Sur le flanc ouest du Rigi, d'Immensee à Vitznau


Publiziert von stephen , 19. April 2014 um 18:50.

Region: Welt » Schweiz » Schwyz
Tour Datum:17 April 2014
Wandern Schwierigkeit: T2 - Bergwandern
Wegpunkte:
Geo-Tags: Rigigebiet   CH-LU   CH-SZ 
Zeitbedarf: 5:00
Aufstieg: 1170 m
Abstieg: 1190 m
Strecke:Immensee – Seebodenalp – Chänzeli – Rigi Kaltbad - Vitznau
Zufahrt zum Ausgangspunkt:cff logo Immensee, S-Bahn depuis Lucerne
Zufahrt zum Ankunftspunkt:cff logo Vitznau, retour à Lucerne en bateau ou en bus et train via Küssnacht

English version here

J'ai un jour de congé supplémentaire au début du long week-end pascal et sais que je dois en profiter. Même si les prévisions météo pour les jours suivants ne sont pas totalement catastrophiques, jeudi sera clairement le jour le plus propice à la randonnée, avant l'arrivée d'un temps beaucoup plus frais.

Depuis quelques jours, je lorgne sur le Rigi depuis mon balcon, observant le recul progressif de la neige.  Tout le flanc ouest de la montagne semble enfin être déneigé, rendant possible une traversée nord-sud au départ d'Immensee, en passant par Kaltbad. Je pars sans plan précis, les options pour la descente étant très nombreuses.

Les vacances scolaires ont débuté et il y a plusieurs mères accompagnées de jeunes enfants dans le train de 9:06. Une femme en tenue de randonnée vient s'asseoir de l'autre côté du couloir central, accompagnée de deux enfants de six ou sept ans et d'un grand sac à dos, sans doute rempli de vêtements chauds et de divers objets pour empêcher les enfants de s'ennuyer. Juste avant l'heure de départ du train, une jeune femme noire arrive, complètement à bout de souffle, et s'installe en face de moi. Elle a visiblement beaucoup couru pour ne pas louper son train… elle aurait pu économiser ses efforts et sa sueur, car on nous annonce un retard de durée indéterminée "pour raisons opérationnelles".  Le train démarre enfin ; les enfants discutent et rigolent, la femme noire leur sourit. Les enfants font semblant d'être timides, se cachent derrière le sac à dos de leur mère, chuchotant et lançant de petits regards du coin des yeux. Ce jeu continue jusqu'à Küssnacht, où tout le monde sauf moi descend du train. Je reste jusqu'à Immensee, le prochain arrêt, à l'extrémité nord du massif du Rigi.

Immensee est un village agréable situé au bord du Zugersee, mais sa gare se trouve bien en dehors et au-dessus du centre. Pas d'entrée en matière tranquille aujourd'hui ; la montée commence dès que je quitte la gare. Un sentier herbeux remonte le long d'une série de villas modernes, jouissant toutes d'une vue panoramique sur le lac, mais souffrant toutes également du bruit de l'autoroute et de la voie ferrée juste en contrebas. Vu le prix des maisons en Suisse, si j'avais suffisamment d'argent pour m'en offrir une (ce qui ne sera jamais le cas), je ferais quand même en sorte de ne pas faire construire en bordure d'autoroute…

Passant sous une ligne haute tension, le sentier remonte vers la lisière de la forêt, suivant le fil d'une crête boisée qui descend vers le nord depuis la base des falaises du Rigi, encore bien enneigées de ce côté. Au début, le sentier reste un peu sur le flanc est de la crête, et le bruit de l'autoroute met un petit moment avant de s'estomper complètement. Pendant un quart d'heure il n'y a pas grand-chose à voir, puis le chemin se rapproche davantage de la lisière côté ouest et les premières belles échappées apparaissent, laissant voir les douces collines au nord de Küssnacht par des trouées dans la forêt.  Le Pilatus montre brièvement le bout de son nez, puis disparaît de nouveau derrière les arbres. Le sentier finit par quitter complètement la forêt, qu'il longe sur sa bordure ouest. La vue devient très vite splendide, avec un premier plan fait de haies vives qui bourgeonnent de partout. Derrière la haie, des pâturages très verts descendent doucement vers une rangée d'arbres isolés et une ferme. Plus loin encore, les falaises abruptes et encore bien enneigées du Pilatus sont impressionnantes contre un ciel parfaitement dégagé. Enfin, très loin vers l'ouest, le Plateau s'en va disparaître dans une brume mauve. A ma gauche, le terrain est plus abrupte, descendant presque à la verticale vers les profondeurs de la forêt. Depuis quelque part là-bas vient le bruit d'un animal dans les sous-bois – un animal qui doit être énorme vu toute la vacarme qu'il fait. Sans doute un lapin…

