"Chuva de Pedras" le charme exotique et rugueux de l'escalade à Rio

Pélerinage annuel de grimpe carioca, j'ai eu la chance de vivre là-bas il y a longtemps et de pouvoir y retourner régulièrement pour mon travail. L'escalade à Rio n'a finalement pas trop changé, les centaines de voies parsemant la ville et le PN urbain de Tijuca sont toujours aussi spectaculaires, au dessus de la forêt, des immeubles ou de la plage (parfois les 3 !), toujours aussi techniques, toujours aussi exigeantes moralement pour le 1er de cordée...même en second je ne faisais pas trop le malin avec ces relais sur un seul clou et ces passages clés où j'ai une nouvelle fois dû un peu tricher pour ne pas retourner au sol, la vieille corde d'André ayant acquis une élasticité proche de celle d'un tendeur de vélo...

André était juste de retour d'une grande campagne de premières sur les immenses monolithes perdus de l'Etat de Bahia (bien moins connus, mais n'ayant rien à envier aux spots à la mode du style Madagascar...), malgré ses 60 heures hebdomadaires comme responsable de la biodiversité au gouvernement de l'Etat de Rio (vaste programme !), il est toujours aussi fort dans ce style de dalle déroutantes pour les non-initiés. Nous avons tenté d'enchainer sur une autre voie ("Cristal acima") qu'André - pourtant auteur du topo ! - n'a pas réussi à trouver au delà du 3ème point.

Pas la peine d'être jaloux, hein, alors que soleil et chaleur régnaient sans partage sur les Alpes à ce moment-là, j'ai choisi comme souvent le WE le plus pourri de l'hiver carioca, de samedi midi à dimanche soir il a plu sans interruption et la température n'a pas dépassé 17°. Le chauffage étant évidemment inexistant à Rio (ils se sont contentés d'arrêter la clim...), j'ai passé mon temps à grelotter dedans comme dehors n'ayant évidemment rien amené d'autre que short et T-shirt - pendant qu'Agnès et les enfants se doraient la pilule en se rafraichissant dans l'Aar...Perdu pour perdu, ne me restait plus qu'un long footing de 28km en montagne dimanche matin, sous la pluie battante et le brouillard, pour me réchauffer et me consoler. Oui je sais, mais je me soigne.

Météo : Ciel menaçant mais restant sec jusqu'à midi, 20°

Participants : André Ilha, la légende vivante de la grimpe au Brésil, et moi.

Itinéraire : Se rendre à Rio...puis en bus ou taxi à l'entrée du Parco das Catacumbas, au bord de la Lagoa (proche de Copacabana / Ipanema). Les grilles du parc ouvrent à 8h. Suivre le balisage "vias de rocha" en remontant la piste pavée, la quitter à G juste avant le départ de l'accrobranche pour remonter un morceau de forêt tropicale en empruntant le lit d'un torrent à sec. On vient buter sur la paroi, parcourue de plusieurs itinéraires, le départ est caractérisé par une espèce de relief minéral en forme de X avec une tuile collée (bien utile pour les 1ers mètres lisses).

On peut parcourir la voie en 3 (corde 60m) ou 4 longueurs (corde de 45m), seul 1 relais est équipé avec 2 points à demeure, on fait un peu relais où on veut, c'est le Brésil. Ensemble de IV/V avec 2 séquences redressées en 6a+ (en partie trichable...) bien tassé au milieu (juste au dessus d'une vague terrasse avec un relais sur 2 clous) , puis 5c/6a en haut. Descente en rappel en général sur 1 point.

Topo : "Rio : Guia das escaladas da Zona Sul" d'André Ilha (le pape de la grimpe brésilienne) et Kika Bradford. Edition bilingue, 2011, incontournable !