Paroi de Bazel, voie des Soldanelles

La paroi sud de Bazel est une vaste muraille rocheuse haute de 300 à 400m située sur la frontière entre Savoie et Val d'Aoste - son versant nord en pente douce est recouvert de glaciers qui font le bonheurs des skieurs de randonnée séjournant au Rifugio Benevolo. Plusieurs grandes voies de 15 à 18 longueurs y ont été tracées sur un rocher magnifique, permettant de grimper à 3000m au soleil (expo plein sud) dans un cadre grandiose et une grande tranquillité (les 2h d'approche, 6h d'escalade et 2-3h de descente y sont sans doute pour quelque chose...). La voie des Soldanelles est la plus facile et la plus classique.

Topo détaillé ici

Dernier jour de notre campagne Vanoise-Beaufortain 2018 sous la corde (souvent bien tendue...merci à lui !) de Matthias entamée le 15/08 sur le rocher gluant et glacé de l'Aiguille de la Vanoise. La fatigue accumulée par 4 grosses (pour nous...) journées d'affilée, une nuit blanche (cf § hébergement) et un genou récalcitrant ont hélas mis Agnès hors de combat, dommage car c'était peut-être la plus belle voie du séjour. Je suis donc parti le coeur gros seul avec Matthias pendant qu'Agnès montait tranquillement au Prariond. Rythme assez soutenu du coup, du moins une fois trouvé - non sans mal - l'attaque. Les 1ères longueurs en rocher noir au grip moyen ne sont pas forcément enthousiasmantes mais la suite est vraiment magnifique, mention spéciale pour L8 et L9, des 4a d'anthologie (mais oui !) sur un mur vertical de rocher abrasif à souhait criblé de fissures et de trous, on se croirait presque dans les Dolomites...

Le seul petit bémol pour les alpinistes puristes est l'absence de sommet, on débouche juste sur une vague épaule caillouteuse loin de tout relief marquant (seul le difficile pilier sud sort vraiment proche d'un sommet). Descente en regardant attentivement ses pieds tout en papotant des projets à venir, Matthias essayait même de me vendre les Drus ou les Aiguilles du diable que j'avais depuis longtemps rayé de mes ambitions vu ma trouille croissante et ma forme décroissante ! 

Météo : une nouvelle fois annoncé orageux dès le milieu d'après-midi --> grand beau très doux, cumulus vers midi mais rien de méchant jusqu'à 15h, petites averses ensuite sur la route du retour, prévisions donc assez justes pour une fois...

Conditions : 100% sec ce jour là. Seuls sur toute la paroi. Le soleil arrive vers 8h. Pour trouver l'attaque, la plaque blanche de Pivot mentionnée sur le topo est bien visible du pierrier, remonter des gradins dans cette direction, ensuite il faut traverser au moins 30 m à G en ignorant un spit isolé au dessus. La 1ère longueur grimpante se fait sur un rocher noir feuilleté pas terrible, une corde à noeud aide à franchir un pas délicat 5m au dessus de la terrasse de départ. L'équipement est vraiment très espacé (et pas facile de rajouter), souvent 3 spits par longueur, il faut donc une bonne marge au leader, mais les pas délicats sont protégés et le rocher excellent tout du long. L'avant-dernière longueur traverse un peu mais elle est facile et plutôt bien équipée. Le passage clé de la 15ème et dernière longueur (6a+ / 6b en libre ou 5c/A0) est dans l'axe donc pas de souci en second...

Le haut de la descente, sur des dalles couvertes de gravier, exige un peu d'attention (T5) mais elle est bien cairnée et c'est plus facile en dessous jusqu'au départ du grand rappel dans la gorge. On n'a pas trouvé le relai intermédiaire donc on a fait juste 1 rappel de 50m, sans souci, c'est raide et lisse donc ça ne coince pas. La descente de la gorge est à nouveau pénible (T5 supra délité) mais c'est court, ensuite il vaut mieux remonter un peu à G plutôt que de couper à flanc, cela évite le terrain raide et permet de retrouver facilement le sentier de montée.

Accès : grand parking avec tables & bancs, toilettes, etc...au Pont St Charles (2040m), juste après Val d'Isère en montant vers le col de l'Iseran. Retour évidemment laborieux le soir à Berne, pas loin de 6h de route avec allure d'escargot vers Megève, puis Chamonix, puis Villeneuve...mais enfin "fa parte" comme disent les Italiens !

Hébergement : dormi à Val d'Isère (moins vilain que prévu, ils ont mis du bois et des lauzes sur les immeubles...) dans un studio déniché l'avant-veille sur booking.com. L'horreur absolue : le lit principal était en fait un canapé convertible hors d'âge, creusé à mort, où le moindre mouvement déclenchait un concert en ressorts majeurs réveillant toute la maison. Du coup nuit quasiment blanche jusqu'au réveil de 5h, bref pour des vacances romantiques on avait clairment préféré le Refuge du Ruitor la veille !

Horaire : départ 6h10, attaque 8h, sommet de la voie 11.20/11:50, retour 13:50 (au pas de charge)

Participants : Matthias D (guide) et moi