L'Aveyron à vélo : Albi - Rodez par le chemin des écoliers


Publiziert von Bertrand , 11. Juni 2019 um 15:51.

Region: Welt » Frankreich » Aveyron
Tour Datum: 3 Juni 2019
Mountainbike Schwierigkeit: L - Leicht fahrbar
Wegpunkte:
Aufstieg: 4250 m
Abstieg: 3850 m
Strecke:Albi - Cordes - Laguépie - Najac - Villefranche de Rouergue - Belcastel - Estaing sur Lot - Rodez (250km)

Magnifique traversée cyclotouristique à travers les paysages enchanteurs du Tarn, de l'Aveyron et du Lot. Un concentré de toute la beauté du sud-ouest : petites routes bucoliques et privées de trafic, villes historiques, villages plus romantiques les uns que les autres, gastronomie incomparable, rivières noyées dans la verdure...peu d'endroits se prêtent davantage au vélo que l'Aveyron (et nous avons un certain vécu !). On croise pourtant 100 (ou 1000) fois moins de cyclistes que sur les bords du Danube ou à Mallorca, allez comprendre...

Albi et Rodez sont reliés par le train régional Toulouse-Rodez (1h20, 8 liaisons par jour, aucun souci pour transporter des vélos) ce qui facilite énormément la logistique. Par contre  le trajet en train depuis la Suisse est long et laborieux, nous avons du nous résoudre à prendre la voiture (Berne-Rodez = 8h de route pure). Et à consommer 2 jours de vacances de part et d'autre du Pont de l'Ascension (mercredi --> lundi) afin de ne pas voyager dans les bouchons - cela permet aussi de garder un kilomètrage quotidien compatible avec la découverte culturelle (et avec les moyens physiques des enfants !)


J1 - mercredi 29/5 :

Arrivée à midi à Rodez (on avait fait la moitié du trajet depuis Berne la veille au soir avec une étape entre Lyon et St Etienne), petite balade dans la jolie vieille ville sous un ciel changeant et une bise aigre...on regrettera tout cela en rotissant au soleil quelques jours plus tard ! Location du vélo électrique de mon papa chez Boutonnet Cycles à coté de la gare, avec lesquels (papa et le vélo !) j'embarque par le TER de 14h30 pendant que la famille prend la voiture. On se retrouve tous à Albi vers 16h pour entamer la visite de cette somptueuse cité, une des plus belles de tout le sud-ouest selon nous. La cathédrale fortifiée, qui domine le Tarn, est une pure merveille tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. La vieille ville piétonne regorge de restos aguicheurs, la difficulté consiste à trouver un menu végétarien pour fêter les 18 ans (sigh) de notre grande poussinette. Pour passer la nuit, l' Ibis Budget est un point de chute idéal avec parking extérieur et moins de 10 minutes à pied jusqu'à la vieille ville.


J2 - jeudi 30/5. Albi - Laguépie, 50km / +650m

C'est parti pour la 1ère d'une série plus ou moins infinie de montées et descentes. Avec 20-25kg de matériel de camping à tirer dans la carriole je ne fais pas trop le malin, difficile de rivaliser évidemment avec le vélo électrique hi-tec de mon vénérable papa (qui a cela dit 4,5 fois l'âge de notre poussinette...) mais je parviens quand même à suivre le rythme du reste de la famille. Pause de midi au très touristique mais magnifique village de Cordes sur Ciel - comme souvent dans la région on se croit arrivé en parvenant au pied, pour se rendre compte que le quartier historique est perché tout en haut d'une sorte de citadelle 50 (ou 100, ou 150...) mètres plus haut.

Nous retrouvons Bruno et Karine, venus en presque voisins du Puy en Velay,  et qui nous accompagneront de temps à autre jusqu'à Estaing. Juchés sur de somptueuses montures Pinarello (le vélo de Froome, on taiera le prix), ils feront preuve d'une infinie patience pour nous attendre (ou pour rouler à la vitesse d'un joggeur...) tout en nous faisant profiter de leur incroyable érudition du Massif Central.

