Traversée des Oeillasses : les Twin Towers de Haute-Tarentaise

Quand on parle de tours en Tarentaise on imagine plutôt les horreurs immobilières de Tignes ou des Ménuires...mais il en existe d'autre au pied des glaciers du Ruitor, dans le décor enchanteur du Lac du Petit ! Pour ne rien gâcher, elles sont de sucroit faites d'un granit parfait qui n'a rien à envier à ses cousins chamoniards : je veux parler des Oeillasses (2736m) dont la réputation n'a curieusement pas encore franchi les limites de la Savoie. Tant mieux, on peut encore profiter en toute quiétude du rocher solide, priseux et ensoleillé de leur éperon SE (voie Emprin, topo détaillé ici).

Journée relax aujourd'hui, grimpe plaisir (enfin en second, hein) dans un cadre apaisant au départ d'un refuge vraiment à recommander. L'itinéraire est évident, les difficultés peu soutenues, les longueurs souvent courtes, le soleil présent dès le matin, le rocher magnifique...du coup on a presque trouvé que ça manquait un peu d'ampleur (7 longueurs), on aurait bien continué ! Agnès a juste un peu râlé dans le surplomb mais le pas dur ne fait que quelques mètres et les 2 hommes galants et musclés ont joint leurs efforts pour un petit coup d'ascenseur...Le topo de la Vanoise parle d'un des "plus beaux cadres de Savoie" pour cette voie Emprin, on connait trop peu pour affirmer ça mais ce caillou tiède et prisu face au glacier du Ruitor avec le lac scintillant juste aux pieds laissait vraiment un sentiment de vacances...clairement plus que la Face N de l'Aiguille de la Vanoise le 1er jour !.

Nous avons poursuivi la remontée de la Tarentaise l'après-midi pour crécher à Val d'isère (autre ambiance...) et finir notre séjour en grimpant dans la grande paroi de Bazel le dimanche.

Conditions : tout sec. Equipement espacé mais les pas durs sont bien protégés et le V+ peut s'artifer si nécessaire...sachant que la longueur suivante présente un pas assez fin le long de 2 fissures parallèles. La longueur au dessus de la brèche est magnifique mais plutôt 5a selon nous, qui plus est en partie à protéger. Descente en rappel facile (on a préféré en faire 2, le relai intermédiaire est bien à G en regardant la paroi !), on repasse ensuite 30m sous l'attaque avant de retrouver le sentier du lac. Au voisinage, les glaciers du Ruitor font grise mine (aucune cordée de visu). Fréquentation : seuls dans la voie ce jour-là, comme tous les jours ou presque, étonnant pour une belle semaine du 15 août alors qu'on est restés sur de jolies classiques dans un registre accessible...

Accès : au départ de Ste Foy tarentaise, non loin de Bourg St Maurice, la petite route de la Savonne est certes moins terrifiante que la piste du Chalet du Mont Rosset la veille mais les croisements y sont quand même un peu stressants, d'autant que le coin est assez fréquenté (parking de Pierre Giret quasi plein en arrivant).

Hébergement : dormi au refuge du Ruitor, dortoir commun un peu spartiate (point noir : la lumière blanche de la veilleuse incendie, prévoir un masque !) mais accueil génial des jeunes gardiens qui vivent dorénavant ici de mars à octobre avec leur petite fille. Ils sont aussi à l'aise pour échanger sur leur style de vie que pour donner des conseils sur les montagnes avoisinantes...On a pris un peu peur en voyant arriver un groupe de 15 randonneurs d'Allibert (et leurs sacs monstrueux transportés en jeep...) mais au final ils étaient suffisamment crevés et tout le monde a dormi paisiblement.

Horaire : samedi après-midi montée au refuge du Ruitor en 1h. Dimanche départ 7:50, attaque 9:30, sommet 11:40/12:10, retour refuge 14:15/14:50, parking 15:30

Participants : Agnès & moi, Matthias D (guide)