Punta Forciaz (3240m) : oasis au pays des hélis

Petit WE valdotain en amoureux en abandonnant les 2 monstres à leurs grand-parents genevois. Bien que fanatiques du Val d'Aoste, on n'était jamais allés dans le Valgrisenche autrement que début mai sur les classiques de printemps de Mario Bezzi (Traversière & co). Le bilan est contrasté : la neige est bien plus abondante que chez nous cette année, et la vallée regorge de magnifiques itinéraires d'envergure sur des sommets entre 3000 et 3400m avec petits glaciers, pentes raides taillées pour le ski et jolies mélèzeraies dans le bas. Par contre quand les conditions sont aussi "invitantes" que ce samedi (beau, nivo 2, 15-20cm de fraiche récente peu ventée...) la nuisance des hélicos devient assez pénible. La Punta Forciaz était épargnée ce jour là (on s'était rabattus dessus vu le cirque sur Rabuigne), mais  nous avons compté une vingtaine (!) de rotations entre Rabuigne, Ormelune, Rutor et autres entre 9h et midi. Le pire c'est qu'ils ne se limitent pas à un sommet défini et autorisé mais qu'ils posent absolument n'importe où au gré de la neige, souvent au beau milieu d'une pente anonyme...on en a même vu un aller récupérer un groupe à Uselières pour lui économiser qques kms de pousse-baton le long de la route du lac...

L'itinéraire (commun avec Rabuigne jusqu'à environ 2500m) est long et pas si commode à identifier, nous nous sommes laissés induire en erreur par les traces d'héliskieurs arrivant du Col de Cussunaz et sommes montés trop haut : le mieux, une fois rejoint l'alpage à 2190m par la piste, est de se caler sur le sentier d'été n°2 pour traverser à l'orée de la forêt en direction du refuge (viser le pied de l'épaule issue du Truc de la Seyaz, ne pas trop monter même si des traces y invitent). Depuis le refuge, la suite est bien visible. A la descente, le mieux est de couper en diagonale dans la forêt de mélèzes clairsemés aussitôt franchi l'épaule de la Seyaz, on retombe sur les lacets de la piste empruntée à la montée.

La course est vraiment magnifique en termes de paysages, d'ampleur et de pentes à skier, il faudra simplement se résoudre à y aller à partir de mi-avril (on peut alors partir d'Uzelières, le départ reste enneigé très tard) quand les héliskieurs seront déjà tous à St Tropez. Ou se promener à vélo et à pied en automne...Dommage pour ce Valgrisenche qui aurait tant pour lui. Comme nous le disaient 2 jeunes randonneurs italiens croisés au départ "brava la Francia, bravo Giscard per avere proibito questa merda" ! Pourtant ils n'étaient sans doute pas encore nés à ce moment là...

Le lendemain relief bouché et neige faible mais continue, nous avons opté pour le ski de fond en parcourant les 40km de la Marcia Paradiso depuis Epinel (vallée de Cogne). Itinéraire nordique de toute beauté pour les amateurs du genre, parfaitement tracé et balisé avec une glisse extra, on passe au pied des célèbres cascades de Valnonthey et Valeille qui étaient bien occupées ce jour là. On conseille de prendre le goûter à l'Hotel Ondezana de Lillaz où le patron passe en boucle les films de dry-tooling et ski extrême sur TV Mountain en vous racontant la visite récente de Gabarrou, Bonington et Mick Fowler.

Météo et conditions : grand beau se voilant l'après-midi, plutôt froid. Enneigement en quantité très convenable du haut en bas, 40-50cm dès le départ, on ne touche jamais. Le Val d'Aoste nous a semblé sensiblement plus fourni que par chez nous...les 15-20cm de poudreuse peu ventée tombée 3 jours plus tôt reposent sur un fond très irrégulier, parfois durci par le vent comme dans la combe terminale au dessus de 3000m, parfois composé d'un gros paquet plus ou moins sain de neige sans cohésion comme dans la forêt sous les 2200m. Entre les deux ça varie rapidement de l'un à l'autre...Skiabilité de moyenne à bonne, jamais de carton. Risque annoncé 2, pas de signe suspect constaté, mais difficile de se faire une idée bien précise.

Participants : Agnès et moi. Croisé 8 autres personnes sur la course, mais aperçu au loin pas mal d'héliskieurs qui heureusement rentrent presque tous en vallée pour l'apéro de midi.

Hébergements : Refuge de l'Epée non gardé mais il y a un local d'hiver. Excellent Camp de Base pour la région à l'Hotel Edelweiss de Villeneuve (stratégiquement placé à l'entrée des 4 Vallées du Massif du GP), cadre pas très romantique proche de la route mais accueil absolument adorable, gastronomie *** (yc un buffet de P-déj), chambres spacieuses, le tout pour le prix d'un refuge (40 Eur pp la 1/2 pension). Avec une excellente boutique de produits régionaux juste à coté pour refaire ses stocks de Génépi valdotain ou de "Fontina d'alpeggio"...

Itinéraire suivi : Accès routier : Genève - Aoste - Valgrisenche - parking rive D du barrage de Beauregard 8bifurcation indiquée à G juste avant l'entrée dans Bonne). Suivre la route longeant le lac, prendre la piste forestière à G après le tunnel pour monter à l'un des derniers alpages vers 2190m, traverser à D en suivant l'itinéraire d'été (sentier n°2) jusqu'au Refuge de l'Epée (2380m). Remonter le vallon et emprunter une combe à G, bien visible du bas, menant au Col 3010m par le petit glacier de l'Epée (150m à 35°/37°). Du col, une combe en pente plus douce à G mène au sommet 8edrniers mètres à pied un peu exposés).