La portion Cordes-Laguépie est balisée pour le vélo - de toutes manières, vélo-route ou pas, le trafic motorisé est excessivement faible sur au moins 90% du parcours. La Suisse, qui s'autoproclame pays du vélo mais ou on rencontre surtout beaucoup de voitures, est désormais bien loin. Nous avons passé la nuit à l'idyllique Camping des tilleuls au bord du Viaur, qui se jette juste à coté dans l'Aveyron.

L'arrivée au dit camping se mérite avec une cote bien raide, c'est évidemment là que la carriole a choisi de crever...La chambre a air de rechange était également défectueuse, la micro-pompe anémique, le soleil tapait dur - heureusement que mon père a pu jouer les pompiers de service pour me ramener une grosse pompe à pied qui ne quittera plus la carriole (j'étais plus à 2 kilos près !). Heureusement aussi que j'ai toujours non pas une mais deux chambres à air de rechange, vu mon exceptionnelle amour des crevaisons...


J3 - vendredi 31/5. Laguépie - Villefranche de Rouergue, 50km / +950m

Vive la technologie ! La pause de midi est prévue à Najac. Néanmoins une analyse approfondie du matériel cartographique embarqué permet de voir que - si la route directe est sans doute déjà fort tranquille (blanche sur la carte Michelin) -  il y a moyen de faire mieux...en rajoutant de petits crochets par les hameaux de Lez et de St Martial, par exemple...il suffit pour cela d'utiliser les petits rubans asphaltés que seul un zoom sur la carte au 25.000 fait apparaitre !

Exalté par la puissance de sa monture electrique, mon papa caracole hélas avec trop d'avance, suit bêtement les panneaux, et rate une bifurcation stratégique. Heureusement que nos ados-geeks nous ont fait découvrir la veille la fonction "envoyer sa localisation" de Whatsapp. Bref un coup de géolocalisation et un appel téléphonique plus tard nous sommes à nouveau réunis. Je me demande ce qu'on aurait fait il y a 20 ans dans un cas semblable ! La longue descente sur l'Aveyron met certains poignets à rude épreuve mais notre ainé prend sa revanche dans l'interminable remontée sur Najac - là encore le coeur historique du village est situé près de 150m au dessus de la rivière. Parfait pour s'ouvrir l'appétit.

La longue déambulation dans les rues de cette ancienne citadelle sera l'un des coups de coeur du séjour. Elle n'a d'ailleurs jamais pu être conquise ni par les Anglais durant la Guerre de 100 ans ni par le bourreau des Cathares Simon de Monfort ! L'après-midi, une petite remontée suivie d'une longue descente nous ramène sur les bords de l'Aveyron. J'avais bien sûr proposé une variante plus musclée avec 300m de montée (raide et surchauffée comme il se doit) mais j'ai été mis en minorité, allez comprendre. La fréquentation automobile (sic)  est telle que 2 grosses couleuvres prennent paresseusement le soleil au milieu de la route...seul Bruno aura le courage d'évacuer la seconde pour la remettre dans la rivière.

A l'entrée de Montheil, papa nous rejoue la partition "directissime" du matin pendant que le reste du groupe fait un crochet par le village. Whatsapp géolocalisation bis, ce coup-ci tout le monde est rodé. L'arrivée sur Villefranche est un peu pénible, raidillon défoncé puis courte portion de grosse route, mais c'est le prix à payer pour retrouver les commodités d'une ville : un marchand de vélo pour racheter des chambres à air pour la carriole, un petit supermarché pour restocker autre chose que pain-fromage-biscuits...On y trouve aussi un camping assez luxueux et de bons petits hotels (au moins vu de dehors...) pour ceux qui ne campent pas. Ah oui ne pas suivre Googlemap vélo pour arriver audit camping sous peine de se retrouver perdu sur un sentier raide et racineux venant buter sur la grille fermée du stade adjacent...pour le reste cette ancienne bastide est aussi belle que ce qu'en disent tous les guides bien informés, encore plus dans la fraicheur et la quiétude du soir.


