Sur le Chemin panorama alpin : Troisième étape, de Jakobsbad à Schwägalp


Publiziert von stephen , 12. Mai 2015 um 20:59.

Region: Welt » Schweiz » Appenzell
Tour Datum:10 Mai 2015
Wandern Schwierigkeit: T2 - Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: CH-AR   CH-SG   Alpstein   CH-AI 
Zeitbedarf: 6:00
Aufstieg: 1210 m
Abstieg: 800 m
Strecke:Jakobsbad – Urnäsch – Hochalp – Spicher – Schwägalp
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Jakobsbad
Zufahrt zum Ankunftspunkt:cff logo Schwägalp

English version here

J’avais prévu d’enchaîner les deux prochaines étapes de ma randonnée du lac de Constance au Léman, en passant une nuit à la Schwägalp. Mais les prévisions météo n’étaient pas bonnes pour ce samedi et ce n’est donc que dimanche matin que je me suis mis en route, prenant une fois de plus le Voralpen-Express vers la Suisse orientale. Deux heures et demie plus tard, quand le petit train rouge des Appenzeller Bahnen s’arrête à Urnäsch, je suis tenté de descendre. J’aurais dû terminer l’étape précédente ici, mais je me suis arrêté à Jakobsbad pour rentrer moins tard à la maison. Cela veut dire une heure et demie de marche et 200 mètres de dénivelée en plus aujourd’hui, ajoutées à une étape qui promet déjà d’être assez costaud. En fin de compte, je reste dans le train et ne regrette pas ma décision, car la randonnée de Jakobsbad à Urnäsch est très jolie et je suis en bien meilleure forme pour l’apprécier ce matin, étant encore frais.

Quittant la petite gare, je passe devant l’entrée d’un couvent, où deux religieuses sont en train de discuter et de rire ensemble. Je quitte la vallée par une route d’alpage qui fait bientôt place à une piste agricole, puis à un sentier qui passe par une alternance de bosquets et de pâturages. Des panneaux avec des textes de caractère spirituel cloués aux arbres ponctuent le chemin. Le premier de ces textes m’invite à trouver la paix en Dieu, chose que j’aurais été plus enclin à faire s’il avait pu arranger un sentier un peu moins boueux... Mais quelqu’un a dû lire dans mes pensées… un peu plus loin, un second écriteau me somme de ne pas être cynique !

La semaine a été pluvieuse, et cela se ressent dans l’état du sentier, notamment là où celui-ci passe en sous-bois. Le sentier descend dans un petit vallon, franchit un ruisseau à l’aide d’une passerelle étroite, puis remonte vers le pâturage suivant. Parfois, des planches de bois ont été installées pour faciliter le passage des endroits les plus boueux. Mais ces aides artificielles sont à double tranchant, car le bois humide et boueux est aussi glissant que du verglas. Dans une petite descente, je pose le pied sur l’une de ces planches et, le temps de me dire « Mauvaise idée », je glisse et me retrouve allongé par terre sur le dos. Mon sac à dos absorbe le choc et je ne me fais pas mal, mais j’ai les fesses couvertes de boue et je n’ose pas imaginer l’état de mes sandwiches, qui ont pris tout l’impact de ma glissade sur eux.

A l’alpage de Studen, un troupeau de jeunes bovins me regarde d’un œil curieux, puis quelques-uns d’entre eux se mettent à avancer vers moi à une vitesse qui ne me plaît pas trop. Je m’échappe sous une clôture électrique, ajoutant un peu plus de boue à celle déjà accumulée sur mon pantalon. Au chalet suivant, je dois passer par-dessus une nouvelle clôture électrique à l’aide de deux gros rondins de bois qui ont été posés de part et d’autre de la clôture. Je glisse une nouvelle fois sur le bois humide, m’emmêle dans les deux fils de la clôture et prends toute une série de décharges. Heureusement, le courant est faible, juste assez pour dissuader une vache : parfois on retrouve du 240 volts dans ces clôtures et là, j’aurais été mal...

