaciaires avoisinants ; nos sherpas – qui nous affirmaient pourtant il y a quelques jours que nous étions incapables d’une telle performance physique – se déclarent soudain enthousiasmés par l’idée…avec la perspective de quitter d’autant plus vite ces altitudes minérales et glacées pour replonger vers les riants villages des “ basses ” vallées (moins de 4000m). Le réveil est mis à 3h pour ce qui constituera peut-être un record d’altitude pour 5 des 6 membres du groupe – Mera nous voilà !
 
Suite et fin ici

Tourengänger: Bertrand


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