Voie Lycienne, version familiale : étapes choisies et ascension du Tahtali/Olympe


Publiziert von Bertrand , 10. November 2011 um 11:12.

Region: Welt » Türkei
Tour Datum:15 Oktober 2011
Wegpunkte:
Geo-Tags: TR 
Zeitbedarf: 7 Tage

Exploration familiale de la magnifique Voie Lycienne durant les vacances d'automne. Il s'agit d'un itinéraire de grande randonnée longeant la cote sud de la Turquie entre Fetiye et Antalya, officiellement 500kms en une trentaine d'étapes entre mer et montagne, de 0 à 1800m. Ce trekking allie idéalement le dépaysement culturel, la marche en montagne, la baignade, la découverte d'un riche patrimoine archéologique, la gastronomie de Méditerranée orientale...c'est donc une destination idéale en famille pour peu d'avoir des enfants marcheurs (pas de logistique muletière possible et pas mal d'étapes font tout de même 6 à 8 heures sur des sentiers pas toujours commodes) et de sélectionner les portions les plus intéressantes.

N'ayant qu'une semaine à disposition après les Picos de Europa, nous nous sommes concentrés sur la moitié orientale du circuit en optant pour une méthode de "cherry-picking" des plus belles étapes avec le soutien logistique de l'agence francophone d'Antalya Terra Anatolia : nous avions ainsi un minibus + chauffeur à disposition qui nous déposait le matin au départ pour nous reprendre le soir à l'arrivée de l'étape au cas où celle-ci ne se terminait pas directement devant la pension du jour. Une formule parfaite pour concilier sacs légers, découverte des plus beaux endroits et liberté durant la journée. A souligner le service d'une qualité remarquable pour un prix modique + une grande souplesse qui nous a permis de réaménager le parcours en cours de séjour. A recommander sans réserve. Dans le détail :

- 09/10 : Ulupinar - Chimère - Cirali, 9km/+250m/4h. Départ de la pension perdue mais douillette où nous étions arrivés dans la nuit directement d'Antalya (où les effectifs venus de Paris, Genève et Bâle s'étaient regroupés). Jolie forêt de pins, et bien sûr le passage aux célèbres flammes de chimère (émanations naturelles de méthane brulant en permanence selon la rationalité, bras de la chimère enterrée par Bellerophon et Pégase selon la légende, cf image...), très touristique mais quand même assez spectaculaire. J'ai rajouté un petit trail le soir sur le sentier cotier bien sauvage partant en direction de Tekirova pendant que les autres se baignaient (eau à 26-27°...). Orage dantesque la nuit qui donnait le coup d'envoi d'une suite mouvementée...

- 10/10 : Cirali - Adrasan par le Col du Mont Moïse, 16km/+750m/8h. Journée mémorable par un temps épouvantable, orages et pluies diluviennes à répétition du matin au soir, le tout en partie dans une forêt de montagne un peu anxiogène avec des zones brulées, des troncs calcinés à escalader, etc...Bon certes la pluie était tiède au bord de mer mais 800m plus haut avec le vent et le brouillard on ne faisait quand même plus trop les malins surtout avec les enfants...qui ont magnifiquement fait face et pour finir trouvé ça plutôt rigolo. On trouve heureusement une cabane de berger pour s'abriter (cf image). Ces intempéries ont causé des inondations et plusieurs victimes dans le sud de la Turquie - "la revanche des Picos" avons-nous pensé pour nous consoler (après 1 semaine de beau dans les Picos de Europa réputés pour leur climat breton !). Sinon le site greco-romano-lycien d'Olympos au départ est l'un des plus spectaculaires des cotes sud de la Turquie - mais on n'y a pas fait long feu, du coup !

- 11/10 : Karaöz - Adrasan, tour du phare de Gelidonia (10km/+500m/7h). L'une des plus belles étapes de la Voie Lycienne autour de la presqu'ile homonyme d'une grande sauvagerie. Mehmet le chauffeur (qui est aussi guide de montagne dans le Kaçkar en été, on a déjà pris RV...) nous a poussé sur la piste du phare et nous a récupéré à un élevage de chameaux le soir, malgré tout la rando reste assez longue avec de grandes sections en maquis au dessus de la mer sur un sentier n'existant en fait que sous la forme de balises à travers la végétation et les pierriers. Superbe tout du long malgré un ciel de plus en plus couvert qui a fini par nous tomber franchement sur la tête à 1h de l'arrivée, pluie diluvienne et foudre toutes les 30 secondes, une fois de plus on n'en menait pas très large...sauf Cécile qui trouvait génial d'éclabousser un maximum l'entourage en passant dans les flaques. On était de toutes façons tous tellement trempés que ça ne changeait plus grand chose !