J4 - samedi 1/6. Villefranche de Rouergue - Belcastel, 48km / +1000m

La 1ère heure de vélo est un pur bonheur sur une petite route tranquille serpentant au bord de l'Aveyron, ensuite il faut se résoudre à remonter de près de 400m pour prendre pied sur le plateau au sud de la rivière. Heureusement que la Bastide l'évèque, à mi-chemin, dispose d'une boulangerie artisanale comme on n'en trouve plus beaucoup même dans les coins les plus reculés de la France profonde. Nous sommes servis par un boulanger hirsute et à moitié couvert de farine qu'on croirait sorti d'un récit de Pagnol...il nous explique dans un accent inimitable qu' "il fait tout tout seul". Là ou Arnaud-lapinou passe les étals de viennoiserie trépassent, bref on reprend la route bien lestés de l'intérieur et de l'extérieur.

Tout ça pour rien finalement, une longue descente sur Compolibat anéantit en 10 minutes tout le dénivelé gagné et on se retrouve à nouveau sur les bords de l'Aveyron. Consolation : dans une magnifique aire de pique-nique où ma valeureuse maman nous a précédé avec la voiture-balai. Le "Compolibar" voisin permet de prendre le café sous les remarques admiratives de ses tenanciers - toujours un peu surpris de voir ces gens du nord venir transpirer à vélo sur les routes accidentées de leur belle région...

Car comme toute rivière digne de ce nom, l'Aveyron coule au plus bas de la vallée et il faut donc remonter sur le plateau, coté nord pour changer, avant de redescendre vers Belcastel. Le contingent bernois campe dans le village au bord de l'eau, mais le reste du groupe dort à la ferme-auberge de Luc le Haut, 200m (!) plus haut comme le nom l'indique. L'inconvénient c'est que c'est aussi le seul endroit pour manger (excellemment d'ailleurs)...s'ensuit donc une complexe opération logistique pour laisser tous les vélos en haut et faire les AR au camping (200m plus bas pour ceux qui ont suivi) en voiture. Ce sera toujours ça de gagné le lendemain !

Les puristes objecteront que c'est inélégant et ils auront raison. Mais la manip s'avère de surcroit plus compliquée que sur la carte : le camping est du mauvais coté de Belcastel, coté sud de l'Aveyron...c'est à dire qu'il faut emprunter un vieux pont de 2m de large, opération particulièrement terrifiante avec un Grand Scénic. C'est bien là peine de faire un voyage a vélo pour stresser en bagnole ! Pour tout arranger le minuscule village est investi pour le WE par sa brocante annuelle célèbre à des lieux à la ronde - de retour au camping la nuit tombée, il faudra encore aller poser la voiture suffisamment loin des hostilités pour ne pas se faire piéger par les étals des antiquaires le lendemain matin. Les routes sont toutes minuscules et il n'y a bien sûr aucune information fiable sur celles qui seront barrées le dimanche...

Pour le reste Belcastel fait partie des plus beaux village de France et ce titre n'est pas usurpé. Inutile de chercher les fautes de goût sur toutes les images que chacun stocke compulsivement sur son Iphone, il n'y en a pas : la pente de la citadelle met en valeur des maisons médiévales restaurées avec juste ce qu'il faut de patine, la petite église est bien à sa place de l'autre coté de la rivière, les vieilles pierres rouges du pont contrastent avec le vert de l'herbe et de l'eau, le chateau domine fièrement tout cela et les fleurs occupent les derniers espaces vacants. "Laissez en pour les autres !" serait-on presque tenté de dire...


J5 - dimanche 2/6. Belcastel - Estaing, 59km / +950m

Nous nous réveillons alors que la moitié du petit camping est déjà occupée par les stands des brocanteurs...heureusement qu'on avait déposé la voiture à l'autre bout du village...sauf qu'en y arrivant nos tentes sous le bras c'est la mauvaise surprise : la route est barrée juste après ! Avec une voiture en travers au cas ou quelqu'un serait tenté de passer en fraude, chose il est vrai probable dans un pays comme la France. Damned, nous sommes faits...il faut se résoudre à faire 1/2 tour et à retraverser tout le marché à l'envers avec l'horrible mauvaise conscience des touristes emmerdeurs...bon on parvient finalement à rejoindre le reste des troupes dans leur ferme auberge 200m plus haut à l'heure du P-dèj.