Les maisons d’Urnäsch sont visibles maintenant, pas très loin. Le sentier descend à travers champs, passant par une série de clôtures électriques où je réussis à prendre un coup de courant de plus. A ce rythme, je serai chargé comme une batterie avant la fin de la randonnée ! Le sentier traverse la voie ferrée, puis la longe de tout près, assez près pour pouvoir toucher un éventuel train sans aucun problème. Heureusement que les trains appenzellois ne sont pas des TGV !

Depuis le train, Urnäsch n’avait pas l’air bien grand, mais il me faut une bonne demi-heure pour traverser le village d’un bout à l’autre. Sur la place centrale, dans une structure gonflable, se déroule une manifestation sportive plutôt bizarre. Deux équipes de deux garçons sont en train de jouer au foot, mais ils sont attachés les uns aux autres, ainsi qu’à la paroi du « stade », par de gros élastiques qui les retiennent et les empêchent d’avancer vers le camp adversaire. On dirait un baby-foot grandeur nature, avec des joueurs vivants. Il y a même un arbitre qui, lui, a le droit d’évoluer sans élastique.

A l’autre bout du village, je quitte le tracé officiel de l’itinéraire national No. 3 pour la première fois (mais certainement pas pour la dernière). L’itinéraire décrit dans le topo-guide de Suisse Rando se contente de suivre le fond de la vallée – et la route – jusqu’à la Schwäglp, à 3 heures et 10 minutes d'ici selon le panneau indicateur. Le topo admet même que ce tronçon « offre peu de panorama alpin ». J’ai repéré une variante sur la carte, une variante qui passe plus en hauteur par la Hochalp et le Spicher, et qui a l’air bien plus intéressante que le parcours décrit dans le guide.  Mais la journée est bien avancée, cela fait presque deux heures que je marche et midi a déjà sonné. Aurai-je temps de faire cette variante et d’arriver à ma destination avant le dernier bus ? Le temps de marche jusqu’à la Schwägalp par cet itinéraire n’est pas donné, mais le panneau indique 2 heures 10 minutes jusqu’à la Hochalp, et à mon avis il faudra encore trois heures après, plus au moins une demi-heure pour des pauses. Malheureusement, j’ai oublié de noter l’heure du dernier bus, et ne sais plus s’il part à  17:35 ou à 18:35 : dans le premier cas, ça risque d’être juste. Je décide quand même de tenter le coup, car il y a de nombreuses  échappatoires plus courtes vers la route et la ligne de bus.

A la dernière maison avant que le village cède aux champs, un chien de taille moyenne m’arrive dessus en aboyant de manière plutôt aggressif, comme si la route lui appartenait. Le propriétaire le rappelle depuis l’intérieur de la maison, mais le chien n’en a rien à faire et continue de me harceler. Cela dit, si j’étais un chien appenzellois et que mon propriétaire avait décidé de me baptiser Shakira, je pense que j’aurais moi aussi tendance à l’ignorer…  J’évite de regarder l’animal dans les yeux, essaie de tenir mes bâtons de marche de telle manière qu’il ne les perçoive pas comme une menace et recule tout doucement. Shakira finit par voir quelque chose de plus intéressant dans le jardin de la maison voisine et s’en va. Son propriétaire apparaît enfin, me demande par où est passé son chien, mais ne s’excuse pas.

Le sentier que je prends maintenant quitte rapidement la vallée, montant à travers champs et coupant les lacets d’une petite route. La crête que je vais suivre vers le sud est visible à présent, et la vue commence également à s’ouvrir vers les parois du Säntis, au-dessus de la Schwägalp tout au fond de la vallée. Au petit restaurant Alpenblick au lieu-dit Egg, je ne peux pas m’empêcher de penser que le concessionnaire Subaru du coin doit avoir la vie belle, car sur la douzaine de voitures garées devant l’auberge, presque toutes sont de la marque ; seule une VW Golf fait tâche.

