Aiguille de la Persévérance, la bien nommée...gneiss rouge sur fond de Mont Blanc

La virée de la veille à la Nonne, en remplacement des Courtes, n'ayant duré qu'à peine 11 heures, nous étions donc fringants pour réattaquer une autre bavante du même acabit le lendemain sur le versant opposé de la vallée. Le match a été serré avec les Dalles au Pouce mais l'approche de ce dernier exigeait encore les crampons ou au minimum les grosses dont on avait grand envie de se débarrasser après y avoir macéré tout le lundi...de surcroit il aurait fallu prendre les remontées de l'Index ce que nous ne faisons (enfin moi en tous cas) qu'à gros contrecoeur et qu'en cas d'absolue nécessité.

La Sud intégrale de la Persévérance s'impose donc logiquement malgré les (ou en fait grâce aux !) 3 grosses heures d'approche "by fair means" depuis le Col des Montets (et au moins autant au retour des Chamois, bien sûr). L'approche est absolument splendide le matin tôt, sur le plan pratique il faut quitter le sentier Montets - Index peu après le petit étang du Pt 2060 pour rentrer hors sentier dans une sorte de combe évasée assez évidente, traverser le pierrier dans le bas, puis remonter une croupe herbe/cailloux en visant le dome 2317m. On y retrouve une vague sente cairnée venue de ??? qu'on suit alors jusqu'à l'aplomb de la Persévérance, bien rester à plat à G pour ne traverser (à D) qu'au dernier moment le gros pierrier menant à la (bien visible) langue d'herbe/éboulis issue du socle de l'arête S. Il faut aimer marcher...

La voie a pas mal d'ambiance dans le bas même si le rocher n'y est pas exceptionnel (gneiss un peu lustré - pas par la patine - avec un grip moyen, pas mal de trucs sonnent creux dans la longueur clé qui n'est pas loin de valoir 5a selon nous). Le haut est plus facile, plus montagne, mais plus plaisant pour nous en particulier dans les quelques passages bien aériens au niveau la petite redescente/enjambée. Nous avons bien sûr poursuivi sur la Traversée de l'Aiguille des Chamois, jamais dure mais étonnamment aérienne aussi par endroits. Retour aux Col des Montets à vue en traversant à G les pentes d'herbes et de rocher moutonnées dominant les Lacs des Cheserys. Compter guère moins de 3h depuis le bas du rappel de l'Aiguille des Chamois, bref 10-12h sur la journée.

En conclusion on n'était pas fâchés de mettre le cap sur la Drôme dès le lendemain pour 3j de farniente avec nos 2 loustics dans la maison familiale teyssiéroise. 

Météo et conditions : Grand beau doux, vent nul.. Approche 100% sèche de même que le retour par le couloir S de l'Aiguille des Chamois. La voie est toujours très peu équipée...Il ne faut vraiment pas moins de 50m pour les rappels !

Participants : Agnès et moi, Raoul C (guide)

Dormir au voisinage : un coup de pub pour le Camping Pierre Sémard de Montroc où nous nous sommes refait des forces de retour du Couvercle la veille : calme à souhait, et proposant - sur réservation - pour 13.5 EUR un buffet du soir "all you can eat" absolument pantagruélique de hors-d'oeuvre, potage, fromages, desserts...Après 10h de crapahut nous avions cru bon d'exiger en sus un plat de pâtes ("ouais, vous ne nous connaissez pas, et puis le poisson en plat principal ça ne suffit pas..."). Que nous avons quasiment été incapables de toucher, à notre grande honte, vu ce qu'on avait engouffré avant.

Itinéraire détaillé : Voie classique en bon rocher, peu fréquentée du fait de son relatif éloignement. Un bon plan lorsque la foule des grands jours s'est donnée rendez-vous dans les Aiguilles Rouges !Approche : Du refuge du Lac Blanc (atteint depuis les remontées mécaniques ou depuis le col des Grands Montets), traverser vers l'E en direction de l'Aiguille de la Persévérance bien reconnaissable par son profil étroit et son sommet aplati. Remonter le couloir S du col de la Persévérance (à gauche en montant) en neige ou éboulis selon la saison jusqu'à la deuxième vire horizontale qui coupe l'arête S. En bout de vire se trouve une sorte de dièdre : c'est le départ de la voie (elle ne part pas vraiment du bas de l'arête car le rocher y est peu solide).

Monter dans le dièdre et contourner assez vite un gros bloc par la gauche pour atteindre une petite terrasse surplombée d'un énorme becquet (longueur assez courte, III, R1). Remonter la cheminée sur qqes mètres et en sortir par la gauche (1 piton) dans une sorte de dalle à réglettes (IV/IV+) qui débouche sur une grande vire peu inclinée (R2 : 1 piton). La remonter facilement jusqu'à son extrémité orientale (II, R3). Gravir le ressaut suivant par une fissure verticale sur environ 10m (IV) puis dans des blocs (30m, 2 pitons, R4 : 2 pitons sur une terrasse). Suit un petit mur en III puis une traversée à droite d'un gendarme pour atteindre une brèche par une légère redescente (R5). La longueur suivante remonte un ressaut grossièrement fissuré à gauche du fil de l'arête (40m, IV, 1 piton, R6 sur un replat de l'arête).
Gravir les dalles et contourner un petit "surplomb" avec de grosses prises (III, R7). Un petit mur facile sur la gauche permet de retrouver le fil de l'arête, assez aérienne mais facile (2 longueurs, le plus beau passage de la voie avec une vue grandiose). Sommet (crête horizontale puis replat assez large).

Descente : descendre 5m (II) vers le NW pour atteindre un relais (2 pitons et un spit). Tirer un rappel de 25,0m en restant sur le versant Chamonix de l'arête pour atteindre une faille. Descendre légèrement et contourner un angle à droite pour déboucher sur une vire facile puis sur l'arête W jusqu'à un nouveau rappel qui mène au col de la Persévérance (pitons et sangles en place - rappel de 20m) du col redescendre le couloir S pour rejoindre le chemin de montée (d'abord en rive gauche, puis en traversant à droite). La neige peut rester assez longtemps dans le haut du couloir. Il est également possible de poursuivre par la  traversée de l'Aiguille des Chamois dont la descente est plus agréable que par le couloir S du col de la Persévérance.

Remarques : La voie est très peu équipée : pas plus de 1 à 2 points par longueurs. Tous les relais sont à installer soi-même à part R4. La course se déroule avec en permanence avec pour cadre la Mer de Glace, la Verte et le Mont-Blanc.Il s'agit d'une course d'arête, le vide n'est pas trop présent sauf sur la fin et au début de la descente.