Vers 900 mètres, le sentier entre de nouveau en forêt. Il reste une centaine de mètres raides à monter avant de quitter le couvert des arbres une nouvelle fois au grand alpage de Seebodenalp. Pour la première fois depuis Immensee, le Rigi se montre, une série de gradins rocheux montant vers un sommet coiffé d'un grand mât rouge et blanc. Mais même si je suis sur le Rigi, la vraie vedette de cette randonnée reste le Pilatus, par-delà les eaux bleu foncé du Küssnachter See.

Je passe devant le restaurant encore désert à la station supérieure de la télécabine qui monte depuis Küssnacht. Depuis ce point, le sentier suit le bord ouest de l'alpage, empruntant une petite crête panoramique vers le sud. Quelques grands arbres, encore e tenue d'hiver, constituent un premier plan idéal pour quelques photos bien touristiques du lac et des montagnes au-delà. Cet alpage est un point de vue tout simplement magnifique et, grâce à la télécabine, facilement accessible à tous sans besoin de faire d'effort physique. A ma gauche, un petit vallon marécageux, au fond duquel se trouvent deux ou trois petits étangs, vient buter contre les falaises du Rigi. A Altruedisegg, à l'extrémité sud de l'alpage, le propriétaire de la buvette est en train de décharger de la bière de son 4x4, sans doute en prévision de la clientèle du long week-end de Pâques.

Après une demi-heure de plat, le sentier recommence à grimper à partir d'ici. Un peu au-dessus d'Altruedisegg, je croise la femme et les deux enfants du train : ils ont dû monter en télécabine depuis Küssnacht. La femme porte maintenant une casquette et des lunettes de soleil et je ne la reconnais pas tout de suite ; en fait, c'est sa fille que je reconnais au foulard coloré qu'elle avait déjà dans le train. Elle me demande en suisse-allemand si je suis monté à pied, je ne comprends pas, elle répète sa question en Hochdeutsch et je lui raconte mon itinéraire. Les enfants ont l'air complètement mystifiés par ce qu'ils voient : comment un homme peut-il être à la fois assis dans le train qu'ils ont quitté et ici, en plein milieu d'un pâturage à mille mètres ? Concept difficile pour leur cerveau de six ou sept ans, à peine plus facile pour le mien malgré sa cinquantaine d'années de plus !
Je poursuis mon chemin vers le haut. A la buvette d'Alp Räb, il y a une ambiance champêtre avec des haut-parleurs qui diffusent une musique d'accordéon "typiquement suisse". Le patron des lieux est en train de siffler l'air, environ un ton et demi plus bas que la version enregistrée. L'effet est assez original. Maintenant la pente se redresse et le sentier grimpe en lacets vers la base des falaises. Il y a un court passage sous un grand surplomb, où des panneaux avertissent du danger de chutes de pierres.

Encore deux lacets et la montée du jour est terminée. Le sentier quitte de nouveau la forêt et arrive au superbe point de vue de Chänzeli (un nom de lieu-dit très courant en Suisse alémanique, qui garantit généralement une belle vue). Ce Chänzeli est particulièrement joli ; un éperon rocheux au-dessus d'une forêt qui descend presque à la vertical de tous les côtés. Juste en dessous se trouve la péninsule verte au-delà de Hertenstein. Au-delà, c'est toute la partie nord du lac des Quatre Cantons qui est visible, comme une immense étoile de mer dont les bras s'étendent vers Küssnacht au nord, Lucerne à l'ouest et Alpnachstad au sud-ouest. Juste en face est la muraille sombre du Bürgenstock, une montagne que je trouve franchement sinistre vue de ce côté. Plus loin, une vallée verte s'en va vers les sommets jumeaux du Buochserhorn et du Stanserhorn. Plus loin encore, ce sont les hautes montagnes de la région d'Engelberg qui ferment l'horizon.

C'est l'heure de manger et il y a des bancs au point de vue, mais deux vieux hommes sont en train de discuter à voix très haute – un peu sourds, peut-être – alors je décide de monter un peu plus haut pour avoir plus de paix. Je trouve une pente herbeuse où je peux m'asseoir pour manger mes sandwiches (saumon-ciboulette et jambon-moutarde), puis m'allonger pour la première sieste de la saison de randonnée 2014. J'y passe une demi-heure tout à fait agréable et suis à deux doigts de m'endormir. Un groupe de touristes asiatiques semble trouver le spectacle d'un homme allongé sur l'herbe très drôle, me regardant d'un air curieux et me montrant du doigt. Peut-être que le concept d'une belle sieste en montagne leur est complètement inconnu.

