De Göschenen à la Chelenalphütte


Publiziert von stephen , 15. Juli 2014 um 20:36.

Region: Welt » Schweiz » Uri
Tour Datum:12 Juli 2014
Wandern Schwierigkeit: T2 - Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: CH-UR 
Zeitbedarf: 2 Tage
Aufstieg: 1500 m
Abstieg: 1500 m
Strecke:Göschenen – Göscheneralp – Chelenalphütte and back
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Göschenen On peut économiser 700 mètres de dénivelée et 2h 45 de marche en montant en car postal jusqu'à Göscheneralp.
Zufahrt zum Ankunftspunkt:Idem
Unterkunftmöglichkeiten:Chelenalphütte SAC

English version here

Depuis le train, Göschenen m'a toujours paru l'endroit le plus sombre et le plus froid de toute la Suisse. La gare elle-même est grise et triste avec ses bâtiments massifs en granit gris. Pourtant, bien caché au-dessus et invisible aux voyageurs qui se ruent vers le soleil tessinois, se trouve une belle vallée qui mène vers une couronne de sommets et de glaciers.

Difficile de dire de quoi sera faite la météo de ce week-end de juillet : on annonce du soleil, des nuages, de la pluie, des orages, du soleil encore… cela pourra être magnifique comme ça pourra être une catastrophe. Pourtant, malgré ces prévisions plus qu'incertaines, le collègue qui a organisé cette randonnée a dû appeler plusieurs cabanes avant de trouver enfin de la place pour six personnes à la Chelenalphütte.

Mes cinq coéquipiers ont décidé de monter en voiture jusqu'au barrage du Göscheneralpsee. Pour ma part, j'ai envie de démarrer tout en bas à Göschenen, afin de tester un peu ma forme physique après un début de saison très paresseux et avant les vacances qui s'approchent. Je pars donc relativement tôt de Lucerne et descends du train un peu avant dix heures, pendant que les autres sont sans doute encore en train de terminer leur petit déjeuner.

Je ne regrette pas ma décision de partir depuis la vallée, car la montée à la Göscheneralp est plutôt sympathique. Quittant la gare, je monte vite au-dessus du village et de son église massive, dont le voyageur en train ignore complètement l'existence. La matinée est nuageuse mais sèche, il ne fait pas froid du tout : la température est absolument idéale pour cette montée plutôt douce. De gros nuages s'accrochent aux pentes qui bordent la vallée de part et d'autre, au-dessus de sombres forêts de conifères.

Pendant une heure environ, le sentier reste plus ou moins horizontal. D'abord en forêt, puis à travers champs, il suit la rive sud du Göschener Reuss vers l'ouest. De l'autre côté de la rivière, quelques petits hameaux s'étirent le long de la route étroite et sinueuse qui monte vers le barrage. De nombreux petits torrents traversent le sentier ; des passerelles sont en place "au cas où", mais malgré les pluies abondantes de la semaine passée, tous ses torrents se passent à gué sans problème et sans se mouiller les pieds.

Au-dessus du hameau de Wiggen, la vallée se rétrécit et le sentier se met enfin à monter pour de vrai. Le son du klaxon d'un car postal remonte de quelque part en dessous, se rapproche, puis s'éloigne à nouveau au gré des lacets allongés de la route en face. En face du hameau de Gwüest, le dernier hameau de la vallée, le terrain redevient plus plat et le haut talus gazonné du barrage apparaît devant. Il y a un camping ici et aussi un petit lac, à côté duquel se trouve un écriteau annonçant "NUR FLIEGENFISCHEN". Tiens donc, le lac ne contiendrait-il que des poissons volants ? C'est une jolie idée, mais quand même peu probable dans un lac de montagne en Suisse… sans doute que le panneau veut plutôt dire que seule la pêche à la mouche est autorisée.  A l'autre bout du lac, la passerelle qui traverse le torrent est toute cassée ; il manque plusieurs planches et je suis obligé de sauter de planche en planche pour éviter les trous.

