Le Tombeau des allemands profané par un Suisse et un Français


Publiziert von Hurluberlu , 10. Juni 2012 um 09:13.

Region: Welt » Schweiz » Wallis » Unterwallis
Tour Datum: 9 Juni 2012
Wandern Schwierigkeit: T6+ - schwieriges Alpinwandern
Hochtouren Schwierigkeit: WS
Klettern Schwierigkeit: II (UIAA-Skala)
Wegpunkte:
Geo-Tags: CH-VS   F 
Zeitbedarf: 7:30
Aufstieg: 1700 m
Abstieg: 1700 m
Strecke:Saint-Gingolph-Tombeau des Allemands-Creux de la Bras-Col de la Croix-Gde Miette-Novel-Saint-Gingolph
Zufahrt zum Ausgangspunkt:Saint-Gingolph (par Saint-Maurice)
Zufahrt zum Ankunftspunkt:Saint-Gingolph (à la force de nos jambes & bras)
Unterkunftmöglichkeiten:Le Tombeau des Allemands (bivouak déconseillé)
Kartennummer:1264, 1284 (ou IGN 3528 Morzine)

Le temps ne semble pas très clément ce matin sur les hauteurs du Léman, puisque Manuel m'envoie un SMS pour confier son inquiétude sur la couleur du ciel. A Lausanne, il rejoint Poudrières puis moi-même dans le train à partir de Vevey. Pour déjouer le mauvais sort, je sors mon gri-gri multicolore. Après avoir fait connaissance durant ce long crochet, et engendré la fuite de quelques autochtones, nous nous lançons sur les routes de Saint-Gingolph vers notre objectif du jour à tombeau ouvert. Le premier but est de rallier la nouvelle route forestière, dont l'accès ne semble pas si clair. C'est pourquoi Manu hésite à se renseigner auprès des habitants du secteur, mais de peur d'essuyer un échec consternant devant le guide de 1964, nous nous ravisons pour nous fier aux maigres indications laissées par les anciens, ainsi que l'inextricable végétation.
Pourtant, après avoir tâté le gazon humide et raide de la région, c'est avec consternation que je constate que nous retombons systématiquement, sur un véritable chemin forestier en faux-plat montant, qui aurait pu être emprunté en claquette ou en VTT. Mon imagination me fait alors prendre conscience de la modestie de Manu qui souhaite nous impressionner de façon bien surprenante. Au bout d'un moment cependant, on devine une sente mal entretenue qui part sur la droite. Voilà enfin la NOUVELLE route forestière qui s'était faite attendre. Manu qui a au moins autant d'imagination que moi - et c'est peu dire - nous fait savoir juste avant de passer devant un tronc d'arbre renversé, qu'il y a des restes de la nouvelle route forestière. Pendant ce temps là, Poudrières se demande bien dans quelle aventure il s'est engagé. Peu à peu, l'aspect sauvage des lieux nous envahit, l'herbe cédant progressivement la place à un pierrier d'une instabilité notoire, qu'il faut d'abord remonter. Après être passé devant une cascade digne d'Iguazu (en version miniature), Manu, en fin limier de la montagne, aperçoit l'équipement reposant sur le début de la voie qui doit nous conduire au fameux tombeau.
La légende révélée sur la plaque commémorative dirait qu'il y a un demi-siècle, les Suisses qui voulaient se débarrasser des frontaliers arrivés en masse, les accompagnaient au Grammont par la voie normale, et les faisaient descendre par le Tombeau, en leur disant qu'il s'agissait d'une "voie touristique". Pour se dégager de toute responsabilité, les principaux concernés déclaraient avoir averti de l'engagement de la voie "tousrisque". Il s'agit d'ailleurs de l'une des sources de déformations linguistiques du français qui ont séparé au fil du temps Gaulois et Helvètes.