Je poursuis mon chemin le long d’une lisière de forêt, puis continue en montée plus raide par un pâturage très humide, où mes chaussures font toutes sortes de jolis bruits aquatiques à chaque pas. Cette montée se termine devant une clôture, qu’il faut franchir grâce à un système très recherché de planches posées de manière à former une rampe. Pourtant, cette installation complexe ne facilite pas le passage, car les planches sont aussi humides et glissantes que le sol tapissé de mousse. Au-delà de la prochaine ferme, la montée fait place à une vaste plaine d’herbe sous un ciel immense dans lequel flottent de beaux cumulus. Ici, des dizaines de personnes pourraient marcher côte à côte… sauf qu’un panneau demande aux randonneurs d’adopter la file indienne.

Après un nouveau passage en forêt, je me retrouve au pied de la dernière montée vers la Hochalp. Le sommet surmonte un grand cirque schisteux, avec deux crêtes herbeuses parallèles qui en descendent vers le nord. Il n’y a plus de sentier ici, mais la direction à suivre est évidente, il suffit de remonter la crête de gauche. Cela devient de plus en plus raide, mais pour la dernière partie, un bon sentier réapparaît, faisant des lacets pour adoucir la pente. A deux heures moins le quart, j’atteins le sommet de la Hochalp, à 1530 mètres d’altitude. Je suis content de moi, j’ai fait la montée depuis Urnäsch en une demi-heure de moins que le temps indiqué en bas.

La vue depuis ce petit sommet est tout simplement fabuleuse, et je ne comprends pas la logique qui a conduit les concepteurs de l’itinéraire national No. 3 à l’ignorer complètement et à préférer le fond de la vallée. Je peux seulement penser qu’ils ont considéré cette montée comme un peu trop rude par rapport au reste de l’itinéraire. Depuis le début de l’itinéraire à Rorschach, tous les panoramas alpins ont été du même massif, celui de l’Alpstein. Mais ici, comme par magie, de nouveaux massifs apparaissent de nulle part. Vers le sud-est, ce sont quelques-uns des Churfirsten qui surgissent comme des Toblerone géants, alors que plus à l’ouest, la vue est dominée par une grande montagne triangulaire que je suppose être le Speer. En vedette, bien entendu, il y a le Säntis presque à portée de main, tout en rocher vertical et en neige… quoique, la quantité de neige a sérieusement diminué depuis l’autre week-end, quand j’ai vu la montagne pour la première fois depuis le Kaienspitz.

Le panneau indicateur sommital m’apprend qu’il ne me faudra que 2 heures et 20 minutes pour descendre à la Schwägalp. C’est une bonne surprise : même avec un dernier bus à 17h 35, je pourrai prendre le temps de manger tranquillement, et de profiter du soleil et de cette vue extraordinaire. Ce que je fais avec plaisir, d’autant plus que mes sandwiches sont encore intacts malgré ma chute de tout à l’heure.

Mon second sommet, le Spicher, est bien visible juste en face, apparemment tout près. Après une pause de trois quarts d’heure, je me remets en route, descendant tout d’abord vers un petit groupe de chalets blottis contre le flanc raide de la montagne. Une voiture – encore une Subaru – est garée devant l’un des chalets. De fausses plaques d’immatriculation posées derrière le pare-brise m’informent qu’elle appartient à MARLIES et à HANSUELI… difficile d’imaginer un couple de prénoms plus typiquement suisse-allemands !

Je continue de descendre vers les chalets d’Älpli, quelque 150 mètres plus bas que le sommet de la Hochalp. Comme le Spicher est à quasiment la même altitude de cette dernière, je sais que je vais devoir remonter ces 150 mètres maintenant. Mais après tant de routes d’alpage et de pistes forestières, ça fait vraiment plaisir de marcher sur un vrai sentier de montagne étroit, rocheux par endroits, traversant des pentes d’herbe assez raides. Un cervidé que je ne parviens pas à identifier traverse le sentier devant moi, puis dévale la pente vers la forêt en contrebas vers la droite.