Encore une petite grimpette bien raide et me voilà arrivé au barrage, qui jusqu'ici a bloqué la vue vers la vallée supérieure. Même si le ciel semble s'éclaircir, il n'y a pas grand-chose à voir au-delà des eaux bleu turquoise du lac : les sommets sont encore bien cachés. J'ai rendez-vous avec mes coéquipiers à 12 heures 30 ; je pensais avoir une vingtaine de minutes de retard mais arrive pile à l'heure. L'un d'eux m'appelle pour me dire qu'ils sont bloqués dans un embouteillage sur l'autoroute du Gotthard, mais finalement ils n'arrivent que cinq minutes après moi.

Notre but, la Chelenalphütte, se trouve encore 600 mètres plus haut, à 2h 50 de marche selon le panneau indicateur devant le restaurant. Nous grimpons rapidement dans un paysage de gros blocs arrondis et lisses, contournons un tout petit lac et montons à nouveau jusqu'à la bifurcation pour la Bergseehütte, bien visible au-dessus, presque dans les nuages. La météo s'améliore franchement maintenant, les nuages se déchirant de temps en temps pour révéler la langue enneigée du Dammagletscher. Le Dammastock et les hauts sommets du Winterberg qui l'entourent restent pourtant invisibles, et le resteront pendant tout le week-end.

Ayant gagné presque 200 mètres d'altitude depuis le barrage, nous les perdons presque aussi rapidement, car le sentier redescend presque jusqu'au lac à son extrémité ouest. Et soudain, au détour d'un rocher, nous voici à l'entrée du  magnifique Chelenalptal, s'étendant devant nous avant de monter vers un horizon fait de glaciers et de pics déchiquetés, le tout encadré par de beaux rideaux de nuages. Le sentier nous conduit dans cette belle vallée, regagnant tout doucement de l'altitude et devenant petit à petit plus rocheux. La couleur grise prédominante du rocher fait graduellement place à un brun rougeâtre. Vers 1980 mètres, une petite cabane d'alpage non marquée sur la carte est l'endroit idéal pour faire une dernière pause avant d'attaquer ce que mes coéquipiers ont déjà baptisé "le mur de la mort". Car nous le savons, les  derniers 350 mètres vont être raides, très raides même selon le site web de la cabane.

Maintenant le sentier quitte le fond de la vallée, remontant son flanc nord vers une grande dalle coiffée d'un gros cairn, visible loin devant et au-dessus. Nous franchissons plusieurs torrents sur des passerelles métalliques, heureusement assez larges pour ne pas m'intimider. Juste à l'endroit où le rocher rouge prend définitivement le dessus sur le gris, nous remontons une pente plus raide pour nous trouver sur la vaste dalle plate, devant une vue somptueuse. Cette vue sera d'ailleurs la dernière de la journée, car les nuages commencent déjà à envahir la vallée, aussi bien d'au-dessus que d'en dessous.

Le sentier devient alors raide, vraiment raide, grimpant en zigzags serrés pour surmonter les barres rocheuses qui bordent ce côté nord de la vallée. Un endroit un peu exposé est sécurisé par une chaîne, mais ça passe sans problème par temps sec, le sentier est quand même assez large. Je souffre dans cette montée : j'ai déjà 1300 mètres de dénivelée dans les jambes et je n'ai encore rien fait de comparable depuis l'été dernier. La cabane est visible juste au-dessus, mais ne semble pas se rapprocher, il faudra encore une vingtaine de minutes de douleur avant d'y arriver.

Nous y arrivons, bien sûr, exténués mais heureux. L'accueil des gardiens est tout simplement exceptionnel et le restera toute la soirée ainsi que le lendemain matin. Nous nous attendions à une cabane pleine à craquer, mais il n'y a que nous six et un autre groupe de cinq : nous aurons un dortoir de 12 lits pour nous et pourrons nous étaler, quel luxe ! Nous commandons des bières, jouons aux cartes, écoutons le couple de gardiens grisons qui discutent en romanche tout en préparant le souper. Dehors, les nuages ont complètement bouché la vue et la cabane est entourée d'un brouillard épais. Les gardiens discutent volontiers avec nous, racontent la vie de cabane, nous parlent du coût faramineux des héliportages et de la quantité incroyable de déchets qu'il faut évacuer dans une saison (1,500 tonnes pour 2,000 nuitées, donc plus de 7 kilos de déchets par client tout de même !). Trois jours auparavant il y avait dix centimètres de neige à la cabane, mais ils ont eu du monde tous les soirs, même un groupe de scolaires en milieu de semaine.

