Picos de Europa 3ème épisode : Peña Santa de Castilla (2596m), reine des montagnes ibériques


Publiziert von Bertrand , 20. Oktober 2011 um 11:47.

Region: Welt » Spanien » Asturias
Tour Datum:29 September 2011
Wandern Schwierigkeit: T5 - anspruchsvolles Alpinwandern
Hochtouren Schwierigkeit: ZS-
Klettern Schwierigkeit: III (UIAA-Skala)
Wegpunkte:
Geo-Tags: E 
Zeitbedarf: 2 Tage
Aufstieg: 1750 m
Abstieg: 1750 m

La Peña Santa de Castilla est pour bien des alpinistes ibériques la plus belle des montagnes du pays ("es LA montaña"...). Le Naranjo de Bulnes est certes plus élancé et plus technique, mais l'isolement de la Peña Santa au coeur du massif occidental, l'absence de refuge au voisinage immédiat, et sa légendaire face S de 600m obligeant à y consacrer 3 jours avec un bivouac au pied contribue à sa réputation de sommet sauvage. Même la simple VN en face N, malgré une altitude et des difficultés modestes, prend en général près de 10h refuge-refuge.

C'était le 3ème sommet de notre campagne asturienne après le Naranjo de Bulnes et le Torrecerredo. Un tel sommet méritait d'être gravi "by fair means", donc à vélo depuis le bas selon notre fidèle habitude, ce qui dans les Picos signifie vraiment TRES bas au vu de la topographie en coup de sabre de la plupart des vallées. Départ donc du Sanctuaire de Covadonga (parking à 180m...plus bas que n'importe quel point de la Suisse...), lieu mythique pour les Espagnols puisque c'est de là que partit la Reconquista : la Vierge serait apparue à Pelayo pour lui demander de coaliser les quelques chrétiens du voisinage et d'aller chasser les Maures, lesquels furent effectivement défaits lors de la bataille des Lacs de Covadonga, aussi emblématique là-bas que Charles Martel à Poitiers pour les Français. Il est évidemment difficile de séparer la légende de la réalité, mais le pélerinage à Covadonga attire toujours une foule immense. L'inconvénient de tout ça est que la vertigineuse route montant du Sanctuaire aux Lacs de Covadonga est aussi l'une des plus fréquentée des Picos, puisque cette petite excursion complète agréablement le devoir religieux.

Nous avons limité les dégâts en visant un milieu de semaine fin septembre et en montant à l'heure du déjeuner, mais le trafic était quand même assez pénible par moments, dommage que la route ne soit pas fermée toute l'année comme en juillet-août (où l'accès se fait obligatoirement par navette). D'autant que les 800m de montée, haut lieu de la Vuelta, sont aussi fort raides, à fortiori avec un porte-bagage lesté de matériel d'escalade...A postériori, la meilleure stratégie aurait consisté à faire la montée avant 9h30, les touristes indigènes n'aimant guère se lever tôt ! On le saura pour la prochaine fois.

Du Lago de Enol, il faut emprunter la bonne piste en terre à D qui passe devant le Refugio de Enol (dit aussi Cabaña de Pastores), traverse en ondulant une magnifique zone de pelouses piquetées de petites fermes, jusqu'au parking final de Pandecarmen (1080m, barrière). Nous y avons attaché les vélos pour gagner le refuge Vegaredonda en 1h30 tranquille par un bon sentier au milieu de petits "orreos" (version locale de l'orrhy ou du mazot) plus bucolique l'un que l'autre, avec les grandes aiguilles entourant la Peña Santa en toile de fond. Nous étions 3 ce soir là (!), une conversation animée s'est donc vite établie avec Pepe Rozada, un montagnard asturien connaissant les Picos mieux que le fond de sa poche mais ayant également trainé ses guêtres un peu partout dans les Alpes, en Patagonie ou en Himalaya. Habituellement c'est à moi que l'on pose la question "mais où n'as-tu pas encore été", mais ce soir là j'ai vraiment trouvé mon maître... A 65 ans, Pepe continue d'arpenter sans relâche (et sans corde...) tout les sommets de son massif, d'un pas alerte que nous aurons du mal à suivre le lendemain matin (il nous accompagnera gentiment jusqu'au voisinage du Jou Santo avant de prendre des chemins de traverse). Soirée magnifique avec vue sur le phare du Cabo de Peñas et les lumières des cargos croisant devant la côte.

