Le Serac (Sanetsch) : pour sortir avec des Valaisans, mieux vaut savoir lever le coude !

Nous avions confié à notre copine valaisanne Floriane la tâche de nous faire rencontrer le maximum de légendes helvétiques du site camptocamp.org (le cousin romand de hikr.org) en ce rare (pour nous) dimanche de liberté. En plus d'une joyeuse bande de Sierrois et de quelques fusées lausannoises en pleine préparation pour la Patrouille des Glaciers, nous avons eu l'honneur de la participation du mythique Eric Tremblais, le messie de la poudreuse sauvage, la légende du Chablais, l'homme aux 120 sorties annuelles...

Depuis le temps qu'on se court après en se ratant à chaque fois, Eric et moi avons accumulé tant de choses à nous dire qu'on part les 2 derniers sans se soucier des autres. Le flux de paroles masque certes les couinements de mes Silvretta mais aussi les voix de nos amis au loin...et bien sûr ça ne rate pas à la 1ère bifurcation à D nous continuons tout droit. Le temps de papoter encore 20 minutes et nous commençons à nous étonner de la solitude de l'endroit...il suffit de sortir la carte pour réaliser rapidement notre erreur. Mais ce n'est pas si simple car l'itinéraire du jour n'a jamais été clairement défini...Geltenhorn...ou Serac...et par où d'abord ? Pas de réseau de Natel dans ce coin encaissé, évidemment, ce serait trop facile. On parie sur Nétage, redescente au Pont 1437m d'où on peut facilement couper à gauche par une piste qui nous ramènera par là bas...bizarre c'est pas tracé...Eric ouvre la tranchée à un bon rythme...jusqu'au moment ou la piste s'arrête devant quelques chalets.

Recarte...malédiction, on a encore trouvé le moyen de se gourer, c'était pas le bon pont...c'est un complot ! On continue à improviser à traverse une clairière pour mettre enfin la main sur ce maudit pont 1437m. Autant dire qu'on est quasiment revenus au parking 1h après. Les retrouvailles des légendes helvétiques est mal engagé. Par contre du coup le portable passe : un court dialogue clarifie la situation, on suit la route et on se retrouvera infailliblement dans le vallon de Nétage. Redémarrage à Mach2...sauf que le vallon en question (comme bien des vallons me direz-vous) possède une rive G et une rive D. En bon Suisse discipliné, je propose la rive G, tout à l'ombre mais ou figure l'itinéraire de ski officiel. Bizarre, toujours aucune trace de montée...mon camarade retrace avec bonheur...mais bien sûr ça n'a pas raté : les autres ont logiquement choisi la rive opposée, pas plus compliquée mais entièrement au soleil. La jonction finale peloton-échappés est finalement réalisée sur les coups de 11h...presque 1000m sous le sommet.

Ce coup-ci les chevaux sont lâchés, la dynamique de groupe est installée et les mètres défilent. Le temps de discuter, avec louloup cette fois-ci, de chacune des 161 cabanes du CAS et de chacun des xyz 4000 Suisses (bon j'exagère à peine...le nombre exact est de toutes façons sujet à caution selon l'exigence morale de chacun) et le sommet est presque en vue. Eric s'est momentanément éclipsé pour faire des images originales, le soleil cogne dur, nos Patrouilleuses courent devant en pensant à la course qui approche. Le sommet est rafraichi par un vent pinçant bien à l'image de l'hiver qui s'achève, la pause de midi est donc remise à l'heure espagnole au 1er lieu accueillant. Une courte remontée et quelques jolies courbes plus bas, le chalet 1966m nous tend les bras. On réalisera par la suite qu'on avait bien bien fait de descendre aussi bas, juste au dessus de la piste d'alpage damée par les motoneiges.

De sortie avec des Valaisans, nous ne sommes guère surpris lorsque Floriane sort la 1ère bouteille de blanc (Amigne) le casse-croûte à peine avalé. Déjà un peu plus lorsqu'Olivier sort la seconde. Du rouge cette fois-ci (Terra Zina, assemblage). Toujours autochtone, évidemment. Et franchement stupéfait lorsque JLP sort la 3ème (Brin de Folie, assemblage). Chacune accompagnée d'une érudite présentation œnologique, cela va sans dire. 3 bouteilles à 8..."mais le WE passé on en a bu 6 à 12 participants" nous rassure Jean-Louis pour nous ôter toute mauvaise conscience. Le reste de la descente est heureusement simple en gros (et en exagérant à peine) les Valaisans endurcis et les bons skieurs du groupe taillent infailliblement leurs belles courbes entre les lacets, les autres dont moi suivent sagement la piste damée en essayant de ne pas verser dans le fossé - je ne baverai plus jamais sur les motoneiges !

On se sépare, un peu tristement, au Bistrot du Pas de Cheville (et re hips)...bye bye Eric le choucas, mais ce n'est qu'un au revoir, cette fois-ci c'est sûr. On n'a même pas eu le temps de bavarder de poésie persane. La journée n'est pourtant pas terminée : JL Pitteloud et Olivier nous ramènent Agnès et moi à la gare de Sierre...un peu en avance...re bistrot (Buffet de la Gare ce coup-ci), re-re-hips...toujours pas moyen de payer évidemment...rien à dire, les sorties en Valais avec des Valaisans, ça marque.

Avec ça on a juste atteint les 1500m...! De notre coté, plus de ski avant fin avril pour cause de contraintes familiales, je vais devoir moi aussi me contenter de Berra(s) au crépuscule en rêvant à des jours meilleurs...et en lisant avec encore plus d'intérêt toutes les belles sorties de nos amis du jour sur notre site favori. A plus long terme, l'objectif est bien d'avoir dans 20 ans la même forme que louloup aujourd'hui !

Météo : grand beau froid

Nivologie : on a vraiment croisé un peu tous les types de neige sur cette boucle. Nous sommes montés par la Vallon de Netage dans une neige dure/croutée en versant W (rive G), mouillée en versant E et encore un peu poudreuse en fond de vallon dans les coins abrités. Les 150m supérieurs ont été bien soufflés et présentent de grandes surfaces de sastrugis pas toujours très agréables. Nous sommes redescendus par le col 2560m (courte remontée en escalier) puis plein S via La Dui et l'Infloria : neige en cours de printanisation, bien ramollie en surface mais sans trop de fond, ski convenable dans l'ensemble. Risque 2 annoncé, pas de signe suspect constaté.

Participants : Floriane, Evelyne, Jacqueline, JL Pitteloud, Olivier, Eric, Agnès et moi. Seuls sur le sommet, mais pas mal de monde sur l'Arpelistock versant Arpilles

Itinéraire : Plan Cernet (terminus de déneigement hivernal de la route du Sanetsch vers 1380m) - Dilogne - Vallon de Netage - Le Serac - Col 2560m - Vallon de l'Infloria - Plan Cernet