Le souper est un des tout meilleurs que j'ai mangés en cabane. Une bonne soupe pour commencer, puis une excellente salade avec de la laitue iceberg fraîche (ça se conserve une bonne dizaine de jours à la cave, nous dit la gardienne) et une très bonne vinaigrette. Le plat principal est un régal de toute simplicité : un ragoût de bœuf tendre à souhait, avec une polenta bien moelleuse et une sauce épaisse et copieuse. Le dessert, un gâteau qui a l'aspect et le goût du fait maison, est servi avec un petit verre de Schnapps. Evidemment, ce qu'on mange et boit en cabane semble toujours bon après les efforts de la journée, mais le souper de la Chelenalphütte est un véritable festin. Nous commandons encore des bières, jouons encore aux cartes… puis la fatigue se fait sentir. Je suis le premier à monter me coucher, vers dix heures et quart. Je m'endors aussitôt et ne me réveille qu'à sept heures le lendemain matin.  Je n'ai jamais aussi bien dormi en cabane, je devais vraiment être fatigué !

Nous nous levons à huit heures, déçus de voir que le brouillard est toujours là. L'autre groupe de cinq est déjà parti pour faire le Sustenhorn, mais le gardien doute qu'ils y arrivent : il y a plein de neige fraîche sur le glacier et les crevasses vont être invisibles, surtout avec cette purée de pois. Nous avions espéré prendre le sentier balisé bleu-blanc qui rejoint la Bergseehütte, mais hier soir la gardienne l'a déconseillé par temps de pluie ou de brouillard ; nous nous résignons alors à redescendre par le chemin de la montée.

Il fait plus frais que la veille et l'air est très humide, même s'il ne pleut pas. Des gouttes d'eau s'accrochent aux fleurs alors que nous dévalons le "mur de la mort", bien plus facile à descendre qu'à monter ! Nous nous trouvons très vite en dessous de la limite des nuages, mais ceux-ci restent accrochés vers 2,200 mètres, nous réconfortant dans notre décision de ne pas rester en altitude. Nous faisons une nouvelle pause à la petite cabane déserte de la veille, puis poursuivons jusqu'au barrage, que nous atteignons alors qu'il se met à pleuvoir.

Je décide quand même de descendre à pied jusqu'à Göschenen : il me reste exactement deux heures pour attraper le train de 16:08 train. Cela me paraît faisable même si le panneau indique 2 heures 45… c'est à peu près le temps que j'ai mis pour monter. Je descends le talus du barrage, passant au milieu d'un grand troupeau de vaches, puis d'un troupeau encore plus grand de chèvres qui me reniflent, curieux. Peut-être qu'elles se demandent pourquoi je sens la vache ? Au lac des poissons volants, la passerelle a miraculeusement été réparée pendant la nuit, avec des planches flambant neuves. Au-delà, dans la partie plus raide de la descente, il se met à pleuvoir pour de bon et le terrain devient très glissant. Je suis obligé de ralentir pour protéger mes chevilles, je n'aurai pas mon train, c'est certain. Je ralentis même plus, me disant que ce sera du temps en moins à passer à la gare à attendre le suivant. Mais les CFF sont gentils, c'est bien connu, et ils ont fait en sorte que le train de 16:08 soit retardé de dix minutes. Arrivant au-dessus du village à 16:15, j'entends le haut-parleur qui annonce son entrée en gare. C'est juste mais j'y arrive : à peine le temps de monter l'escalier jusqu'au quai et de me hisser dans le vieux wagon vert et blanc et voilà : les portes se ferment derrière moi. Cela a été un beau week-end avec une nuit dans une cabane que je ne peux que recommander.

Tourengänger: stephen


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Kommentare (1)


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_Manu_ hat gesagt:
Gesendet am 15. Juli 2014 um 21:01
Salut Stephen,

Beau compte rendu !

Le paysage et l'ambiance au Göscheneralpsee sont parmi ce que j'ai vu de plus beau et prenant...J'y suis venu la première fois, il y a deux ans faire le Mueterlishorn en ski de rando et l'automne dernier le Lochberg à pied. C'est un lieu fabuleux !

Au plaisir de se croiser un jour sur un sentier...

Manu


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