Sinon ascension sans histoires, le cheminement jusqu'à l'attaque est parfaitement cairné et l'itinéraire est assez logique jusqu'à la 1ère brèche. Nous avons ensuite eu du mal à trouver le bon chemin dans la traversée des dalles au dessus de la face N avec quelques chaleurs au vus de la précarité de l'assurage...mais si l'on réussit à prendre au plus facile cela ne dépasse jamais le 3c. Il faut juste apprendre à bien faire confiance à l'adhérence exceptionnelle du calcaire des Picos...j'ai essayé de décrire précisément le meilleur cheminement sur le croquis. La descente était du coup bien plus relax puisqu'on savait où passer ! Le couloir est judicieusement équipé de 4-5 rappels au points délicats et ne nous a pas paru aussi parpinant que ce qu'on peut lire parfois, le rocher est très bon, il y a juste quelques pierres posées sur les replats dans les endroits faciles. Bon en août c'est peut-être autre chose...

Arrivée chez Xavier et Maria en fin d'après-midi, redescente tranquille aux vélos, et quelques coups de pédale nous débarquons un peu fourbus quand mêmes au Refugio Cabaña de Pastores, douche et quelques photos puis longue séance de bafrerie pour faire honneur à la nourrissante gastronomie locale. Retour à Covadonga le lendemain matin dans une tranquillité absolue après un petit crochet au 2ème lac (Encina)...puis cap sur le versant Sud du massif (Province de Leon) pour achever notre semaine de façon plus tranquille en vélo-rando vers le village perdu de Cain et la légendaire Garganta "divina" de Cares, l'une des plus profondes d'Europe parait-il. Un bon paquet de rampes à 20% et une crevaison quasi irréparable se chargeront de pimenter quand même la fin du séjour...

A part ça question hébergement le Refugio de Vegaredonda est un petit paradis avec ses belles pelouses dominées par de jolies falaises, ses animaux en semi-liberté, l'accueil et la cuisine de Xavier et Maria. Le tout - comme partout dans les Picos - pour 22.5 EUR pp en 1/2 pension. Au voisinage du Lago de Enol, le Refugio Cabana de Pastores propose également des dortoirs à 30 EUR la 1/2 pension, l'accueil y est aussi très gentil et la cuisine roborative à souhait, comme un peu partout dans les Asturies.

Météo et conditions : Parfaites : 100% sec malgré l'exposition N et encaissée du couloir. Approche parfaitement cairnée du refuge jusqu'au pied du couloir. Grand beau très doux comme durant toute notre semaine dans les Picos, un gros coup de bol dans une région réputée à juste titre pour son climat "celtique"...

Participants : Agnès et moi. Croisé 5 autres personnes au total sur l'itinéraire

Horaire : Refuge 7h20, Jou Santo 10h30, attaque 11h20, sommet 13h/13h30, refuge 17h30, vélos 19h, Refugio Enol 19h30.

Itinéraire détaillé : du Refuge de Vegaredonda, emprunter le sentier assez bien marqué et de parcours confortable menant au Col de Jou Santo (2100m) via le Col de Fraua, la Boca de Asturias et la Boca del Jou Santo (2h15/2h30). Laisser alors le sentier redescendre à G vers Cain pour contourner par la D une sorte de dome rocheux (court passage exposé), remonter ensuite des dalles couchées en tirant toujours à D, on traverse une zone un peu chaotique de gros trous pour attraper une sente dans la caillasse menant à un petit replat environ 50m sous le départ du Couloir de la Canal Estrecha. Tout ce parcours est bien cairné et facile à suivre (3h du refuge). La suite est vaguement balisé par des vieilles marques de peinture en voie d'effacement : remonter des dalles et des cannelures couchées (passages de II) jusqu'à l'entrée du couloir, le remonter en son centre puis contourner à G une étroiture surplombante par un système de petites vires en Z puis un court passage vertical (3c, piton et cordelette), on revient dans le couloir au dessus de la zone déversante (1er ancrage de rappel, corde de 30m tout juste suffisante, 40m idéal). On remonte alors tout le couloir jusqu'à une brèche sur l'arête sommitale on ou voit enfin le soleil : alternance de terrain facile et de ressauts un peu patinés en 3c pour franchir des étroitures et des blocs coincés, plusieurs ancrages de rappel pour la descente. Le cheminement est moins évident par la suite : de la brèche, traverser versant S vers une autre brèche, remonter l'arête (3c, ancrage en haut, rappel de 20m) puis - devant un grand ressaut barrant le passage, s'engager dans les dalles de la face N. Le bon passage n'est alors pas commode à trouver, il faut d'abord monter vers une autre brèche, faire 20m d'arête, redescendre puis traverser et enfin remonter en diagonale vers l'entrée d'un petit couloir terminal débouchant au sommet : jamais plus de 3c si on ne se trompe pas, mais les dalles sont assez exposées au dessus de la face N et l'assurage est difficile. Descente idem. Matériel : Corde de 30m grand minimum, 40m préférable (permet de faire tous les rappels sans souci). Ques sangles et dégaines, coinceurs inutiles (pitons dans le couloir et les dalles sommitales sont compactes).

Tourengänger: Bertrand


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T2
18 Sep 13
Lagos de Covadonga · schimi

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