Journée en principe plus tranquille après la bambée de la veille sur l'Augstbordgrat je décide donc d'amener Arnaud-lapinou en montagne pour son dernier jour de vacances avant la rentrée scolaire. Il n'est pas plus motivé que ça mais je lui promets un chemin spectaculaire (échelles, chaines & tutti quanti) avec beaucoup moins de descente (qu'on aime ni l'un ni l'autre) que de montée grâce au téléphérique d'Engstligenalp. Inutile de dire qu'on a été servis...la montée par le Leitereweg passe plutôt bien, les passages vraiment délicats sont équipés, et les longues traversées dans les raides pentes schisteuses (qui composent en gros 100% de l'itinéraire, mieux vaut aimer ça) sont facilités par une sente bien marquée.
La descente s'est avérée un peu plus pimentée, il faut vraiment rester concentré tout du long, une glissade aurait des conséquences plutôt fâcheuses...La gardienne nous avait mis en garde contre un passage délicat, on a au départ pensé qu'il s'agissait de la petite gorge issue du Pt 2806m (sentier éboulé, 5m assez désagréables dans de la terre très raide au dessus du lit du ruisseau), mais le meilleur est comme toujours pour la fin : les 30 derniers mètres avant de retrouver le paturage, juste de la place pour poser les pieds (sur des marches bien franches cela dit) avec chute à proscrire et assurage illusoire : j'ai trimballé la corde en vain, elle ne sert à rien, pour les passages chainés un petit baudrier + sangle suffit amplement si on le souhaite. Bref à refaire avec nos 2 nanas, facilement émotives dans ce style de terrain il vaudrait sans doute mieux redescendre sur Oey par le chemin supérieur de Schrickmatte.pour faire quand même une boucle. Cela dit les conditions changent vite, le chemin étant de temps à autre retaillé par les bénévoles. Bon et puis c'est peut-être moi qui devient impressionnable avec l'âge...Arnaud, qui a vraiment le pied sûr à tout juste 14 ans, m'a assuré n'avoir jamais été inquiet !
: grand beau chaud mais agréable > 1800m
du jour : nickel à la montée, plus de névés, chaines et échelles en bon état. A la descente (après le passage de l'épaule 2372m), un bouchon de neige subsiste dans un couloir mais le passage reste simple. Par contre le sentier est éboulé à 2 endroits : le 1er dans le lit d'un ruisseau, très creusé par les avalanches de cet hiver : traversée courte mais très désagréable sur de la terre bien raide qui s'effrite, 4m au dessus du lit du torrent, je suis descendu parer Arnaud. Le dernier passage délicat est tout à la fin, dans les 50 derniers mètres avant de toucher la barrière salvatrice qui donne accès aux paturages : la sente est à moitié partie, les traces de pas restent franches mais c'est quand même étroit et assez expo (grandes pentes de terre/schistes à 50° juste en dessous). Vu le délitement général du terrain sur tout l'itinéraire, l'assurage est illusoire.
Accès : TC de rigueur sur cette traversée : train de 7h06 à Berne --> Spiez .--> Frutigen, puis car postal pour Adelboden, descente à l'arrêt Margelibrücke (8h24). Au retour benne de 16h10 à Engstligenalp --> car postal de 16h40 depuis le pied du télé --> changement à Oey --> gare de Frutigen, train de 17h36 --> Berne 18h20. Retour blindé de monde, prévoir un peu d'avance...
Refuge : pause de midi au petit refuge des Lohner, un nid d'aigle spectaculaire sous les grandes parois désagrégées du sommet homonyme. Qui curieusement se fait de temps à autre par l'arête W selon le livre de cabane...Toujours ouverte, la Lohnerhütte est gardiennée seulement les WE d'été par des bénévoles (1/2 pension uniquement sur demande). On peut y lire l'incroyable histoire du 1er habitant des lieux, un certain Peter Zürcher, paysan misérable d'Adelboden au XIXème siècle qui était venu y passer les étés en famille (!!!) pour nourrir ses bêtes avec l'herbe verte de ces prairies suspendues. Les gamins descendaient à l'école (en sabots...pas assez d'argent pour des chaussures...) les jours de mauvais temps (!) quand on ne pouvait pas faucher, les adultes - chargés de gros sacs d'herbe - faisaient la navette vers le chalet d'hiver en vallée ...quand on voit le chemin en question, on se dit qu'ils n'étaient vraiment pas faits comme nous ! La cabane originelle de Zürcher est encore visible en montant, juste avant le passage chainé du Zürcher Tritt (le refuge actuel a été construit plus haut par le CAS en 1929).
Ah... (oui, c'est encore moi)... la Lohnerhütte... une des premières cabanes que j'avais faites ado, dans les années 80, avec mon père... de sacrés souvenirs ! Y'avait pas de balisage bleu-blanc à l'époque.
On y a passé la nuit. Et le lendemain, on attaquait la suite du parcours en 7 jours : Blümisalphütte - Gspaltenhornhütte - Mürren - Schmadrihütte - Rottalhütte - Kleine Scheiddeg.
Aujourd'hui, mon père croupirait en cellule pour maltraitance juvénile... c'était pourtant le bon temps, les pentes paraissaient moins raides.
>Aujourd'hui, mon père croupirait en cellule pour maltraitance juvénile...
C'est ce qu'on nous dit de temps en temps...j'avoue que j'ai trouvé ça limite en termes de sécurité par endroits, mais c'est surement très variable selon l'état de délitement / recreusement du chemin
Oh, je ne pensais pas à l'aspect "sécurité" mais plutôt à l'inconfort physique et mental que l'on procure à ces pauvres petites têtes blondes :
"Quoi ? Comment ? Une semaine entière en montagne ? Mais comment pourrez-vous lui fournir les cinq fruits et légumes par jour indispensables à son équilibre alimentaire ? Et comment fera-t-il pour communiquer avec les dix-huit mille amis qu'il a sur Facebook ? Il va se désocialiser ! Bourreau d'enfants !"
Kommentare (3)