Tour du lac des Quatre Cantons : sixième étape, de Küssnacht à Lucerne

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A mi-chemin

Avec cette randonnée courte et facile, j'arrive à mi-chemin de mon tour du lac des Quatre Cantons.  Je sais que cette étape ainsi que la suivante risquent d'être assez urbanisées : difficile de faire autrement que passer par le centre de la capitale régionale et sa banlieue, à moins de s'écarter de très loin des rives du lac.

La première partie de la journée, au moins, est loin d'être urbaine. Depuis la gare de Küssnacht, une petite route monte au-dessus du lac vers un joli paysage fait de maisons typiques, de champs vallonnés et de bosquets. Malgré le temps plutôt couvert, il y a de la couleur dans ce paysage, nettement plus que lors des étapes précédentes où tout était délavé par la brume. On annonce des orages violents pour plus tard dans la journée : arriverai-je à Lucerne sec ?

C'est un jour férié dans le coin, et il doit y avoir une fête quelconque à Küssnacht : au fur et à mesure que je m'éloigne, le son de plusieurs coups de canon remonte depuis la petite ville en contrebas. Il y a pas mal de promeneurs ; des familles à vélo aussi, profitant de ces petites routes tranquilles, pratiquement sans circulation au milieu d'un paysage que couronne le Pilatus, là-bas vers le sud. Si les trois étapes précédentes étaient placées sous le signe du Rigi, c'est clairement le Pilatus qui domine aujourd'hui. Un petit chat gris et blanc m'observe du bord de la route, à moitié caché dans les herbes longues.  La route franchit une crête et le lac disparaît ; il restera invisible pendant une bonne heure.

Le paysage est totalement différent de celui des autres étapes jusqu'à présent. Pas de pentes raides ici ; le décor est agricole, très vert et très parfumé…  notamment au niveau d'une cour de ferme que la route traverse, et où plusieurs petits cochons sont en train de se nourrir aux flancs de leur mère. Un peu plus loin, un immense tas de fumier  - une centaine de mètres de long sur un mètre de haut – attend au bord de la route d'être répandu sur les champs. Je passe en essayant de ne pas respirer…

La route fait place à un joli chemin forestier qui monte et descend antre les arbres. La forêt est très verte et remplie du chant des oiseaux… et d'une forte odeur résiduelle de fumier ! Malgré les villages et la route tout près, au bord du lac, j'ai l'impression d'être au milieu de nulle part dans cette forêt. Seuls quelques VTTistes font irruption dans le calme de la matinée.

Le paysage devient marécageux ; de temps à autre la forêt s'ouvre sur des clairières remplies de roseaux. A Wagenmoos, un petit étang vert foncé résonne du cri des crapauds et d'un autre animal que je suis incapable d'identifier. Un peu plus loin, à Gränzetürli, la forêt se termine soudainement et devant, des montagnes enneigées apparaissent.

A partir d'ici, le reste de l'étape se déroule plus ou moins en ville et sur des routes et sentiers goudronnés. Je descends entre des villas arrangées en terrasse pour profiter au maximum de la vue, franchis la route cantonale et la voie ferrée à Meggen, puis descends au bord du lac à Seeacher, où un agréable jardin public m'offre l'endroit parfait pour manger mes sandwiches. La vue depuis ici est vraiment typique du lac des Quatre Cantons : au-delà des eaux bleues du lac, des collines boisées conduisent le regard vers les innombrables sommets pointus ou arrondis qui ferment l'horizon.

Un sentier au bord de l'eau (et bordé de nombreux panneaux "PRIVAT") contourne le centre de Meggen, puis je continue le long d'une rue résidentielle vers le Meggenhorn, au sud du village et au confluent du Küssnachtersee et du Luzernersee. Ce quartier a l'air particulièrement luxueux : les villas se cachent derrière des haies épaisses et de hautes barrières blindées, il y a des caméras de surveillance partout…   tout semble indiquer aux voleurs qu'il y a beaucoup de choses intéressantes à piquer par ici ! Mais le quartier est totalement mort : pourtant c'est un jour férié, mais il n'y a personne dans les jardins, les piscines et les chaises longues haut de gamme sont vides. A quoi cela sert d'avoir de tels jardins si on ne s'en sert pas ?

Le Meggenhorn - nom plutôt usurpé pour une butte herbeuse qui n'a rien d'un Horn – est coiffé d'un petit vignoble (assez rare dans cette région) et d'un faux château de la Loire plutôt sympa dans ce cadre. Lucerne est tout proche maintenant, les tours de sa banlieue sud sont visibles au-delà du lac, sous les murs gris du Pilatus. Le sentier essaie d'éviter la route mais n'y parvient pas et, avant Seeburg, je suis contraint de marcher au milieu des bus et des voitures pendant un kilomètre. Au Lido, mon itinéraire rejoint la promenade du bord du lac, où des centaines de Lucernois et de touristes sont en train de profiter d'un après-midi devenu chaud et ensoleillé. C'est tout aussi animé sur l'eau, avec le trafic incessant des bateaux. Une heure plus tard je suis chez moi ; il n'a pas plu, contrairement aux prévisions. Ce n'est que vers six heures du soir que l'orage arrive, pour continuer une bonne partie de la nuit.  Demain ce sera une nouvelle étape, cette fois-ci depuis la ville vers la montagne.

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