Il suffit de dix minutes de marche sur un sentier goudronné pour regagner Rigi-Kaltbad, ce qui explique l'afflux soudain de touristes. Un grand immeuble résidentiel est en train de sortir de terre juste à côté des nouveaux thermes ; je me demande quelle effet cela aura sur la vue depuis la piscine extérieure.
Il est temps de redescendre. Parmi les diverses options possibles, je choisis la descente la plus directe sur Vitznau, d'où j'espère pouvoir rentrer à Lucerne en bateau. Je ne connais pas l'horaire et mon téléphone n'a plus de batterie, mais je sais qu'en l'absence de bateau, il y a des bus fréquents. Le panneau jaune indique deux heures de temps de marche.

Le sentier suit plus ou moins le tracé de la voie ferrée, tout d'abord de près puis, en dessous de la petite gare de Romiti, de plus loin. Cette première partie de la descente n'est pas spécialement intéressante et le sentier lui-même est plutôt désagréable : un sentier raide, poussiéreux et couvert de cailloux roulants qui manquent à plusieurs reprises de me faire glisser. Je finis par quitter le sentier pour descendre dans le pâturage avoisinant. Je croise toute une variété de personnages sur ce sentier. Tout d'abord ce sont deux hommes qui montent en courant – et, vu leur état physique, qui ont couru depuis en bas. Cela doit être décourageant pour le couple de jeunes Japonais que je croise juste après, la fille ne parvenant pas vraiment à tenir le rythme imposé par son ami. Ils sont tous les deux mal chaussés, et la fille semble plutôt être habillé pour un après-midi de shopping dans les rues de Lucerne avec ses baskets, son jean et un imperméable blanc qui a l'air bien trop lourd pour une journée qui a fini par devenir chaude. Enfin, je croise un homme seul qui monte rapidement, apparemment sans faire attention au paysage, en écoutant de la musique, un casque qui a l'air cher vissé sur les oreilles.

En dessous de Romiti, le sentier quitte la voie ferrée et descend agréablement en forêt jusqu'à la ferme bio de Freibergen, où il y a des poules au plumage en forme d'échiquier… imaginez une poule en maillot de foot croate, version marron clair et foncé, c'est un peu l'effet que cela donne. Deux ânes ont élu domicile sur le sentier ici, à la grande joie d'une famille avec trois jeunes enfants qui s'amusent à caresser le nez des animaux. Un peu plus bas, des agneaux encore tout jeunes jouent dans un pré, encore à l'âge où ils avancent en bondissant plutôt qu'en marchant normalement. Devant, de verts pâturages remontent vers une forêt qui est en train de virer d'hiver au printemps, sous une haute falaise de roche gris-rose.

La fin s'approche maintenant. A Grübisbalm, il y a un joli vieil hôtel un peu déglingué mais apparemment encore ouvert, à en croire les panneaux vantant les mérites de cet "Öko-Hotel". Sur un autre panneau, Beat et Gabi demandent aux randonneurs d'essayer de ne pas marcher sur les poules en liberté.  Vers l'ouest, le Pilatus a fini de faire le beau et est parti se cacher derrière le Bürgenstock, joliment encadré par des arbres couverts de mousse vert vif. Le sentier fait un détour pour contourner une gorge profonde, que le chemin de fer franchit sur un viaduc impressionnant. J'espère qu'un train passera car cela ferait une jolie photo, mais je n'ai pas de chance. Un homme sort d'une ferme sur une moto et, dédaignant le sentier caillouteux, monte tout droit dans le pâturage raide vers la ferme d'au-dessus. Sous mes pieds, le sentier demeure casse-figure jusqu'en bas, mais je réussis à ne pas finir l'après-midi sur les fesses.

J'arrive à l'embarcadère à quatre heures moins vingt et suis ravi de voir qu'il y a un bateau pour Lucerne dans dix minutes. Difficile de penser à une meilleure manière de terminer une journée en montagne que par une petite croisière ensoleillée d'une heure. Je me dis que j'ai quand même beaucoup de chance d'avoir tout cela à quelques minutes de chez moi. Je reviendrai sur le Rigi : le nombre de sentiers semble illimité et les vues sont toujours superbes.

Tourengänger: stephen
Communities: Randonneur


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