Sous le volcan

La position centrale du Catogne lui confère une aura toute particulière dans l'esprit des Valaisans. Son allure évoque par certains aspects celle d'un volcan solitaire tandis que sa végétation méridionale offre au randonneur un exotisme dont il appréciera la nature. Si en été, son ascension demeure assez classique, il en est tout autrement en hiver. Une dizaine de jours avant le terme de la saison froide, j'entreprends donc de gravir ce sommet par son couloir orienté W-SW dont l'accès est assez malaisé en transports publics, puisqu'il faut au préalable rejoindre Champex pour ensuite descendre la route de Bovernier jusqu'à un lacet au-dessus de La Poya. C'est alors que l'on suit l'indicateur de randonnée pédestre en traversée puis en forêt. Peu de temps après, on accède au dit couloir dont l'étroitesse préserve de la fournaise qui sévit au soleil. Au pied, l'exposition ne garantit pas un fort enneigement. La pente, quant à elle, est assez régulière, oscillant autour des 35%. J'ai d'abord suivi la branche de droite, pour ensuite rester dans l'axe, solution qui engendre une hausse de la pente près des 40%. La neige portante assure malgré tout une progression optimale, me permettant de vite déboucher au pied de la large combe Ouest du Catogne. Rejoindre son arête NW est désormais assez évident. Même si celle-ci est bien dégarnie par endroits, et surprend parfois par ses trous, elle ne pose guère de problème jusqu'au sommet. On y jouit d'un fort joli panorama, avec une place de choix pour contempler la Vallée du Rhône. Celui-ci est aujourd'hui encore rehaussé par les cabrioles de quelques bouquetins qui paradent devant moi.
Si la montée fut assez efficace (3h), il en sera tout autrement de la descente. Dans un premier temps, je reviens sur mes pas, en poursuivant sur le point 2402m depuis lequel je suis l'arête plein Ouest en gardant en point de mire les chalets de Plan Foyat (1986m). La poudreuse sur fond dur m'empêche de me relâcher à mon gré. Arrivé au replat de Plan Foyat, je me prélasse un moment au soleil grâce aux chaises confortables qui sont sur la terrasse. Après cette pause bienfaitrice, je cherche la meilleure neige possible afin de m'engager dans le couloir du Grand Cheneau. Hélas, si la poudreuse du haut me laisse un instant penser que la descente est prometteuse, l'illusion sera de courte durée. Dans la forêt, certains passages avoisinant les 40% sur une neige dure me contraignent à chausser les crampons, gardés précieusement dans mon sac. Je reste plutôt à gauche du couloir pour éviter l'axe qui semble être assez ravagé par des coulées successives. Les conditions éprouvantes me ralentissent à vue d'oeil. Au fil des mètres de dénivelé, la neige disparaît progressivement et me permet de passer à la vitesse supérieure sur le bas. Il me faudra en tout près de 5h pour descendre depuis le sommet du Catogne jusqu'à Bovernier. L'absence complète de traces tout le long du parcours ne constitue-t-elle pas la récompense absolue.