Rocher du Midi, chaleur du Midi...

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Depuis Neuchâtel, L'Etivaz fait partie de ces endroits où, en raison des bus peu fréquents et de l'itinéraire tortueux, il est impossible d'arriver de bonne heure sans se lever au milieu de la nuit. Par conséquent, la matinée est déjà bien avancée lorsque le car postal nous dépose au Bouraz, un kilomètre en aval du village.  Nous allons avoir chaud, cela est évident dès que nous quittons le bus. 750 mètres de montée pour atteindre le col de Base, puis encore 250 mètres pour le sommet. 

Nous montons tout d'abord le long d'une petite route goudronnée qui nous mène au chalet du Daillex. Au-dessus, le col de Base est bien visible entre le Rocher du Midi à gauche et la Coumatta à droite. Le col a l'air très minéral, des pierriers en descendent jusqu'à la lisière de la forêt. Au Daillex, dans un pâturage encore rempli d'herbes longues et grasses, des vaches visiblement excitées d'être dehors courent dans tous les sens. Le sentier entre en forêt et monte jusqu'au Chalet Neuf dans une belle clairière fleurie avec une vue panoramique vers l'ouest. 

Au-dessus du Chalet Neuf, le sentier devient raide, très raide. Il n'y a aucun répit ; parfois il tente quelques timides zigzags mais la plupart du temps, ce sentier attaque la pente tout droit. La forêt sent bon les aiguilles de pin et, malgré la chaleur et la fatigue de la montée, nous atteignons le col de Base. Nous sommes surpris de voir que le sentier reste herbeux jusqu'au col, lui-même herbeux... depuis en bas on s'attendait à galérer dans les pierriers !

Au col, la vue s'ouvre subitement sur la Gummfluh et, à nos pieds, la cuvette profonde de la réserve naturelle de la Pierreuse. Après une courte pause pour reprendre des forces, nous entamons la dernière partie de la montée. Le sentier monte en oblique à travers des pierriers jusqu'à un promontoire coiffé de quelques arbres. A partir d'ici, sur une centaine de mètres, le sentier est assez exposé : en raison de la nature du terrain (gravillonneux et glissant) et de l'absence de sécurisation, cette courte section vaut probablement la cotation T3+, il faut vraiment faire attention et bien assurer chaque pas. Tout seul j'aurais fait demi-tour ici.

Au-dessus de ce passage délicat, la fin de la montée est raide mais facile. Le sommet lui-même est une vaste pente gazonnée avec, pour marquer le point culminant, ni croix ni cairn mais un simple piquet en fer un peu ridicule. La vue est panoramique et s'étend des Rochers de Naye à la chaîne des Vanils, des Diablerets aux Dents du Midi et au Mont Blanc.

Nous redescendons au col de Base - la partie délicate se passe plus facilement dans ce sens - puis commençons la longue descente vers Château d'Oex. Le vallon que nous descendons faces aux grandes parois et aux pierriers descendant de la Gummfluh est de toute beauté. A partir de la Montagnette, un petit torrent nous accompagne... c'est rassurant de voir et d'entendre de l'eau qui coule en bonne quantité en cette période de grande sécheresse. A partir des Laissalets, nous bénéficions du couvert bienvenu de la forêt, le sentier devient une piste, puis une petite route. Il ne nous reste qu'à suivre celle-ci jusqu'à Gérignoz, puis au hameau des Granges où, fidèle à notre timing impeccable, nous arrivons deux minutes avant le passage du train...  tant mieux, car je n'avais pas vraiment envie de marcher 30 minutes de plus, sur la route et sous le soleil, jusqu'à Château d'Oex !