D'Escholzmatt à Trubschachen par Bock et Turner

Le train qui m'emmène de Neuchâtel à Berne n'arrive pas à sortir sa tête des stratus, et au départ de Berne ce n'est guère mieux. Je me demande si je vais passer la journée dans le brouillard mais, juste après Langnau, le soleil perce enfin et c'est sous un ciel bleu que je commence la randonnée à la gare d'Escholzmatt (852 m).

Il fait froid dans la vallée. La neige n'a pas fondu et je chausse les raquettes presque tout de suite, dès la sortie de la ville à Lochguet. Après une première montée en forêt jusqu'au point 1028, je continue le long de la crête au lieu de suivre le balisage d'été qui passe par une route d'alpage. C'est la seule partie un peu raide de cette balade facile et panoramique. Au fur et à mesure que j'avance vers Roteflue la vue s'élargit ; au-delà de l'Emmental, une série de crêtes boisées et enneigées conduit le regard vers le Hohgant qui ferme l'horizon.

Après Roteflue, il suffit de suivre la large crête à travers creux et bosses jusqu'au petit sommet du Bock (1252 m), coiffé d'une croix de Lorraine. Sur cette crête exposée au vent et au soleil, il n'y a que cinq ou six centimètres de neige poudreuse. Une courte descente et une traversée à plat mènent au Turner (1215 m), sans croix mais avec deux ou trois arbres au point culminant. Il fait froid ici ; il y a du vent et le brouillard remontant du vallon au nord flirte avec la crête.

Un peu plus loin, après Ober Altgfääl, un banc isolé offre un joli endroit pour déguster ma soupe aux multiples légumes et mon sandwich à la salade et au radis noir. Mais le temps se gâte : Météoosuisse l'avait prévu. Des nuages élevés arrivent de l'ouest, le soleil se voile et la belle lumière du matin devient de plus en plus pâle et monochrome. 

La seconde partie de la randonnée est moins intéressante malgré le beau panorama au loin. L'itinéraire le long de la crête de Risisegg suit une route d'alpage, qu'il est impossible d'éviter par moments. Comme les fermes sont encore habitées à cette saison, la route est déneigée et on marche parfois sur de la glace ou de l'asphalte.  On peut parfois couper à travers champs, mais les fils de fer barbelé ont été laissés pour l'hiver et je perds pas mal de temps à passer par-dessus ou par-dessous des clôtures.

Heureusement, la descente sur Trubschachen est plus sympathique ; tout d'abord en forêt, puis tout droit dans la pente à travers champs, en coupant les lacets de la route.  Une dernière descente en forêt me mène à quelques dizaines de mètres de la gare.