Fermons la parenthèse historique et reprenons le fil. Après avoir suivi un câble rudimentaire, nous arrivons au passage-clé. Au premier abord, une échelle attire le regard. Après avoir commis l'erreur de la tâter, et subi la chute de pierres qui ne demandaient qu'à se reposer au fond du ravin depuis la nuit des temps, nous comprenons bien vite qu'une seule solution subsiste pour franchir la paroi. En effet, dans la direction opposée, une vire équipée avec des supports métalliques et une corde supplémentaire, nous tend les bras. Poudrières, en bon allemand qui se respecte, ouvre la marche avec une assurance déconcertante. Pour ma part, j'ai quelques réticences à poser mes pieds sur ces paliers de fer qui semblent mal convenir à la terre qui s'est posé sur la semelle des mes souliers. Après avoir trouvé le bon équilibre avec la corde fixe, je me hisse un niveau au-dessus (II-III). Autant dire, que sans équipement, ce serait presque suicidaire. La réputation des lieux n'est donc pas tout à fait usurpée. Ensuite, le passage de la vire s'effectue sans souci. Il s'en suit une échelle - dieu merci - bien plus stable que la précédente, et quelques gazons éminemment raides. Nous attendons alors le passage de Manu à qui j'envoie finalement un SMS pour prendre de ses nouvelles. Il m'apprend qu'il renonce finalement, la sagesse suisse assurément.
On reste clairement sur du terrain T6 avec un mélange gazon-rocher qui ne sera pas au goût de tout le monde mais dans l'ensemble, la portion la plus délicate est derrière nous. On atteint une combe en partie recouverte par la neige. Tandis que Poudrières la préfère, je reste à sa main gauche pour rester sur mon terrain de prédilection. Dès que nous atteignons le sentier de randonnée ralliant le col des Crosses et le Pas de Lovenex, nous rencontrons un randonneur. Le ciel assez bouché jusqu'à maintenant se dégage timidement à l'approche des Rochers de la Croix gardés par un tropeau de bouquetins. Alors que mon compagnon de route gravira ce sommet peu couru et doté d'une vue imprenable sur le Léman, je vise le col de la Croix, depuis lequel, je vais tenter de gravir la Grande Miette (ou Mihiette selon les locaux), 200 mètres de montée très soutenue dans un terrain peu commode. Dans un premier temps, je suis l'arête Nord avant de traverser sur la gauche pour accéder à la face E. comportant un systèmes de montagnes russes, dont chacune a un point faible qu'on devine avec un peu de ruse. Les difficultés les plus sérieuses se situent à proximité de la paroi et de sapins. Le dernier guide de Ruedi Meier parle de pas de 3. A mon modeste avis, c'est quelque peu exagéré, d'autant que la végétation offre le plus souvent un support salutaire. Je parviens à la croix hissée par M.Bronze aux environs de 1890, porteur de la région, qui réalisa la première ascension. La vue sur le lac Léman et son cousin alpin, celui de Lovenex, est alors imprenable. Pourtant, il ne faut pas se refroidir pour la descente qui s'annonce pas piquée des hannetons. Malgré l'alternative plus "facile" par le versant Sud, j'opte par la descente du même coté pour éviter les risques liés à l'orientation, jamais évidente dans ce sens. Finalement, en restant un peu plus à droite, je décèle une variante un brin plus aisée.
Je rejoins ensuite Poudrières au col de la croix pour basculer en France par Novel et Saint-Gingolph. Le stop n'étant pas aussi efficace qu'escompté, nous nous résignons à suivre le sentier de randonnée dans la forêt.
Enfin, nous allons boire un verre sur une terrasse à deux pas de la gare avant de prendre le train pour Le Bouveret qui nous conduira au bateau pour Vevey. Hélas, nous nous faisons surprendre par le départ qui nous oblige à nous rendre au port voisin à l'aide de nos mollets.
L'aventure, c'est l'aventure.

Tourengänger: Zaza, Hurluberlu, poudrieres


Minimap
0Km
Klicke um zu zeichnen. Klicke auf den letzten Punkt um das Zeichnen zu beenden

Galerie


In einem neuen Fenster öffnen · Im gleichen Fenster öffnen


Kommentare (1)


Kommentar hinzufügen

CarpeDiem hat gesagt: Heureusement...
Gesendet am 10. Juni 2012 um 16:42
...que vous n'êtes pas tombé sur les restes de ces pauvres allemands ;-)
Félicitations pour cette course originale et corsée semble-t-il. Vos 3 rapports sont très complémentaires!


Kommentar hinzufügen»