Cécile nous quitte aujourd'hui, car elle doit rentrer impérativement à l'école lundi. Ma mère la dépose à la gare de Rodez pour une odyssée de 12 heures de train avec 4 changements...mais Rodez  - Berne en TC c'est donc possible avec du temps et de l'abnégation ! Le reste du contingent cyclotouriste part pendant ce temps pour une longue étape sous un soleil de plomb. Sinon rien ne change : célèbres ou pas les villages sont invariablement beaux, le grès rose foncé met magnifiquement en valeur les vieilles maisons et contraste avec le vert intense d'une nature copieusement arrosée jusqu'à la semaine précédente. Mention spéciale à Marcillac et son marché animé qui nous permet de restocker les vivres. La longue montée qui s'ensuit est un peu moins appréciée par notre lapinou...mais nous sommes finalement tous réunis à Muret le Château pour dévorer les produits du terroir à peine acquis.

Longue remontée suffocante, mais elle s'achève juste avant la révolte des troupes et la longue descente sur les bords du Lot est l'un des clous du séjour. Estaing sur Lot est une étape incontournable du pélerinage de St Jacques, son château a été magnifiquement restauré par la famille de l'ancien président français, on y mange excellement comme toujours - mais le vrai coup de coeur sera pour le minuscule camping à la ferme de Jean Alaux qui a mis à disposition de mes parents un petit bungalow nous permettant de rester tous ensemble en cette dernière nuit. Merci à lui !


J6 - lundi 3/6. Estaing - Rodez, 42km / +700m

C'est le dernier jour et comme chaque année tout le monde est un peu triste, Cécile nous a quitté hier matin, Bruno et Karine hier après-midi...à l'unisson du moral des troupes, le ciel se couvre rapidement et nous essuierons même les seules (rares) gouttes du séjour. Le vélo d'Agnès exprime également son désaccord en crevant peu après Bozouls ! 10mn chrono pour réparer, je n'ai apparemment pas perdu la main. Et puis un voyage entier sans au moins 2 crevaisons (ou 3, ou  4, ou 10...) ce ne serait pas drôle. 

Si le village de Bozouls, perché au sommet d'une grande falaise, est le clou de l'étape, le reste est un peu en retrait par rapport au feu d'artifice des jours passés - l'intérêt c'est que ça permet d'aller plus vite, sans compter que les jambes sont évidemment bien affutées au bout de 5 jours avec quand même plus de 4000m de D+ cumulé. Le café dominant la falaise est d'ailleurs en émoi ce matin : la nuit passée, un groupe de cambrioleurs a fracturé les portes de tous les commerces de la rue afin de s'emparer des fonds de caisse. La police est sur les lieux pour enquêter mais le patron et ses clients ont déjà des idées bien arrêtées sur la question. "Du travail de pro - surement une bande d'Europe de l'Est"  venus de la banlieue lyonnaise...

L'arrivée sur Rodez par une grosse nationale infestée de trafic rappelle hélas que si la France est le paradis absolu du vélo grâce à son réseau unique au monde de petites routes désertes, les TC y sont encore embryonnaires - d'où un recours systématique des gens à la voiture qui rend les grandes agglomérations vite pénibles. Enfin c'est vraiment un détail par rapport à l'enchantement des 6 jours écoulés.

Le temps de recharger les vélos sur le toit et de dévorer l'excellent menu du Buffet de la Gare de Rodez et chacun entreprend son odyssée de retour, mes parents en train + car + train jusqu'à Paris (8 heures), Agnès, Arnaud et moi en voiture (pas mieux). On évitera juste de suivre bêtement le GPS afin de ne pas retraverser les hauts plateaux de la Margeride, magnifiquement austères mais plus adaptés à un prochain raid à vélo qu'à une Renault Scenic écrasée de bagages ! Va maintenant falloir se creuser la tête pour imaginer déjà le circuit de l'an prochain...



Tourengänger: Bertrand
Communities: Kids & Hike


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Geodaten
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T1
3 Aug 90
Albi · paoloski

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