- 12/10 : Myra - Kapakli - Ucagiz, 8km/+200m/4h. Le matin visite du célèbre site de Myra d'où était originaire l’évêque St Nicolas, qui fut le 1er Père Noël comme chacun le sait. La nécropole lycienne cohabite avec un immense théâtre romain, les touristes russes foisonnent, tout est d'ailleurs marqué en cyrillique avant même de l'être en Anglais ( y compris les jus de fruits exotiques pressés tout frais qui font l'un des charmes de la région). L'après-midi, rando de Kapakli à Ucagiz avec la 2ème baignade du séjour dans une adorable petite crique et la visite de la forteresse et des tombes de Simena. Rencontre insolite avec un groupe de randonneurs ukrainiens "purs et durs", en autonomie complète avec des sacs plus gros qu'eux. Leur anglais primitif m'oblige à switcher rapidement vers le Russe, bonne surprise, malgré plusieurs mois de bachotage intégralement consacrés à ressusciter ma pratique du Turc, je suis encore capable de me faire comprendre ! Ucagiz, niché dans l'idyllique baie de Kekova, est un petit coin de paradis étonnamment préservé, l'absence de plage y est sans doute pour quelque chose. Nous remodelons le programme avec l'agence pour y rester 2 jours et remplacer la journée d'approche-bivouac sur l'Olympe par une journée de bateau-baignade dans la baie.

- 13/10 : Kiliçli - Aperlai - Uçagiz, 10km/+100m/6h. Mehmet nous abandonne au milieu de nulle part et on rejoint la baie d'Aperlai par un sentier maquisard à souhait parsemé de tombes lyciennes millénaires mais dont personne ne semble vraiment se préoccuper tant le patrimoine archéologique de la cote lycienne est dense. Pause dans le resto littoral d'Aperlai, d'une traquillité absolue en cette saison, et dont la serveuse est également Russe (!) puis retour à Ucagiz par un sentier côtier pas facile mais de toute beauté, avec pause baignade comme il se doit (eau toujours à 26°...).

- 14/10 : Journée de relâche, balade en bateau à travers la baie de Kekova, baignade dans la seule crique sablonneuse du coin, passage au dessus des ruines sous-marines (l'ancienne cité lycienne a été submergée à l'occasion d'un immense tremblement de terre qui a littéralement "séparé" l'Ile de Kekova de la terre ferme), rebaignade un peu plus loin en pleine mer, puis le bateau nous dépose à Myra où Mehmet nous attend avec une précision d'horloge suisse. Retour à la pension d'Ulupinar, au pied de l'Olympe (que nous attaquerons "à la journée" le lendemain à l'aube) avec un petit crochet à Kemer. Mon père avait connu il y a 25 ans ce qui était à l'époque un village de pécheurs juste affublé d'un petit ClubMed caché dans la pinède voisine, c'est évidemment un gros choc, la ville de 25.000 habitants a poussé comme une verrue colonisant le bord de mer à coup d’hôtels et clubs de vacances "all inclusive" dégueulant une musique dénaturée. Bref nous regagnons notre pension de montagne noyée sous les grenadiers (les arbres pas les soldats !) avec un certain soulagement.

- 15/10 : la fin et le couronnement du séjour, en tous cas pour les montagnards du groupe : l'ascension du Tahtali (ou Olympe turc...), le plus haut sommet de la région, qui dresse ses 2366m assez impressionnants vus du bas à une incroyable proximité de la côte (12km à vol d'oiseau, jamais vu ça ailleurs...). Le resto du hameau a bien ouvert ses portes pour nous dans la nuit noire à 6h du matin, ils ont même tenu à nous préparer des galettes de pain fraichement sorties du four...la gentillesse et l'hospitalité en Turquie font vraiment parties des platitudes toujours vérifiées sur place. S'ensuivent 45 minutes de massage de reins sur une route puis piste de montagne avant que Mehmet - qui a tout de même pris la sage précaution d'embarquer le patron du resto comme navigateur - ne nous dépose à l'alpage d'Üçoluk vers 1450m dans l'air frisquet du petit matin.

"6 à 7h de montée avec les enfants" nous pronostiquent-il avant de nous abandonner là, heureusement qu'on peut redescendre en téléphérique du sommet ! Le topo de l'agence - toujours d'une précision parfaite - s'avère cette-fois ci précieux car nous ne sommes plus sur la Voie Lycienne pour la 1ère moitié de l'ascension. Il est d'ailleurs assez alarmiste sur le départ - il s'agit de contourner un enclos de moutons défendu par d'énormes et féroces chiens-bergers d'Anatolie dont bien des récits de randonneurs font des récits à glacer le sang. En gros nos patous alpins ne seraient que de gentils caniches à coté. Evidemment ça ne rate pas, ils sont là, nous repèrent aussitôt, se rapprochent l'écume aux lèvres en aboyant, bien sûr pas un indigène à l'horizon...nous nous regroupons le plus serrés possible en marchant d'un pas lent et régulier pour contourner l'enclos le plus loin possible, les courageux qui forment la bordure serrent les fesses, mais le mauvais 1/4 d'heure finit pas s'achever sans dégâts lorsqu'on rejoint enfin la piste forestière du dessus. Il est dorénavant acquis qu'on ne redescendra pas par là !

