Balade de novembre dans le Val Onsernone


Published by stephen , 4 November 2025, 11h29.

Region: World » Switzerland » Tessin » Locarnese
Date of the hike: 1 November 2025
Hiking grading: T2 - Mountain hike
Waypoints:
Geo-Tags: CH-TI   Gruppo Pizzo Ruscada   I   Gruppo Pizzo di Madéi 
Height gain: 750 m 2460 ft.
Height loss: 750 m 2460 ft.
Route:Comologno - Piansecco - Spruga - Bagni di Craveggia - Tetto di Buco - Comologno
Access to start point:cff logo Comologno, Paese, bus depuis Locarno, toutes les 2 heures environ
Access to end point:cff logo Comologno, Paese, bus pour Locarno, toutes les 2 heures environ
Accommodation:Très limitées, il y a un hôtel à Comologno.

English version

Pour ce week-end à cheval entre octobre et novembre, nous sommes allés pour la première fois dans le val Onsernone, qui passe pour l’une des vallées les plus reculées du Tessin. Y arriver est déjà une aventure : la montée en bus de Locarno à Comologno dure une bonne heure, sur une route très sinueuse et très étroite par endroits, qui franchit d’innombrables ravins et vallons latéraux sur d’innombrables ponts. Dans les villages, le car postal passe tout juste entre les maisons en pierre qui bordent la route.  

Au moment de réserver notre hébergement il y a deux semaines, les prévisions météorologiques pour le week-end étaient bonnes, et notre intention était de monter au lago Salei et peut-être au Pizzo Zucchero. Mais les dieux de la météo n’ont pas tenu leur promesse et c’est sous la pluie que nous arrivons à Comologno vendredi en fin d’après-midi. Samedi matin il ne pleut pas et il ne fait pas froid, mais le plafond nuageux est très bas et il y a peu de chances que cela se lève complètement. Nous décidons quand même de monter en direction du lago Salei, quitte à improviser un autre itinéraire si les conditions ne s’améliorent pas. 

Nous quittons Comologno (1082 m) par un sentier typiquement tessinois, d’abord par des ruelles en escalier entre les vieilles maisons, puis par un chemin raide et herbeux, avec des marches en pierre par endroits, qui contourne la barre rocheuse surplombant le village. Le brouillard va et vient ; parfois, nous avons même le sentiment que le soleil va percer, puis les nuages descendent à nouveau. 

Arrivés aux maisons de Ligünc (1347 m), il faut faire un choix : poursuivre vers Salei ou faire une boucle à plus basse altitude. Aller plus haut n’a pas de sens, nous serons dans les nuages et ne verrons rien. Autant laisser les hauteurs pour une autre fois et rester dans la vallée, au moins nous profiterons des belles couleurs d’automne de la forêt. Nous décidons donc de descendre vers Spruga et les bains de Craveggia à la frontière italienne, puis de revenir par la réserve forestière qui occupe le versant sud du val Onsernone.

Depuis Ligünc, un beau sentier en balcon traverse un versant boisé et escarpé, avec des petites montées et descentes, franchissant quelques petits ravins. Quoique sans difficulté, ce chemin demande un peu d’attention à cette saison : le sol est tapissé d’une épaisse couche de feuilles qui cachent des pierres extrêmement glissantes, et il y a quand même du vide à gauche, il vaut mieux rester debout. Les couleurs sont magnifiques, tout est orange et jaune et, sous le couvert des arbres, le brouillard nous paraît moins épais.

Le sentier quitte la forêt juste en dessous du hameau d’alpage de Piansecco (1423 m), dont la première maison, en ruine, fait penser à celle des Hauts de Hurlevent que nous avons vue il y a quelques semaines dans le Yorkshire. Un peu plus loin, une femme qui était dans le même bus que nous depuis Locarno hier est assise sur une chaise en train de fumer devant son rustico restauré. Elle n’a pas l’air contente de nous voir, sans doute qu’elle ne s’attendait pas à voir sa solitude dérangée par des randonneurs à cette saison. D’autres maisons doivent elles aussi être occupées : des chiens aboient à notre passage et l’odeur d’un feu de bois s’échappe d’une cheminée. Pendant que nous faisons une pause pour grignoter du chocolat, les sommets de l’autre côté de la vallée apparaissent brièvement, avant d’être engloutis à nouveau par les nuages.

Nous descendons vers Spruga par un chemin raide qui traverse des alpages dans un premier temps, puis s’engouffre dans la forêt. Juste au-dessus des premières maisons de Spruga, des moutons broutent la dernière herbe de l’automne : certains sont tout blancs, d’autres sont noirs avec la tête blanche. 

