Pointe d'Amont (3338m) : le grand Oisans sauvage possède aussi du bon rocher !

Le massif de l'Oisans/Ecrins au coeur des Alpes du Dauphiné, fait partie des recoins les plus sauvages de l'Arc Alpin, un alignement de cimes rocheuses décharnées entourées de petits glaciers tourmentés entre 3500 et 4000m. Si la Meije et la Barre des Ecrins sont régulièrement prises d'assaut, le reste de la chaine offre une belle tranquillité même au coeur de l'été, on est loin de la foule de Chamonix ou de l'Oberland bernois. Une des raisons en est simple : l'absence quasi totale de remontée mécanique. Ici on marche. Longtemps. Souvent dans les pierriers. Et pour trouver à l'arrivée du terrain fréquemment moisi dès que la paroi se redresse, il faut bien l'avouer.

Quelques ilots de rocher compact surnagent pourtant ça et là et permettent de grandes chevauchées grimpantes sur un caillou qui semble avoir été conçu pour l'escalade, un gneiss solide, rugueux, et souvent plus riche en prises que le granit de Chamonix, d'Uri ou du Bergell. Le Massif du Soreiller, autour de son emblématique Aiguille Dibona en est le meilleur exemple. La traversée de la Pointe d'Amont du Refuge de la Selle au Refuge du Soreiller est sans doute l'un des plus beaux itinéraires dans le IV/V, en tous cas pour les alpinistes familiers du terrain d'aventure peu équipé. Rien que l'interminable montée de St Christophe en Oisans au Refuge de la Selle (2673m) ravira les amateurs de wilderness alpin, elle rappelle un peu l'accès à la cabane de Baltschieder (en moins long quand même !)

Il s'agissait pour nous de la 2ème grande voie de notre trop bref séjour dans l'Oisans après une reprise de contact avec le caillou local dans Camox une belle voie de 13 longueurs (V+ max) en vallée l'avant veille. Le rocher est ici bien différent, bien plus priseux, toujours magnifique, un peu comme à la Dibona que nous gravirons le dernier jour. Nous avons quand même mis les chaussons dans le 2ème ressaut qui, sans être jamais difficile, grimpe bien tout du long.- et ou nous n'étions pas fâchés d'être en second  derrière la corde bien tendue de notre guide Raoul vu la parcimonie de l'équipement !

Bref on a adoré, autant pour l'escalade elle-même que pour l'intérêt de la traversée avec la longue et belle montée du Vallon de la Selle la veille et le retour par le Vallon du Soreiller le lendemain après une incursion sur la Dibona. Le rocher est de toute beauté jusqu'au bout, la traversée finale jusqu'à l'Aiguille Centrale du Soreiller est facile mais bien aérienne, très chouette.

Itinéraire détaillé ici

Conditions du jour : pour l'accès à l'attaque, le plus commode actuellement selon nous est de viser une sorte de brèche sur l'éperon rocheux couché qui sort du glacier, de remonter ledit éperon (gradins débonnaires, II) pour traverser la suite du glacier un peu plus haut : cela évite une zone tort-pattes de caillasses posées sur de la glace chaotique. On prend pied très facilement sur le rocher par une sorte de plateforme neigeuse. A la descente, nous avons tiré 2 rappels de 25m (donc avec un brin de 50m), le 2ème est un peu juste mais le terrain est peu exposé, Raoul a juste rajouté une longue sangle en main courante okazou. Encore pas mal de névés pour glisser (yc dans la partie commune avec la descente de la Dibona), pas raides mais la neige ne ramollit qu'en surface --> pour les peureux comme Agnès et moi un petit piolet alu est plus confortable (mais Raoul a tout fait sans en mode ski-vibram...).

Météo : Vendredi 5 : pluie le matin (neige à 3000m), montée au refuge l'après-midi depuis St Christophe sous un ciel menaçant avec un vent aigre et les dernières petites giboulées. Samedi 6 : grand beau lumineux du matin au soir, frais puis doux, vent faible. Le soleil arrive à 8h dans le bas du pilier.

Refuge de la Selle : formidable !!! On avait croisé la gardien Benjamin au Refuge du col de la Vanoise à la Pentecote en allant skier la Grande Casse, c'est un peu lui qui nous avait donné l'idée de venir par ici - pour moi l'un des derniers refuges de l'Oisans ou je n'avais jamais trainé mes godillots. Rien à redire, l'endroit est à la hauteur de sa réputation : accueil adorable comme on n'en rencontre presque jamais chez nous, gastronomie au top, charme d'un refuge à l'ancienne...on n'a qu'une seule envie : y revenir ! Pourtant le refuge n'était qu'à moitié plein ce soir là et le lendemain malgré une météo à nouveau idéale.

Horaire : Départ 5h15, attaque 7h, sommet Centrale 11h30 - 11h45, refuge du Soreiller 13h30.

Particpants : Agnès et moi, Raoul C (guide)