Le crux de l'ascension est franchi, la montée est désormais magnifique au dessus de la mer puis à travers d'immenses forêts de cèdres comme nous n'en avions jamais vu auparavant, on finit par rejoindre la Voie Lycienne et son balisage exhaustif puis la selle pierreuse vers 1800m au delà de laquelle le paysage se transforme subitement : les 500 derniers mètres se déroulent à travers de grands mamelons de caillasse claire et nue à peine égayée par de rares buissons. Comme annoncé dans tous les bons guides le sommet est dans les cumulus dès 11h du matin (la mer chaude toute proche en est la cause, l'automne n'y change rien), pique-nique frisquet dans une doline austère, et en avant pour l'assaut final. Un autre balisage parasite fait son apparition, nous apprendrons plus tard qu'il s'agissait d'une course de moto-cross (!) du WE passé. Le tout en plein Parc National, évidemment. La notion d'écologie n'a pas tout à fait le même sens que chez nous apparemment...

L'arrivée dans l'énorme cube de béton de la station supérieure du téléphérique n'est évidemment pas des plus romantiques et le Tahtali se passerait assez bien de ce furoncle (datant d'ailleurs de 2007), mais reconnaissons honnêtement que sans lui nous n'aurions pas pu envisager l'ascension en famille et qu'on ne l'aperçoit vraiment que tout en haut - le reste de la montée reste aussi sauvage et solitaire qu'avant, ni les Turcs ni les touristes balnéaires n'ayant apparemment pris goût à la randonnée suite à son installation. En tous cas pour Arnaud (qui à 7 ans a avalé les 1150m de montée et 13km de plat comme si de rien n'était) la descente est vraiment le moment le plus excitant de la journée. Les 1600 m de descente d'une trait (record d'Europe parait-il...) sont avalés en moins de 10 minutes...

En conclusion une bien belle façon de découvrir une bien belle région, à fortiori en mode familial "3 générations". A ce sujet un coup de chapeau à mon courageux Papa sur lequel les années semblent ne pas avoir prise - et qui a une nouvelle fois marché toute la semaine sur des sentiers pas toujours faciles et par une météo pas toujours coopérative sans jamais se plaindre (bien au contraire, il en redemande !). L'inusable bonne humeur du groupe, composé de globe-trotteurs vétérans de bien des crapahuts exotiques, n'a jamais été prise en défaut et tout le monde est prêt à remettre ça ! Merci à tous - bir kez daha buraya döneceyiz, ümidediyoruz !

Participants : Agnès, Cécile (10 ans), Arnaud (7 ans), grand-père (70++ ans), Patricia, Roswitha, Muriel, Tony. On croise ponctuellement un autre petit groupe, mais l'itinéraire est dans l'ensemble très tranquille et parfois franchement solitaire.

Météo : Mauvais les 1ers jours, avec une étape sous une pluie diluvienne du matin au soir et la suivante achevée sous un orage de fin du monde, beau et tiède le reste du séjour (air à 24°, eau à 26°...).

Conditions : Balisage irréprochable sur toute la Voie Lycienne, on se croirait en Suisse. Seul les voisinages d'habitations exigent d'ouvrir un peu l'oeil. Par contre le sentier n'est pas toujours vraiment défini, nombreuses portions de maquis tort-pattes où il est difficile d'aller bien vite...

Hébergements et transports : Nombreuses pensions sympas dans les villages d'étape. Pour ceux voyageant en autonome, beaucoup de bus circulent sur la cote et permettent facilement d'ajuster les étapes.

Tourengänger: Bertrand, Tony.


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Kommentare (3)


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CarpeDiem hat gesagt:
Gesendet am 10. November 2011 um 21:26
Quel magnifique récit d'une très belle randonnée. Certaines images font surgir plein de souvenirs.Merhaba!
Il fût un temps où nous avons traîné des longs moments sur cette côte magnifique, mais seulement en bateau. Et nous avons eu la chance de connaître tous ces beaux coins sans hôtels, quasi sans touristes et bateaux.
Ah oui, les capitaines des quelques caïques rencontrés en route s'appelaient tous Mehmet ;-))

Bertrand hat gesagt: RE:
Gesendet am 11. November 2011 um 08:40
Il n'y a donc pas que les guides et chauffeurs à s'appeler comme ça...en tous cas vous avez eu bien de la chance. Si pas mal de coins sont restés tranquilles,beaucoup de verrues de style Kemer ou Tekirova ont hélas poussé depuis...sans parler d'Antalya qui dépasse le million d'habitants (!)

CarpeDiem hat gesagt: RE: Mehmet
Gesendet am 15. November 2011 um 09:13
Ce n'est pas une blague : sur un des bateaux rencontrés il y avait Mehmet 1 = capitaine, Mehmet 2 = cuisinier et Mehmet 3 = mécanicien;-))
Nous avons de la peine à imaginer 1 million d'habitants à Antalya...


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