Spruga (1112 m) est le dernier village du val Onsernone, et il y règne une ambiance de bout du monde. Les quelques habitants que nous croisons semblent sortir tout droit de la fin des années 1960, impression renforcée par les slogans politiques qui décorent les pignons de certaines maisons, peints à la main sur des draps blancs. Près de l’arrêt terminus du car postal, le petit magasin et le café du village sont fermés : fin de saison ou simplement jour férié, qui sait ?

Au-delà de Spruga, une petite route goudronnée interdite à la circulation automobile descend vers la frontière italienne et les bains thermaux de Craveggia. Nous croisons une randonneuse bernoise qui était dans le même hôtel que nous, et avec qui nous avons discuté pendant le petit déjeuner : elle fait à peu près le même circuit que nous mais dans l’autre sens. Juste avant les bains, un chemin quitte la route sur la gauche et descend pour traverser l’Isorno, la rivière de la vallée. Nous nous trouvons pile sur la frontière ici, et les panneaux de balisage sont dupliqués, il y en a des suisses et des italiens. De l’autre côté de la rivière, sur terre italienne, un sentier très glissant (deux courts passages sécurisés par une chaîne) monte en pente raide jusqu’à une caserne abandonnée, puis redescend jusqu’aux bains (1000 m), au bord de la rivière. 

Il ne reste pas grand-chose de l’établissement thermal construit ici au 19ème siècle et détruit par des avalanches au début des années 1950. Il y a eu quelques aménagements récents, avec une terrasse en lattes de bois et deux grandes baignoires en pierre à l’extérieur, mais il n’y a pas d’eau dedans aujourd’hui. Il se met à pleuvoir, alors nous délaissons l’aire de pique-nique et nous installons à l’intérieur de la chapelle juste au-dessus des bains pour manger.

Nous repartons à 13 heures 30, avec l’intention de suivre le sentier qui suit la rive sud de l’Isorno, dans la réserve forestière d’Onsernone. Nous repassons devant la caserne, puis continuons vers l’est, sur un sentier peu marqué et presque impossible à discerner sous les feuilles. Nous croisons un groupe de quatre jeunes marcheurs venant en sens inverse, ce qui est rassurant : le sentier n’est pas complètement inutilisé même à cette saison. Pourtant, nous n’irons pas bien loin. Le chemin descend dans le fond d’un ravin, où il faut passer un torrent assez conséquent (l’Isornia) à gué. La pluie a fait gonfler le torrent et, si nous réussissons à le traverser, nous ne parvenons pas à garder les pieds secs. Mais de l’autre côté, nous n’arrivons pas à trouver la sortie du ravin. Il n’y a pas de balisage, juste un petit cairn sur un rocher au milieu du torrent, et la paroi est bien trop raide pour être escaladée. Avons-nous traversé au mauvais endroit ou simplement manqué de voir un chemin évident, je ne sais pas. 

Nous faisons demi-tour, retraversons le torrent et revenons en arrière jusqu’à la route depuis Spruga, où nous voyons une magnifique salamandre noire et jaune qui traverse tranquillement la chaussée devant nous. Après un kilomètre environ, avant d’arriver à nouveau à Spruga, nous prenons un sentier sur la droite qui redescend, en lacets serrés et très raides, vers le fond de la vallée, que nous atteignons à Tetto del Buco (940 m). Il y a quelques maisons éparpillées ici, dont certaines ont été restaurées alors que d’autres sont à l’état de ruine. Un panneau indique 45 minutes jusqu’à Comologno, mais le sentier est tellement glissant que nous n’avançons que très lentement et mettons un peu plus d’une heure. Ce sentier reste plus ou moins horizontal dans un premier temps, passant devant deux ou trois maisons particulièrement isolées. Le chemin est difficile à trouver par endroits, notamment à la Piva où il se perd un peu après être passé sous le câble d’un monte-charge. Le balisage est quasi inexistant, et les quelques marques que nous voyons paraissent très anciens : rouge-blanc-rouge plutôt que le blanc-rouge-blanc habituel. Le chemin commence à monter, de plus en plus raide, avant de contourner un grand ravin où deux passerelles métalliques permettent de franchir des torrents. 

Un peu plus loin, nous quittons la forêt juste en dessous de l’église de Comologno avec son chemin de croix. Une magnifique vue s’ouvre vers l’est : on voit le val Onsernone dans toute sa longueur, avec ses versants boisés aux couleurs d’automne qui émergent de la chape de brouillard qui remplit tout le fond de la vallée. Il est 16 heures 15 et dans une demi-heure il fera nuit, ce qui me fait penser que nous avons sans doute bien fait de ne pas essayer de continuer sur le chemin de la réserve forestière, où nous aurions certainement mis plus de temps. Malgré la météo décevante, cette randonnée nous a donné très envie de revenir dans cette belle vallée.


Hike partners: stephen
Communities: Randonneur


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