Le sentier contourne à présent le bord supérieur d’une vallée profonde et très densément boisé. C’est très vert et ça a l’air très sauvage, une vraie vallée de jungle du bout du monde. Il n’y a aucun signe de maison ni de sentier, ni même d’une issue à l’autre bout de la vallée. L’impression d’isolement est presque intimidante ; cette vallée doit être un petit paradis pour la faune, mais ce n’est pas un endroit pour moi. Le sentier contourne plusieurs combes latérales qui descendent vers le fond de la vallée principale, et le temps qu’il faut pour arriver jusqu’au Spicher est beaucoup plus important que ce que j’aurais pu imaginer depuis le sommet de la Hochalp. La dernière pente est très raide, mais le sentier attaque cette pente en traversée ascendante et cela passe plutôt bien. Seuls quelques arbres tombés posent un problème technique : je contourne le premier assez facilement, mais le deuxième est tombé dans un endroit particulièrement escarpé, ne laissant aucune possibilité de passer autour ni par-dessus. La seule option est de ramper au sol et passer dessous, ce que je fais au prix de quelques égratignures aux bras, en maudissant mes 1 mètre 90…

Une fois passé le Spicher, la dernière descente vers la Schwägalp commence. Cette descente se fait entièrement en forêt, mis à part quelques clairières où des plaques de neige subsistent et où la vue s’ouvre vers les falaises de plus en plus proches du Säntis. Tout à la fin, le terrain redevient marécageux, avec à nouveau des passages sur planches pour éviter la boue. Cette fois-ci, je réussis à ne pas m’étaler. Une dernière petite montée dans une pente encombrée de racines déterrées, et me voici arrivé à ma destination, après exactement six heures de marche sans les pauses.

La Schwägalp, il faut l’avouer, n’est pas un havre de paix. Il y a le départ du téléphérique du Säntis et la route du col est prisé des cyclistes, motorisés ou pas : le bruit des motos m’a accompagné dans toute la descente, devenant de plus en plus fort. Pourtant, rien de tout cela ne peut m’empêcher d’aimer l’endroit, tellement la vue vers les parois au-dessus du vert des alpages est impressionnante.  J’ai une demi-heure à attendre avant l’arrivée du bus de 17h 35 (qui, en fin de compte, n’est pas le dernier) ; je passe ce temps à la terrasse de l’auberge Passhöhe avec une chope de Quöllfrisch. L’étiquette sur la bouteille comporte un dessin de fête paysanne qui semble avoir été réalisé exactement à cet endroit.

Un peu plus tard, à l’arrêt de bus, une voiture immatriculée en Allemagne s’arrête et la seule occupante, une dame blonde, baisse la fenêtre. Je pense qu’elle va me demander un renseignement et suis surpris quand elle dit : « Vous voulez venir avec moi ? »  Je lui demande quelle route elle prend. « Je dois aller en Allemagne », elle répond. Je ne sais pas trop si la gare de Nesslau est sur la route vers l’Allemagne ou pas, puis elle ajoute : « Dites-moi juste où il faut aller, je vous emmène ». Je suis de plus en plus étonné : une dame seule relativement élégante s’arrête devant un randonneur inconnu et sale, sentant la sueur et la Quöllfrisch, et lui propose de l’emmener n’importe où…  Dois-je accepter cette offre un peu étrange et si oui, devrais-je lui dire que je vais à Venise plutôt qu’à la gare de Nesslau ?  A ce moment, le car postal arrive et me sauve de mon dilemme.

La journée a été excellente et l’idée de faire cette variante était elle aussi excellente. Les deux prochaines étapes m’emmèneront vers le Toggenburg puis le Walensee... et après on verra, car je commence à lorgner vers d’autres variantes qui risquent de m’éloigner davantage de l’itinéraire national No. 3 avant d’arriver au Léman…

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Tourengänger: stephen
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